Le vote de Saint-Barthélemy, samedi, a été assez similaire à celui de l’ensemble des Français. RN et LREM sont en tête avec un écart assez faible, et EELV rafle la troisième place aux Républicains, qui habituellement dominent tous les scrutins locaux.
Première leçon des européennes à Saint-Barth : l’abstention recule (78,3% contre plus de 85% en 2014 et en 2009), bien qu’elle reste écrasante. Sur 5.177 électeurs inscrits, 1.119 ont fait le déplacement jusqu’à l’isoloir samedi. C’est tout de même une progression de la participation de près de six points.
Les Républicains doublement siphonnés
Second point, la chute du parti Les Républicains, historiquement largement préféré à Saint-Barthélemy, toutes élections confondues. Il pointe à la quatrième place avec moins de 14 % des voix, alors qu’il avait obtenu 43,5 % en 2014, et 63,5 % en 2009 !
Cette dégringolade ne peut s’expliquer, sur notre île, par la dévastatrice présidentielle de 2017 : malgré l’affaire Fillon, Saint-Barthélemy avait soutenu en masse le candidat moribond de la droite, à hauteur de 40,7% des suffrages au premier tour.
Depuis deux ans, le parti de Wauquiez ne parvient pas à se réunir et recomposer une droite forte. Preuve en a été faite dimanche. Ses voix sont siphonnées autant par Emmanuel Macron, pour les plus modérés, que par Marine Le Pen, pour les plus à droite. Il faut dire aussi que sur l’île, hormis une poignée d’affiches collées deux ou trois jours avant le scrutin, la fédération locale Les Républicains n’a pas vraiment pris part à la campagne. Cependant, les représentants LREM et RN de Saint-Barth n’ont pas, non plus, battu le terrain.
Un bond de 15 points pour les Verts
L’un des gagnants de cette élection, c’est le parti de Yannick Jadot, Europe Ecologie Les Verts. Les Français ont placé l’enjeu environnemental au cœur de ce scrutin, et notre île n’échappe pas à cette vague verte. EELV rassemble 18,8 % des voix, contre 3,8% en 2014. Un bond de quinze points !
L’écologie a beau être entrée dans le top 3 des préoccupations des Français, c’est bien le Rassemblement national, ex-Front national, qui a remporté cette élection. Marine Le Pen était sortie moribonde de la présidentielle 2017. Elle est parvenue en deux ans à reprendre son parti rebaptisé en main, et porter son candidat Jordan Bardella en tête du scrutin européen.
Sa première réaction a été de donner rendez-vous à ses électeurs pour l’échéance présidentielle de 2022 et d’appeler à la dissolution de l’Assemblée nationale par Macron.
Las : les scores nationaux des deux partis sont assez serrés, et tous deux obtiennent au final le même nombre de sièges à Bruxelles. Le parti présidentiel se satisfait de ses 22,5%, surtout en pleine crise de confiance envers le gouvernement.
Le RN progresse en voix, pas en suffrages
Saint-Barthélemy n’a jamais eu de complexe à voter Front national, et encore moins Rassemblement national. Le nom de Jordan Bardella a été glissé par 281 électeurs dans les bureaux de vote de l’île. C’est plus qu’en 2014 (222 voix), mais moins en termes de suffrage (26,1 % cette année contre 31,6% en 2014). Ce qui illustre ce constat souvent répété : l’abstention profite à l’extrême droite. Les électeurs du RN sont beaucoup moins volatiles que les autres et toujours fidèles au rendez-vous des urnes.
Prochaine échéance politique pour Saint-Barth, les sénatoriales en septembre 2020 (ce sont les élus qui votent). Ensuite, les regards se tourneront vers 2022 avec un triple rendez-vous : les élections territoriales, présidentielles, et législatives. Année chargée en perspective.
JSB 1330