Depuis le début du mois de janvier, Marie-Hélène Bernier évolue dans une tourmente territoriale. Accusée par son désormais « ex » collaborateur de cabinet qui avait rédigé un signalement pour des faits de harcèlement moral, la première vice-présidente de la collectivité s’était vue, dans un premier temps, retirée ses délégations « police » et « sécurité » par le président, Xavier Lédée.
Dans la foulée, une enquête administrative conduite en deux temps par des avocats missionnés par le centre de gestion de la fonction publique territoriale basé en Guadeloupe a été menée au sein de la Collectivité. En deux temps car après une première série d’auditions d’élus et d’agents, les deux auxiliaires de justice sont revenus à Saint-Barthélemy accompagnés d’un magistrat lyonnais. Une vingtaine de personnels et d’élus de la Collectivité ont ainsi été entendus. Pour un résultat sans appel.
En effet, les trois « enquêteurs » ont remis leur rapport en début de semaine. Ils y concluent que les faits qui leur ont été rapportés à Saint-Barthélemy ne constituent pas un harcèlement moral. Ils sont, tout au plus, la marque de tensions matérialisées par de vifs échanges verbaux. Ceux-ci ayant été observés lors de deux réunions. Quoi qu’il en soit, la première vice-présidente sort « blanchie » de cette enquête administrative.
« Que fera le président ? »
Interrogé sur le sujet, le président de la Collectivité a répondu : « Je ne peux pas en dire grand-chose car, pour le moment, je ne sais pas si je suis habilité ni à discuter d’un éventuel retour de résultat de l’enquête ni à communiquer quelques éléments de celle-ci. J’ai posé la question aux avocats. J’attends d’avoir leur retour et leur analyse avant de pouvoir dire quoi que ce soit. »
De son côté, Marie-Hélène Bernier déclare : « Le président m’a retiré mes délégations «police » et « sécurité » par anticipation, l’enquête pouvant selon lui déboucher sur une procédure pénale. J’ai donc été sanctionnée sans tenir compte de la présomption d’innocence dont n’importe qui bénéficie. Maintenant que les résultats de l’enquête démontrent qu’il n’y a pas eu de harcèlement, que fera le président ? Il devient urgent pour tous d’arrêter de perdre du temps et de se consacrer aux dossiers. »
Pour mémoire, par un arrêté daté du 29 décembre 2023, le président Lédée avait donc retiré les délégations « police » et «sécurité » à sa première vice-présidente, tout en lui conservant ses délégations «santé » et « éducation ». Dans ce document officiel, il avait justifié sa décision en évoquant « la rupture du lien de confiance à l’origine des délégations de fonctions en ce qui concerne les domaines de la police et de la sécurité ».
Quelques jours plus tard, les conseillers territoriaux issus de la liste conduite par Marie-Hélène Bernier (Bettina Cointre, David Blanchard, Dimitri Lédée, Jonas Brin, Maxime Desouches et Pascale Minarro Baudoin) avaient co-signé une tribune exprimant leur désaccord vis-à-vis de la décision du président. Une première scission visible au sein de la majorité territoriale qui, depuis, semble de plus en plus fragilisée.