A Saint-Barth, la quiétude de fin de saison n’est plus ce qu’elle était. En particulier au sein de la Collectivité territoriale. Si la crise a débuté depuis de longs mois au sein de l’institution, elle a pris une nouvelle tournure depuis la fin de la semaine dernière et la réunion organisée par le président Xavier Lédée sur le projet initial de délocalisation des écoles. Déjà en conflit interne avec les élus du groupe Action-Équilibre de Marie-Hélène Bernier (bien que la première vice-présidente se soit clairement placée en retrait depuis quelques semaines), la présidence doit désormais faire face aux invectives de Saint-Barth d’Abord (SBDA) et de son chef de file, Romaric Magras. Pour résumer la situation par un euphémisme, la retenue d’est plus de mise.
Tout a commencé par une publication de SBDA sur un réseau dit “social”. Le texte, titré « La maison brûle mais le président regarde ailleurs » attaque directement Xavier Lédée. « Dans un contexte de grande inquiétude du fait, à l’échelle de Saint-Barthélemy, d’une flambée de faits de délinquance et d’insécurité politique, le président qui doit honorer un déplacement officiel, prolongera par des vacances, est-il écrit. Dans le respect bien compris de sa vie privée, nous estimons que nous avons besoin d’un président disponible dans les moments difficiles et conscient des enjeux. » Il va sans dire que le président, en déplacement officiel à Stockholm, en Suède, n’a pas tardé à répliquer, toujours en ligne, le 2 juin.
Une présidence déstabilisée
Xavier Lédée relève « un timing parfaitement calculé » de la part de SBDA et « une tribune qui une nouvelle fois ne propose rien et cherche à faire de la polémique ». Après avoir assuré que « la situation est sérieuse et prise comme telle », il dévoile les procédés supposément employés par les élus des groupes Action-Équilibre et Saint-Barth d’Abord pour déstabiliser la présidence. Diffusion de mails internes à « caractère diffamant, délibérément faux et particulièrement agressifs », selon le président de la Collectivité, qui évoque des « tentatives de bloquer le travail, une pression régulière sur certains services », etc. Et d’affirmer : « Chacune de ces manœuvres de leur part vise à nuire au projet de la Collectivité pour m’atteindre. » Le même jour (le 2 juin), suite à la publication de cette réponse, Saint-Barth d’Abord ironise : «Vous êtes plus prompt à répondre quand il s'agit de vos vacances qu'aux emails des élus, des administrés ou pour payer les entrepreneurs qui travaillent pour la Collectivité. Encore une fois, vous réagissez quand c'est trop tard. »
Négociations en coulisse
Tandis que Xavier Lédée et Saint-Barth d’Abord s’écharpent en ligne, les négociations vont bon train entre le groupe de Romaric Magras et celui désormais pris en main par Bettina Cointre pour élaborer une motion de défiance. Si les deux parties réussissent à s’entendre, la présidence de Xavier Lédée pourrait s’achever bien plus tôt que prévu. « Les élus doivent prendre leurs responsabilités », lance Romaric Magras, qui estime sa candidature « légitime » pour prendre la place de Xavier Lédée en cas de motion de défiance. « Ça permettrait de sortir de cette crise qui dure depuis six mois. » En admettant qu’un tel changement ne provoque pas une seconde crise.
Annoncé pour le 27 juin, le prochain conseil territorial promet d’être très agité. Car désormais, la guerre est déclarée.
La motion de défiance, comment ça marche ? Comme il est stipulé dans la Loi organique, le conseil territorial peut mettre en cause la responsabilité de son président par le vote d'une motion de défiance (article LO 6222-4). Celle-ci doit mentionner, d'une part, les motifs pour lesquels elle est présentée et, d'autre part, le nom du candidat appelé à exercer la fonction de président du conseil territorial en cas d'adoption de la motion de défiance. |