Réuni en urgence le 19 février, le conseil territorial a voté en faveur de la réouverture des frontières mais promet en échange de donner des garanties pour limiter la propagation du Covid-19.
Le « voeu » de rouvrir l’île aux voyages d’agréments n’aura pas fait l’unanimité. En mai, une décision semblable avait rassemblé tous les élus du Conseil territorial, sauf Bettina Cointre, qui s’était abstenue.
Ce vendredi 19 février, Bettina Cointre (Tous pour Saint-Barth) a voté contre, Ernest Brin et Nicole Gréaux se sont abstenus. Les autres ont voté pour. L’élue Tous pour Saint-Barth explique son vote : « Je comprends bien la nécessité économique qui sous-tend cette demande mais pour moi on ne peut pas ignorer la situation sanitaire de l’île. (…) On est sur une petite île avec un hôpital local. En cas de cas grave on est contraints d’évacuer la personne avec un protocole qui est assez compliqué. Je me demande ce qui se passera si on a deux ou trois personnes dans cette situation en même temps. Qui fera le choix de qui il faut évacuer ? (…) Je ne dis pas qu’il faut fermer éternellement l’île. Mais peut-être qu’il faut se laisser un peu de temps notamment pour voir comment les choses évoluent par rapport à l’arrivée du variant. Permettre aussi à la vaccination d’avancer. »
Pour Maxime Desouches, à l’initiative de ce Conseil territorial en urgence, le « vœu est une démarche importante parce que faite par la première institution de la Collectivité. Ce positionnement politique face à l’administration montre une mobilisation qui permet de dire c’est un sujet qui est important et nous sommes tous concernés. » Pour lui, le respect des intérêts de la Collectivité, garanti par la loi organique, n’est pas assuré par les nouvelles mesures.
Dans son courrier adressé à Bruno Magras (JSB 1411), le ministre des outre-mer précisait que tous les renforts ayant été envoyés à Mayotte, les autres territoires d’outre-mer devaient à tout prix éviter de se retrouver en situation de crise. « On ne peut pas être comparé avec d’autres lieux où ça se passe moins bien, où la situation est épidémique. Ici la situation est stable, declare Nils Dufau. Quand on dit qu’il faut ouvrir l’île, ce n’est pas évidemment l’ouvrir sans aucune condition. » En tant que président du Comité territorial du tourisme, il ajoute : « Ici quand on met un arrêt sur les voyages c’est une sorte de confinement pour nous.( …) Au niveau du comité du tourisme on communique en permanence avec les socio-professionnels. Eux ont un seul mot à la bouche, c’est : donnez-nous une date d’ouverture pour essayer de sauver ce qui peut encore être sauvé. Nous on souhaite que ça soit ouvert le 26 février, bien évidemment. Mais admettons que l’Etat dise « il faut ouvrir le 15 mars », il qu’il nous le dise maintenant. Parce que sinon on perd toutes les réservations. Tous les hôtels et villas qui ont fait un effort inouï en s’acharnant à essayer de déplacer les réservations en mars. Si on n’a pas de date d’ouverture on va perdre ces réservations. »
« Je peux te rassurer nous n’aurons pas de date », répond immédiatement le président de la Collectivité. Après la lettre que lui a envoyé le ministre des outre-mer (JSB1411), les deux hommes se sont entretenus par téléphone. Sébastien Lecornu a parlé d’un « point d’étape à la mi-mars ». Mais Bruno Magras espère qu’Emmanuel Macron tranchera avant : « Ce à quoi on peut être suspendu c’est la déclaration du Président de la République qui doit intervenir dans une dizaine de jours si j’ai bien compris. C’est là où il y a peut-être une nécessité que notre délibération remonte au niveau de l’Elysée. Parce que je crois que le Président de la République sera suffisamment intelligent pour territorialiser les décisions. Je crois qu’il faut qu’il laisse un peu d’autorité aux préfets de région et aux préfets délégués pour négocier avec la directrice de l’ARS sur les conditions qui doivent être appliquées en fonction des territoires. »
Malgré des réticences, le voeu est adopté.
Tester
Le deuxième point à l’ordre du jour est complémentaire. Les élus sont appelés à voter pour autoriser le Président de la Collectivité à souscrire à un marché pour développer la capacité de tests PCR. Pour Bruno Magras, il s’agit de « prouver au gouvernement que nous ne sommes pas inertes, que nous combattons, que le résultat qu’a connu l’île de Saint-Barthélemy est aussi fonction du travail qu’a fait la Collectivité » et pour cela « il y a un certain nombre d’améliorations à faire. »
Le président rappelle que la Collectivité a déjà investi environ un million cent soixante mille euros dans la lutte contre le Covid-19. « Mais sur cette somme nous avons reçu une participation de l’Etat de 343.000€ et des dons pour 335.000€, ce qui fait qu’en réalité nous avons dépensé un peu moins de 700.000 € pour ce qui a été engagé », rappelle-t-il. Sur les acquisitions à venir, « il y a de fortes chances que la Collectivité bénéficie d’aides de l’Union européenne », explique Bruno Magras. L’enjeu, c’est aussi de doter l’île d’un outil capable de détecter les variants. « Le 13 février, on nous a annoncé qu’il y avait des cas de variant anglais sur l’île, rappelle Andy Laplace. Ce sont des prélèvements qui ont été faits je crois le 22 et le 25 janvier. C’était pour des personnes qui étaient positives au Covid avant même la fermeture de l’île. Cela prouve les défaillances au niveau de l’Etat puisque les séquençages prennent à peu près trois semaines à l’heure actuelle donc je pense qu’il est peut-être nécessaire au niveau de l’île d’avoir un système efficace. On a fermé l’île alors que le vers était déjà dans le fruit. » La décision de renforcer la capacité de tests est adoptée à l’unanimité.