Un plafond voûté, une corniche ornée d’arabesques dorées, des lambris aux décors d’oiseaux, de fleurs, de satires et de zéphyrs. Michel Magras ne pouvait rêver de plus beau décor que celui offert par les Salons de Boffrand, ce vaste espace réservé à la présidence du Sénat, pour se voir remettre les insignes de Chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur, le mardi 21 mars. Car, si recevoir cette distinction au Sénat des mains du président Gérard Larcher « coulait de source », explique l’ancien sénateur de Saint-Barthélemy (deux mandats, de 2008 à 2014 puis jusqu’en 2020), sans doute imaginait-il que la cérémonie se tiendrait en un lieu plus « modeste », comme le bureau du président. Il n’en fut rien.
Par conséquent, c’est sous les ors de la République, en présence de nombreux proches, d’anciens « collègues » du Sénat mais aussi d’anciens ministres, de préfets et d’autres élus que Michel Magras a été honoré. « On devait être une centaine, sourit le Chevalier. Bruno (Magras) est venu, mon épouse, ma fille, mes copains du café aussi ! J’étais très content. » On le serait à moins. Et le discours élogieux de Gérard Larcher n’a certainement pas été étranger à l’émotion contenue de Michel Magras.
« Elu par conviction »
« Cette distinction consacre un parcours politique d’une grande richesse, imprégné de votre attachement sans faille à votre île, à vos concitoyens, à l’ensemble des Outre-mer et à votre volonté de placer votre action et votre réflexion dans le long terme », a déclaré le président du Sénat. Gérard Larcher a bien évidemment retracé la vie et le parcours de Michel Magras. De son enfance à Flamands à l’obtention de son brevet d’Etat de moniteur de voile en passant par son entrée dans l’enseignement en qualité de professeur de biologie au collège Mireille Choisy. Il a également évoqué son engagement dans la vie associative et en faveur de la protection de l’environnement, avant de s’engager en politique en 1995 aux côtés de son frère, Bruno Magras. « J’ai été élu par conviction, par engagement, avec la volonté farouche d’être utile », lancera plus tard Michel Magras lors de son discours.
Gérard Larcher, pour sa part, insiste sur sa « conception exigeante de l’intérêt général qui contribue à votre élection au Sénat en septembre 2008 ». Et de poursuivre : « Dès le début de votre mandat, vous vous êtes affirmé comme un sénateur de la République. Vous souhaitez alors peser dans les débats et travaillez avec énergie et compétence, utilisant votre sens du dialogue pour servir votre volonté de faire progresser vos idées. » Le président du Sénat souligne l’arrivée de Michel Magras au sein de la délégation sénatoriale aux Outre-mer lors de sa création, en 2011, et sa priorité de « faire tomber les uns après les autres les clichés qui entouraient Saint-Barthélemy ». Il détaille les travaux du sénateur en citant l’adoption de l’extension du dispositif d’exonération des cotisations patronales aux entreprises de l’île, la dotation globale de compensation des charges, la création de la Caisse de prévoyance sociale (CPS) ou encore l’adoption de deux propositions de loi organiques qui modifiaient la loi statutaire. Sans oublier l’adaptation du Service territorial d’incendie et de secours ou l’abandon du prélèvement de la taxe sur les billets d’avion entre Saint-Barth et Saint-Martin. Rien de moins.
« Les Outre-mer, c’est la France »
Au-delà du travail réalisé pour Saint-Barthélemy, Gérard Larcher rappelle l’importance des dossiers portés par la délégation, sous l’impulsion de Michel Magras, au profit des territoires ultramarins. « En raison de ces travaux, la délégation a indiscutablement acquis une crédibilité au-delà du Sénat », assure le président, qui conclut : « Vous incarnez cet attachement mutuel de Saint-Barthélemy à la France et de la République à Saint-Barthélemy. C’est cela que nous honorons aujourd’hui (…) Cet insigne marque la reconnaissance de la République vis-à-vis d’un engagement professionnel et personnel sans faille et un sens profond de l’intérêt général. »
Quand Michel Magras prend la parole, c’est davantage pour remercier celles et ceux qui l’ont accompagné tout au long de son parcours personnel, professionnel et politique. En premier lieu son épouse, Pascale, et sa fille Manuella. Sans oublier « les copains de la voile, Raymond, Daniel et les autres » ainsi que Nicole Aussedat avec laquelle il travailla à la protection de l’environnement à Saint-Barth. « Dès mon arrivée au Sénat, un principe m’a guidé, assure-t-il. J’étais sénateur de Saint-Barth, d’abord, et sénateur de la République, surtout (…) Les Outre-mer, c’est la France, c’est la République et inversement. C’est aussi cette affirmation que j’ai eu à cœur de matérialiser au quotidien (…) Je suis fier et reconnaissant de la possibilité qui m’a été donnée d’apporter ma contribution. »
Michel Magras est désormais Chevalier de la Légion d’honneur. Ce qui mérite bien quelques félicitations, nationales et locales.