Bruno Magras et d’autres élus poussent pour accélérer la réouverture des frontières. Le conseil territorial doit être réuni en urgence vendredi pour formuler officiellement le vœu de rouvrir l’île à partir du 15 juin. Achat de machines de test, mise en place de protocoles… La Collectivité fait tout pour montrer patte blanche à l’Etat, qui est seul décisionnaire en termes de frontières et de quatorzaine.
En fin de séance du conseil territorial de vendredi 22 mai, Maxime Desouches (Saint-Barth Autrement) a souhaité savoir où en était la Collectivité sur la crise sanitaire et surtout sur la réouverture de l’île. Il ne mâche pas ses mots : « Peut-on avoir un point sur les retards de l’Etat, et la façon dont on va sortir du maelstrom administratif qui empêche la reprise économique de l’île ? » Bruno Magras soupire : « La situation nous échappe complétement ». En effet, sur la question du protocole sanitaire, des frontières ou de la quatorzaine, la Collectivité n’est en rien décisionnaire.
« Je considère que le moment est venu d’ouvrir nos frontières », poursuit le Président. « Antigua, Sainte-Lucie vont ouvrir le 4 juin. Il se dit que l’aéroport Juliana pourrait rouvrir le 15 juin. Mais tant que cette affaire de quatorzaine demeure… » « La loi organique prévoit que nous pouvons formuler un vœu. C’est la seule chose que nous puissions faire, faisons-le », propose Maxime Desouches. « Est-ce que l’on ne pourrait pas réunir un conseil territorial d’urgence pour formuler un vœu à destination de l’Etat ? » « Je ne suis pas fan des vœux pieux », répond Bruno Magras, sceptique. « Si on fait un vœu pour ouvrir l’île, tu crois que l’Etat va dire “ok, allez-y” ? Qui plus est, le gouvernement n’ouvrira jamais Saint-Barth sans ouvrir Saint-Martin et la Guadeloupe en même temps. »
N’ayant rien à perdre, le Président a toutefois suivi l’idée de Maxime Desouches et a réuni hier un conseil exécutif en urgence pour formuler ce vœu à destination du gouvernement. C’est la procédure avant que le conseil territorial ne fasse de même. Il sera réuni en urgence vendredi soir pour voter cette disposition. Un vœu voté par un conseil municipal ou territorial dans notre cas est une délibération purement symbolique. L’objectif est d’interpeller l’opinion publique ou le destinataire du voeu, en l’occurrence l’Etat.
Pour les touristes, le test à l’entrée est « un bonus »
Le conseiller territorial Patrick Bordjel (Unis pour Saint-Barthélemy) s’interroge sur les fameux automates de test, car un seul des quatre que la Com avait commandé est arrivé sur l’île. « Nous avions voté pour l’acquisition de quatre machines, c’était un gros budget. A Thanksgiving, les touristes vont tous arriver sur l’île. Alors que les Etats-Unis ou le Brésil sont en pleine épidémie. Avec une seule machine, on ne pourra pas tous les tester, est-ce qu’on va juste leur faire remplir un formulaire bidon ? »
Nils Dufau, vice-président et président du CTTSB, intervient : « Selon les contacts que nous avons avec nos clients, ils sont tout à fait prêts à se faire tester à l’arrivée. Pour eux, c’est presque un bonus ! »
Bruno Magras s’enorgueillit : « Si la première machine est arrivée, c’est grâce à moi. » Le Président explique que ce sont ses relations personnelles avec le patron de la société Cepheid, fabricante de l’automate, qui ont permis à Saint-Barth de faire sortir une machine des Etats-Unis, alors que le pays de Trump était bien évidemment prioritaire. « Le deuxième automate devrait arriver fin mai », poursuit le Président de la Com. « Rien a été stoppé, seulement il y a des réalités. Aujourd’hui, nous disposons d’une machine que même la France, la Guadeloupe n’ont pas. Nous sommes capables de réaliser seize tests par heure. Pas plus tard qu’aujourd’hui, je crois savoir que quinze personnes se sont faites dépister au drive. »
« Très bien, mais la question, c’est le mois de novembre », insiste Patrick Bordjel. Même avec seize tests par heure, une seule machine sera insuffisante pour dépister tous les entrants de la haute saison. « Ni toi ni moi, tout médecin que tu es, ne peut dire où en sera l’épidémie de Covid en novembre », rétorque Bruno Magras. « L’idéal, ce serait justement de tester dès aujourd’hui notre protocole au port et à l’aéroport, sur de petits flux », commente Nils Dufau. A priori, les arrivants à l’aéroport devraient subir le prélèvement au drive du laboratoire. A la gare maritime, le protocole n’a pas encore été acté, mais une petite salle a été aménagée pour effectuer les tests sur place, directement. « Il faudrait que l’on ait la possibilité de le faire dès maintenant, pour calibrer tout ça », poursuit le vice-président, qui tient aussi à rappeler pour les entrants sur l’île que les motifs impérieux doivent être respectés. « Remplir une fausse déclaration sur l’honneur, cela expose à du pénal », souligne Nils Dufau.
« Nous devons attendre de voir quelles seront les conditions d’accès à Antigua et Juliana », reprend Bruno Magras. « La plupart ont choisi de demander aux voyageurs un certificat médical avant l’arrivée », informe Maxime Desouches. « Il faut se rendre compte que le risque de contamination est extrêmement faible. Si 4% de la population a été infectée, cela signifie que quand vous rencontrez quelqu’un, il y a 96% de chance pour qu’il ne soit pas porteur du Covid. »