Micheline Jacques a été élue sénatrice de Saint-Barthélemy dimanche matin au premier tour. D’une courte avance, puisqu’elle a obtenu douze voix pour vingt-et-un grands électeurs convoqués. Elle a pris l’avion dès le lendemain pour le Palais du Luxembourg, à Paris.
Commentaire de Bruno Magras : « Après avoir fait un roi, je fais une reine ! »...
Seule candidate, Micheline Jacques n’a pas fait l’unanimité pour autant. Il lui fallait onze voix pour être élue au premier tour, dimanche, et elle en a obtenu douze. Les cinq élus de l’opposition ont bien sûr préféré voter blanc (ou carrément s’abstenir, lire ci-dessous). Dans les rangs de Saint-Barth d’Abord, le groupe de Bruno Magras, on devine aisément qui n’a pas suivi la consigne : Ernest Magras, très critique envers le Président depuis l’affaire de l’accès à la plage de l’Anse des Cayes. Le divorce avait été consommé entre le Président et Corinne Gréaux-Fébrissy, l’élue en charge des sports, concernant ce même débat autour de l’expropriation. Marie-Angèle Aubin, conseillère exécutive, a plusieurs fois pris des positions discordantes de ses collègues, notamment sur l’urbanisme et le logement. Et enfin, déduction faite à l’issue de la matinée de scrutin, Nicole Gréaux, première vice-présidente, aurait préféré voter blanc : elle n’était pas favorable à la candidature de Micheline Jacques pour le Sénat.
Quoi qu’il en soit, c’est fait. Micheline Jacques est sénatrice, Francius Matignon son suppléant. Dimanche matin, après la clôture du vote en fin de matinée, elle a remercié ses homologues élus, avec un mot particulier pour Michel Magras. « J’essaierai de faire de mon mieux pour continuer dans ses pas, en toute humilité », a-t-elle simplement déclaré, entourée de ses soutiens, à la préfecture de la rue Lubin-Brin.
« Le plus gros chantier, c’est celui de la révision constitutionnelle », nous explique-t-elle en aparté. « Pour Saint-Barthélemy, on voudrait saisir cette opportunité pour avoir plus de compétences, et consolider notre statut. » La création d’une Caisse de Prévoyance Sociale indépendante (elle est aujourd’hui adossée à la MSA Poitou-Charentes) ira dans le même sens de l’autonomie. Et la convention fiscale, qui doit encadrer, préciser et garantir la spécificité Saint-Barth en la matière ? « C’est toujours d’actualité », mais ce dossier aussi sensible que complexe ne sera pas le premier à traiter pour la nouvelle sénatrice.
Arrivée mardi 29 septembre à Paris, elle devra trouver sa place et avant tout élire le nouveau président du Sénat. Il faudra qu’elle intègre une commission thématique. Micheline Jacques sera membre du groupe fort de la Haute Assemblée, la droite et le centre (lire ci-dessous). Outre Saint-Barth, elle devra également se prononcer sur les lois qui régissent notre pays, bien d’autres sujets que ceux liés à notre île. « Je suis Saint-Barth, mais je suis aussi Antillaise, Caribéenne, et Française », rappelle-t-elle. «Je défendrai des sujets qui me tiennent à cœur, notamment le handicap et l’environnement.»
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Repères
Le Sénat regroupe 348 sénateurs et sénatrices qui représentent les collectivités territoriales et sont élus pour six ans par les grands électeurs (les élus locaux). Ainsi certains représentent des territoires de 10.000 habitants, comme Saint-Barth, d’autres des secteurs de 260.000 habitants, comme dans l’Hérault ; mais leur voix est égale au Palais du Luxembourg. La moitié de l’assemblée est renouvelée en alternance tous les trois ans. Les sénateurs reçoivent une indemnité mensuelle brute de 7.239,91 €, ainsi que la prise en charge des frais liés à leur fonction. Une retenue sur cette indemnité s’applique pour les plus absentéistes. Par ailleurs les élus doivent remplir une déclaration de patrimoine et d’intérêts auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Le Sénat discute et vote les projets de loi, peut également déposer des propositions de loi, et contrôle l’action du gouvernement. Il est aussi garant du fonctionnement des institutions de la République, et en cas d’empêchement du président de la République, c’est le président du Sénat qui assure l’intérim. Il existe sept commissions permanentes, chaque sénateur intègre l’une de ces commissions thématiques : affaires économiques, finances, lois constitutionnelles, affaires sociales, etc
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