Saint-Barth -

Six questions à Jean-François Carenco, le ministre délégué aux Outre-mer, attendu ce dimanche à Saint-Barth

Dès sa nomination au poste de ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco a exprimé son intention d’organiser une visite officielle dans chacun des territoires français d’Outre-mer. Après la Réunion, la Guadeloupe ou encore Mayotte, il poursuit sa tournée et doit poser le pied sur les Iles du Nord aujourd'hui, samedi 15 octobre. Une visite qui devrait durer trois jours et au cours de laquelle Jean-François Carenco prévoit de passer une journée, celle de dimanche, à Saint-Barthélemy.
Comme lors de ses précédents déplacements, exception faite du récent séjour en Guadeloupe suite au passage dévastateur de la tempête Fiona, l’objectif de sa visite est principalement de prendre le pouls des deux îles afin de mieux appréhender les problématiques et autres difficultés de Saint-Martin comme de Saint-Barth. Mais il s’agit également pour le ministre délégué (le ministère de l’Outre-mer dépend désormais du ministère de l’Intérieur) d’évoquer la feuille de route des deux collectivités quant à leur volonté d’évolution statutaire. Des sujets qui, pour Saint-Barth, ont été abordés lors de la rencontre entre Jean-François Carenco et Xavier Lédée à Paris il y a quelques semaines.
« C’est toujours un honneur de recevoir un ministre et intéressant qu’il puisse venir sur place, commente Xavier Lédée. Les sujets comme la santé ou l’énergie ont été évoqués mais d’autres vont l’être lors des échanges qui ont été programmés. Cette visite intervient dans la lancée de notre séjour à Paris, ce qui est une bonne chose. » Dès son arrivée, dimanche matin, Jean-François Carenco devrait partir à la rencontre des élus du conseil territorial. Il semble que son passage soit orienté vers les sujets de préoccupation des élus. Ainsi, une visite de la centrale EDF et une autre de l’hôpital de Bruyn devraient être organisées. L’occasion pour Jean-François Carenco de constater la vétusté et la désespérance d’une partie des personnels de l’établissement de santé. Mais également, à n’en pas douter, d’évoquer la discorde sur le foncier de l’hôpital avec le directeur de l’Agence régionale de santé et le président de la Collectivité.
Parallèlement, Jean-François Carenco a pour habitude de toujours réserver un temps à des rencontres avec les acteurs locaux de la culture.

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• En amont de cette visite, le Journal de Saint-Barth a adressé six questions au ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, qui a accepté de nous répondre.

JSB - Quelle va être la teneur de votre visite dans les Iles du Nord ?
Jean-François Carenco - Il s’agit, pour ce voyage de 4 jours, de prendre le temps de rencontrer et de dialoguer avec les acteurs de terrain à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, sur les problématiques du quotidien qui préoccupent nos compatriotes. Je souhaite également évoquer les différents chantiers que j’ai commencé à mettre en œuvre depuis mon arrivée rue Oudinot, sur les Sargasses ou la vie chère par exemple, et pouvoir apporter des solutions concrètes, en partenariat avec les élus et les autorités locales, sur chacune des îles.


Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont des problématiques très distinctes. Quelles sont celles qui, selon vous, doivent faire l’objet d’une attention particulière à court terme ?
Saint-Martin et Saint-Barthélemy possèdent des identités propres mais sont aussi confrontées à des enjeux communs liés à leur insularité : la vulnérabilité sur le plan énergétique (eau, électricité), par exemple, ou la part prépondérante de l'activité touristique dans l'économie, ou encore, les questions de pression foncière et d'insuffisance de logement. Ces questions ne se traitent pas dans le même contexte sur les deux îles. A Saint-Barthélemy elles sont essentielles pour assurer la pérennité du développement économique, cette douceur de vivre à la française qui en fait la réputation et l’attrait auprès de nos voisins américains.


Quelles questions entendez-vous aborder avec le président de la Collectivité territoriale de Saint-Barthélemy, Xavier Lédée ?
Le travail avec les élus est constant, mais là il s’agit d’aller sur le terrain, comme j’ai tenu à le faire sur tous les territoires. Pour mieux traduire les enjeux, les besoins et les spécificités, pour écouter et comprendre, afin de mieux adapter. Lors de cette visite nous alors bien sûr aborder les questions de la ressource électrique, des projets d'aménagement, de la prévention des risques, de la sécurité et de la santé qui méritent quelques orientations plus fortes.


La vétusté et le manque de personnels soignants sont au cœur des préoccupations actuelles de la Collectivité, qui entretient des rapports tendus avec la directrice des établissements de santé des Iles du Nord. Quel rôle pouvez-vous jouer dans ce dossier ?
Un rôle d'animation interministérielle sur un dossier complexe qui ne concerne pas que la santé. A titre d'exemple la reprise des EVASAN de nuit est indispensable pour mieux protéger les habitants de Saint-Barth. Elle nécessite une coordination forte et je salue d’investissements de tous les partenaires. J'ai demandé au préfet délégué de s'investir fortement sur ce sujet afin d'aboutir rapidement à une solution. J'en fait une priorité.


La question de la maîtrise et de la consommation de l’énergie est un sujet prégnant à Saint-Barthélemy. Notamment en raison des structures vieillissantes d’EDF. Cette question sera-t-elle abordée lors de votre séjour ?
La question de l’énergie, en général, et de l’électricité constituent des sujets majeurs pour le ministre que je suis, sur toutes les îles françaises et en Guyane. Lorsque je présidai la commission de la régulation de l’énergie, soit il y a moins de quatre mois, j’ai eu l’occasion d’agir au profit des outre-mer, en y favorisant la mise en œuvre de solutions innovantes destinées à mieux couvrir les besoins des différents territoires ; j’y ai aussi acquis une connaissance fine des besoins et des limites particulières à chacun des réseaux électriques ultramarins.
J’y ai donc conscience qu’à Saint-Barthélemy, la centrale électrique est vieillissante et que la production permet difficilement de délivrer la puissance suffisante en période de forte affluence. J’ai ainsi demandé à M. Antoine Jourdain, directeur d’EDF SEI, de m’accompagner lors de mon déplacement à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin. L’objectif est de trouver avec lui les solutions concrètes permettant de sécuriser la fourniture d’électricité tout au long de l’année.


Qu’attendez-vous de vos rencontres avec les élus et les acteurs socio-professionnels de Saint-Barthélemy ?
Mon ambition est simple et se résume à créer de la valeur de manière durable et écologique. De la valeur économique bien sûr, mais également de la valeur patrimoniale, culturelle, sociale, afin de nourrir le rayonnement et le dynamisme de chacun des territoires d’outre-mer. Pour cela, la méthode que je souhaite mettre en place est fondée sur le dialogue sans tabou, pour construire avec les élus et les acteurs socio-professionnels, des solutions concrètes aux défis particuliers à chacun des territoires ultramarins.

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