C’était sans doute la dernière prise de parole publique de Michel Magras en tant que sénateur de Saint-Barthélemy, puisqu’il prendra sa retraite politique fin septembre.
«Tu as fait honneur à Saint-Barthélemy, pour laquelle tu t’es battu sans relâche. Tu as aussi fait honneur à la République et au Parlement », a loué Bruno Magras en conclusion de son allocution, se tournant vers son frère le sénateur Michel Magras.
« C’est avec émotion que je prends la parole, sans doute pour la dernière fois puisque, vous le savez, j’ai décidé de ne pas me porter candidat à ma succession. Je prends ma deuxième retraite, celle de la vie politique », a commencé Michel Magras. Elu de la ville de Saint-Barthélemy en 1995, puis au conseil général, il est devenu sénateur après le passage de notre île en collectivité d’outre-mer. « Lorsque je suis entré au Sénat en 2008, ma priorité était de faire tomber les uns après les autres les clichés qui entouraient Saint-Barthélemy. Ils étaient d’ailleurs d’autant plus tenaces que l’on était au tout début de la crise financière, période marquée par une véritable chasse aux paradis fiscaux auxquels Saint-Barthélemy était à tort mais systématiquement assimilée. Au moment où je m’apprête à quitter le Sénat, je crois qu’avoir réussi à adoucir y compris les propos du groupe communiste à notre endroit – sans obtenir toutefois qu’ils votent – est une des meilleures preuves de la mission accomplie ! », s’est-il satisfait humblement, comme à son habitude.
Durant son second mandat, il a dirigé pendant six ans la délégation sénatoriale aux outre-mer. « J’ai toujours considéré que si j’étais le sénateur de Saint-Barth d’abord, j’étais avant tout un sénateur de la République. C’est cet état d’esprit qui m’a conduit à travailler sur tous les thèmes sans distinction. Si je vous racontais les débats autour du Grand Paris, ce fut un grand moment… Mon bilan est donc double », a-t-il noté, avant de citer les principaux thèmes sur lesquels il s’est escrimé : la création de la CPS, les compétences dévolues à la Chambre économique multiprofessionnelle… « Je dois confesser regret doublé d’une frustration : celui de ne plus être sénateur quand viendra la ratification de la convention fiscale. Malgré tout le travail conduit il ne m’a pas été possible de vaincre les réticences politiques, bien sûr, mais aussi celles de la haute administration pour les aspects techniques – car c’est une question d’une grande technicité », poursuit Michel Magras.
Le sénateur n’a pas tout à fait quitté le Palais du Luxembourg, puisqu’il s’apprête à publier un rapport sur la différenciation territoriale, qui s’inscrit dans la même veine que le discours donné juste avant par Bruno Magras, en pointant la nécessité pour les territoires ultramarins de créer des statuts à la carte, adaptés à chacun. « Je crois qu’un État davantage accompagnateur est possible et souhaitable. (…) Je suis en outre convaincu qu’un statut comme le nôtre doit pouvoir évoluer vers plus de compétences avec la force du consentement de la population conciliée à la volonté politique de ses représentants.»
« Profondément touché », Michel Magras a remercié l’assistance, qui en retour l’a chaudement applaudi. « Je me suis engagé politiquement pour mon île animé de la farouche volonté de la conduire sur la voie de son épanouissement et de son autonomie en 1995 au côté du président Bruno Magras qui était alors maire. En quittant le Sénat c’est donc en réalité une période de 25 années d’implication dans l’action collective et politique que je referme. Ce fut un immense honneur de vous représenter, je vous en remercie infiniment. »
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