Saint-Barth - Député Frantz Gumbs

Le député des Iles du Nord, Frantz Gumbs (à gauche), ici en compagnie de Samuel Colin, président du conseil d'administration du forum haïtien pour la paix et le développement durable, a interpellé le ministre français des Affaires étrangères sur la situation en Haïti.

Le député Gumbs se mobilise pour Haïti

Depuis plus de deux ans et l’assassinat du président Jovenel Moïse, le climat social et politique ne cesse de se dégrader en Haïti. Une situation qui s’est progressivement aggravée ces derniers mois avec une augmentation des attaques menées par des gangs armés, principalement dans la capitale Port-au-Prince mais également dans des zones stratégiques du pays. Jusqu’à atteindre le chaos depuis deux semaines (attaques contre l’aéroport international, du principal port de commerce, de plusieurs commissariats, d’hôpitaux, prisons, etc). Sous la pression des gangs et d’autres personnalités politiques, le premier ministre Ariel Henry a remis sa démission le mardi 12 mars. C’est dans ce contexte que le président du groupe d’amitié France-Haïti à l’Assemblée nationale, le député de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, Frantz Gumbs, a cosigné un courrier à l’attention de Stéphane Séjourné, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.

« Une profonde crise »
Lors de sa cérémonie de vœux à Saint-Barthélemy, en janvier, Frantz Gumbs avait déjà exprimé ses regrets vis-à-vis du manque d’intérêt de la France pour Haïti, alors en pleine tourmente. Dans le courrier envoyé au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, le député des Iles du Nord et ses cosignataires (les députés Marcellin Nadeau de la Martinique et Olivier Serva de la Guadeloupe ainsi que celle des Français établis hors de France, Eléonore Caroit) soulignent que « le pays s’enfonce dans une profonde crise sécuritaire, politique, économique et humanitaire ».
Les parlementaires évoquent le dernier rapport du secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies qui fait état de plus de 8.400 victimes de la violence des gangs en 2023. « Le mois de janvier 2024 a même été le plus violent depuis plus de deux ans en Haïti, selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme qui décrit un système de santé au bord de l’effondrement, des écoles et des entreprises fermées, des enfants de plus en plus exploités par les gangs, une économie asphyxiée », écrivent les députés. Ils insistent sur le fait que « des bandes criminelles armées procèdent à des démonstrations de force et mènent des attaques visant des sites stratégiques » et s’émeuvent d’une « situation très préoccupante et un climat de terreur ».

« Une aide essentielle »
Pour Frantz Gumbs et le groupe d’amitié France-Haïti, « il est urgent de venir en aide à la population haïtienne et de restaurer la sécurité dans le pays ». Les parlementaires rappellent le projet de déploiement d’une mission multinationale approuvée par l’ONU en octobre 2023 qui « pourrait apporter une aide essentielle » si elle est « bien planifiée, bien exécutée, bien formée et bien équipée pour garantir son efficacité, sa réussite durable, son acceptation ainsi qu’une protection adéquate pour elle-même et les civils. »
Frantz Gumbs rappelle que la France et Haïti entretiennent « une relation particulière et indissoluble ». Et de préciser : « Si la solution durable aux problèmes fondamentaux du pays devra venir du peuple haïtien, Haïti a sans aucun doute besoin de l’aide de pays amis. La France a un devoir de solidarité et doit venir en aide à la population et apporter son soutien à Haïti pour que le pays sorte de cette impasse. »

Quel rôle pour la France ?
Les quatre députés interrogent donc Stéphane Séjourné sur la position de la France. « Face à l’urgence actuelle, la France entend-t-elle affirmer davantage son rôle au plan sécuritaire, politique et humanitaire ? », demandent-ils avant de poursuivre : « Quelle action diplomatique intensive la France compte-t-elle déployer pour accélérer le processus de transition, soutenir la mise en œuvre de l’accord du 21 décembre 2022 avec l’installation du Haut Conseil de Transition, et accompagner la mise en œuvre du conseil présidentiel de transition annoncée lors de la réunion de la Caricom le 11 mars 2024 afin de favoriser la réconciliation nationale et rompre avec l’impunité ? »
Pour l’heure, Frantz Gumbs et les trois autres députés signataires et membre du groupe d’amitié France-Haïti attendent une réponse du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Dans le même temps, en Haïti, l’état d’urgence reste décrété. Mardi, les gangs armés ont attaqué plusieurs espaces culturels à Port-au-Prince. Parallèlement, de nombreux diplomates et expatriés continuent de fuir la capitale.
 

 

Journal de Saint-Barth N°1558 du 14/03/2024

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