Quel regard portez-vous sur les trois années de mandature écoulées ?
Sur la politique menée : Rien de nouveau. La majorité en place depuis 25 ans persiste à mener une politique de développement fondée sur une économie de l’urbanisation (et non du tourisme) qui profite majoritairement aux investisseurs extérieurs et à une infime partie de la population. On est bien loin des promesses électorales de 2017 de la liste Saint Barth d’Abord qui promettait en matière d’urbanisme de “mieux préserver le paysage, mieux intégrer les constructions et donner la priorité à l’habitat familial”… Sic! Rappelons que c’est sous cette mandature qu’a été délivré un second permis de construire à Autour du Rocher pour une construction (3.285 m2) comprenant 24 bâtiments et 3 piscines, le premier permis ayant été annulé par le tribunal administratif au motif d’une insertion paysagère insuffisante... Plus récemment encore, contre l’avis du CESCE et de la commission d‘urbanisme, le conseil exécutif a délivré un permis de reconstruction de l’Emeraude plage en sous-sol et R+1 sur la plage de Saint-Jean. Permis qui, s’il n’est pas retiré, va doubler la capacité d’accueil de l’établissement et quasi tripler les surfaces construites.
Ce ne serait pas si grave si nous avions un territoire extensible et si cette politique d’urbanisation n’avait pas une conséquence dramatique sur le marché locatif. Mais c’est le cas. Parce que l’essentiel des autorisations à construire concernent aujourd’hui la location saisonnière. Parce qu’une importante partie du marché des locations annuelles existantes a été happée par le secteur hôtelier pour loger le personnel. Les grands perdants ? La population qui voit sa qualité de vie et son environnement mis à mal chaque jour. Et surtout sa jeunesse dans l’impossibilité d’accéder à la propriété, quand ce n’est pas à un simple logement, alors que ces enfants ont vécu là toute leur vie !
Mais tout n’est pas perdu. Nous pouvons encore renverser la vapeur et mettre en oeuvre une politique qui privilégie vraiment la qualité de vie de sa population, par notamment une réelle protection de son environnement, la préférence aux constructions à visée d’habitat familial et location annuelle, et plus globalement encore, une meilleure considération des problèmes auxquels la population est confrontée au quotidien.
Quelles ont été vos principales actions ou combats depuis 2017?
Il n’y a pas la place ici pour détailler l’ensemble des propositions que nous avons faites, mais nous sommes en train d’en faire l’exercice et le publierons prochainement. A ce jour, nous menons deux types de combats : ceux qui portent une vision à long terme et ceux qui améliorent la vie de tous les jours. S’agissant des combats à long terme, celui pour la transparence des dossiers et du fonctionnement de la Collectivité ainsi que la veille constante en matière d’urbanisme sont les plus importants. Dans ce domaine nous, alertons régulièrement par écrit, tant la commission d’Urbanisme que le président de la Collectivité, sur les constructions illégales ou les transformations sans autorisation dont nous sommes informés. Dans la majorité des cas, cela n’amène aucune réaction.
Pour ce qui concerne les combats d’amélioration du quotidien, nous parlerons des plus récents comme le Forum de la Sécurité routière, une proposition refusée à plusieurs reprises par le président de la commission Transport-circulation-sécurité routière avant d’être reprise à son compte. L’opération “Troc de plantes” consistant à récupérer des plantes sur le point d’être détruites et de les donner à la Collectivité et aux personnes intéressées pour replantation. La proposition de faire passer de 38 à 450 euros l’amende sanctionnant la présence de chiens sur les plages. Cela peut paraître anecdotique, mais cela reste un problème sanitaire important. Ou encore la proposition de réintroduction de poubelles dans les quartiers incluant un ramassage nocturne.
Quels chantiers jugez-vous les plus urgents pour les deux ans qui viennent ?
Les choses sont très claires : la protection de l’environnement et de la qualité de vie par la maîtrise de l’urbanisation, l’aménagement du territoire et le lancement de politiques audacieuses en matière de logement, de prise en charge sociale et de développement des énergies renouvelables. Il y a urgence sur tous ces sujets.
Comment appréhendez-vous l’échéance électorale de 2022 ?
C’est un peu tôt pour le dire, mais les nombreux encouragements que nous recevons notamment de la part des jeunes qui se sentent exclus de la vie de l’île, nous incitent à réfléchir. On sent aussi que la population prend conscience de la dégradation rapide des conditions de vie. Mais est-elle prête pour le changement ? Nous voulons le croire.