Le conseil territorial devra réexaminer son budget 2020, vendredi 24 juillet, à l’aune de la crise sanitaire qui a paralysé l’économie. L’impact sur les finances de la Collectivité est là, mais à ce jour, il n’est pas aussi catastrophique qu’on aurait pu le craindre.
Reporter tout ce qui n’est pas urgent ou déjà entamé, ne pas lancer de nouveau projet, bref, ne budgétiser que l’essentiel ; voilà ce qui sera proposé au conseil territorial, vendredi 24 juillet, pour limiter au maximum les dégâts du Covid-19 sur les finances publiques.
Voté le 20 mars, alors que le confinement était déjà en vigueur (JSB n°1368), le budget primitif 2020 avait déjà pris en compte l’effet coronavirus ; il prévoyait des recettes en baisse et resserrait les dépenses. Quatre mois plus tard, les élus sont invités à discuter d’une modification de ce budget.
Les recettes fiscales se portent bien
Le bilan financier de la Collectivité « est loin d’être catastrophique », stipule le rapport fourni aux élus. Concernant les recettes fiscales (droits de quai, droits d’enregistrement, taxe de séjour, vignette auto, etc.), elles atteignent à mi-parcours 58% du montant prévu pour l’année 2020, soit 33,5 millions d’euros.
Côté dépenses de fonctionnement, après plus de six mois d’exercice, 45% du budget prévu a été utilisé. Tous les services de la Collectivité ont « consenti des efforts significatifs » pour « n’inscrire que les dépenses qui revêtaient un caractère incompressible », félicite le rapport.
Dépenses impondérables
Certains investissements nécessitent toutefois des crédits pour être bouclés d’ici la fin de l’année.
Plus d’un million d’euros doit être attribué à la réfection et l’entretien des bâtiments de la Collectivité, ainsi qu’à la commande de groupes électrogènes pour la morgue, le Stis, la police territoriale et le centre médico-social. Pour achever la rénovation de la zone de stationnement des avions à l’aéroport, celle du hall des départs, et installer une antenne à Lurin dédiée à la sécurisation des liaisons aéroportuaires, 575.000 euros sont nécessaires.
Au niveau des travaux routiers, un peu moins de 1,2 million d’euros est prévu, notamment pour la pose du réseau d’assainissement à Gustavia et le déploiement de la fibre optique. En septembre l’accès à la plage de la Petite Anse doit aussi être réaménagé. En revanche, vu la quantité de travaux de voirie déjà en cours, la Collectivité décide de reporter ceux prévus dans la rue Lubin-Brin, à Gustavia, pour ne pas impacter la circulation plus qu’elle ne l’est déjà.
Dans le cadre de la prévention cyclonique, sismique et tsunami, la Collectivité prévoit d’installer un système de haut-parleurs sur l’ensemble de l’île, ainsi que des bornes wi-fi à activer en cas de besoin, comme ce fut le cas après Irma. Enveloppe : 173.000 euros.
Le déploiement de la fibre optique nécessite l’aménagement de deux NRO (nœuds de raccordement optique), à Lorient et Gustavia, pour 720.000 euros.
Les sols souples des aires de jeux de Saint-Jean et du parking de l’hôpital seront refaits à neuf (200.000 euros) ; il reste 200.000 euros à sortir pour clôturer l’aménagement des rues Oscar-II et August-Nyman, 270.000 euros pour terminer le centre médico-légal…
La Collectivité a décidé de maintenir l’investissement pour la réfection de la route entre Grand Fond et Toiny, « compte tenu du contexte conflictuel qu’elle a entraîné », souligne le rapport, référence à la manifestation pour la préservation des murs en pierres sèches, au mois de mai. La seconde tranche des travaux, qui devait débuter l’an prochain, est avancée à cette année. Montant : 3,4 millions d’euros.
Avec d’autres menues dépenses, le total des investissements impondérables d’ici fin 2020 s’élève à 8,4 millions d’euros.
Projets reportés
Au contraire, certaines opérations se voient retirer des crédits, et sont donc reportées au plus tôt à 2021.
L’aménagement de l’entrée de Gustavia, avec la construction d’une promenade entre les droits de quai et la gare maritime, est retardé. Cet important projet, actuellement au stade des études techniques, est de toute façon pénalisé par la crise du Covid-19, qui a entraîné l’annulation de la venue d’experts ; de plus, « les propositions techniques faites à ce jour ne satisfont pas le maître d’ouvrage », indique le rapport. Ce report permet au budget 2020 de récupérer 2,3 millions d’euros.
Par ailleurs, l’aménagement de la route entre le bas de Lorient et le haut de la côte de Camaruche est reporté à 2021. Il devait être réalisé dans la foulée des travaux actuels sur la route de Lorient, qui seront achevés en septembre. « Le début de la saison touristique annoncée dès le mois d’octobre va laisser très peu de temps pour entamer des travaux significatifs sur le tronçon concerné, avec par contre des contraintes très lourdes pour les administrés, entraînant une forte gêne de la circulation », souligne le rapport. Cet ajournement permet d’économiser 1,7 million d’euros sur le budget 2020.
La construction des quatre logements à Flamands va démarrer en septembre, mais ils sont délestés de 600.000 euros qui pourront être inscrits au budget 2021, pour finaliser ce projet.
Enfin, 785.000 euros sont repris sur la reconstruction de l’office du tourisme, 150.000 sur les ateliers des services techniques, 150.000 sur la transition énergétique, 130.000 sur la route entre Saint-Jean et Saline… Et 450.000 euros sur la ligne budgétaire attribuée à la gestion de la crise Covid-19, pour laquelle 2 millions d’euros avaient été provisionnés en avril.