Si la fête patronale de la Saint-Barthélemy se veut un moment d’unité, de rassemblement et de festivités, elle marque chaque année une étape importante dans la vie citoyenne : celle de la rentrée politique. Les discours prononcés le samedi 24 août en l’hôtel de la Collectivité territoriale, après la tenue de la cérémonie officielle devant le monument aux morts, en ont été la parfaite illustration. Qu’il s’agisse de l’allocution du président, Xavier Lédée, de celle de la sénatrice Micheline Jacques ou des mots prononcés par le député des Iles du Nord, Frantz Gumbs, tous ont porté en leur sein les marques de la reprise des débats politiques. A l’échelon local comme national.
« Un bilan de mi-mandat solide »
Le président de la Collectivité a été le premier à se présenter au micro. Une tribune idéale pour Xavier Lédée, désireux d’exposer le bilan de « sa » mandature alors que celle-ci a atteint la moitié de sa durée. Pendant un peu plus de vingt minutes, l’élu a donc pris soin de décliner l’ensemble des travaux qui ont été entrepris ou accomplis depuis son élection à la tête de la Collectivité, en mars 2022. Coopération régionale, autonomie institutionnelle, économie touristique, éducation et formation, aménagements et travaux, logement, sécurité, développement durable, le président a méthodiquement déroulé la longue liste des thèmes récurrents dès lors que les questions de vie quotidienne à Saint-Barthélemy sont évoquées.
La seule véritable annonce formulée par Xavier Lédée a été celle de la relance du projet de délocalisation à Saint-Jean du groupe scolaire de Gustavia. Un projet lancé sous la précédente mandature du président Bruno Magras mais qui avait été rejeté par la nouvelle majorité territoriale, quelques mois seulement après son entrée en fonction. Depuis, des études sur les conséquences d’une telle délocalisation sur la circulation ont été entreprises. Parallèlement, l’annonce d’une relance du projet mais sur un site voisin, toujours à Saint-Jean, avait été faite en conseil territorial. Pourtant, près de deux ans après sa mise au placard, c’est bien le projet initial qui va être remis en branle par le président. Deux années de perdues, commentent les détracteurs du président Lédée, qui n’en a cure. « L'objectif est de poser la première pierre des écoles de Saint-Jean lors du 3ème trimestre 2025 », a déclaré l’élu qui souhaite, derrière le stade de Saint-Jean, voir naître « une école pleinement inclusive, qui place la nature et le développement durable au cœur de son architecture ».
A plusieurs reprises au cours de son discours, le président a pris soin de répéter qu’il assumait « pleinement » ses responsabilités ainsi que les décisions qui ont pu être prises depuis le début de la mandature. « Aujourd'hui je peux présenter un bilan de mi-mandat solide, sans autosatisfaction », a-t-il déclaré.
« Notre vie politique est fracturée »
Après l’intervention du président de la Collectivité de Saint-Martin, Louis Mussington, qui a rendu hommage à Bruno Magras et réaffirmé sa volonté de maintenir les liens entre les deux îles, et celle du président du conseil général de Guadeloupe, Guy Losbar, la sénatrice Micheline Jacques a pris place sur l’estrade. Pour un discours on ne peut plus politique.
« En toute sincérité, ce 24 août n’est pas un jour de fête, a lancé la sénatrice. Car ni la situation politique nationale ni la situation politique locale ne sont propices à la fête (…) Notre vie politique est fracturée comme jamais sous la 5e République. (…) Au niveau local, la situation est celle que nous connaissons. » Sans s’appesantir davantage, Micheline Jacques a tenu à rappeler à son auditoire que le statut de Saint-Barthélemy protège sa population de bien des contraintes et autres déboires. Et de marteler son engagement pour le développement de l’île en sa qualité de sénatrice et de présidente du groupe Outre-mer au sein du Sénat.
De son côté, après une introduction facétieuse dont il a le secret, le député Frantz Gumbs a plongé l’assistance dans la vie politique nationale. « A défaut de gouvernement opérationnel, il faudra mobiliser tous nos réseaux pour faire avancer nos dossiers », a-t-il indiqué.
Quant au préfet délégué de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, Vincent Berton, il s’est évidemment voulu fidèle à sa fonction de représentant de l’État. Une fois encore, il a rappelé qu’il n’existait aucune volonté de « reprendre la main » sur Saint-Barthélemy en écornant son statut. De plus, il a affirmé sa détermination à lutter contre l’insécurité à Saint-Barth où, a-t-il déclaré, « ce n’est pas une affaire de chiffre mais de sentiment ». L’urgence à utiliser les 4,7 millions d’euros alloués à Saint-Barthélemy dans le cadre du Ségur de la santé, celle à « s’emparer » du sujet du logement, telles ont été les grandes lignes du discours de Vincent Berton.
La prochaine rencontre publique entre les élus de Saint-Barthélemy aura lieu le jeudi 5 septembre à l’occasion du conseil territorial de rentrée. L’occasion de prendre le pouls d’une assemblée qui, depuis quelques mois, se consume à petit feu.