Saint-Barth -

Entre étude et controverse, la santé au cœur des débats

S’il est un sujet qui n’a pas manqué d’animer les discussions et les débats lors de la semaine qui vient de s’écouler, c’est sans nul doute celui de la santé. Ou, plus précisément, celui de l’évolution de l’offre de soins à Saint-Barthélemy. Que ce soit sur l’île, lors du conseil territorial qui s’est tenu le lundi 6 mars, mais aussi à Paris, au Sénat (lire ci-contre). En effet, deux délibérations d’importance consacrées à la santé ont été examinées et votées par les élus. La première sur le projet de construction d’un pôle santé à Saint-Jean, sur le terrain qui fait face au supermarché. La deuxième sur la proposition de bail de la future Maison de la santé, également à Saint-Jean mais située derrière les Sables. Une délibération qui a soulevé de nombreuses critiques de la part des conseillers territoriaux du groupe d’opposition Saint-Barth d’Abord (SBDA).

Eviter de « faire les mauvais choix »
Sur le dossier du pôle santé, la première vice-présidente Marie-Hélène Bernier a commencé par expliquer que la délibération ne portait que sur le lancement d’une étude. « Il ne s’agit pas d’engager un projet de construction mais de savoir si ce projet est opportun et si on remplit tous les critères », indique-t-elle avant de préciser qu’un protocole d’accord va être prochainement signé avec la direction de l’hôpital, l’Agence régionale de santé et la préfecture. « Tous pourront donner leur avis au fil de l’étude dont on estime la durée à trois mois », assure l’élue.
Pour Romaric Magras, chef de file de l’opposition, la Collectivité devrait « travailler prioritairement sur l’hôpital » plutôt que d’envisager de bâtir une nouvelle structure. Et de reprocher à la majorité de se lancer dans une nouvelle étude qui « fait perdre du temps ». Pour Alexandra Questel, également élue d’opposition, « le problème de l’hôpital est son fonctionnement et son financement mais pas son infrastructure, surtout quand on sait que les 4,7 millions d’euros du plan Ségur vont être investis ». Le président de la Collectivité, Xavier Lédée, réplique : « Je pense que les études font plutôt gagner du temps car elles évitent de faire de mauvais choix. C’est notre premier budget alors si on peut apporter une réponse dans un délai de trois mois, ça me va. » Quant à Marie-Hélène Bernier, elle insiste sur le fait que « tous les professionnels de santé ont été consultés » et, sur l’insistance d’Alexandra Questel, précise que le coût de l’étude sera de 18.050 euros. Il va sans dire que les six élus du groupe Saint-Barth d’Abord ont voté contre cette délibération, adoptée toutefois à la majorité. Mais l’opposition a pu à nouveau exprimer sa désapprobation lors de l’examen du point suivant : le bail de la future Maison de la Santé.

« 26 millions en cas de coup dur »
Le sujet a été abordé dans l’édition du JSB de la semaine dernière (1509). « Nous avons lancé une bouteille à la mer pour accueillir les professionnels de santé, explique Xavier Lédée. Nous avons reçu plusieurs réponses. » Dont celle présentée en conseil, qui porte sur un immeuble dont la construction s’achève derrière les Sables, à Saint-Jean. Une structure qui offrira cinq espaces distincts qui seront mis à disposition des praticiens contre un loyer journalier qui oscillera entre 100 et 200 euros. De son côté, la Collectivité s’engage sur un bail de dix ans à raison d’un loyer de 20.250 euros par mois. Avant même que les critiques ne pleuvent, Marie-Hélène Bernier donne lecture d’un extrait de l’un des discours de Romaric Magras lors de la campagne électorale de 2022, dans lequel il se dit favorable à la création d’une Maison de la santé. Un point que l’élu d’opposition ne conteste pas, car c’est davantage sur le choix du lieu et du bâtiment que se portent ses réticences. Il évoque une autre proposition qui avait été soumise au président Lédée voilà quelques mois (JSB 1509), pour un coût bien moindre. Marie-Hélène Bernier répond : «C’est un terrain à Gustavia de l’ancien président, Bruno Magras, qui n’est pas encore construit. » Un argument de poids pour la majorité qui s’est engagée à trouver des solutions rapides aux problèmes de l’offre de soins sur l’île.
Pour Romaric Magras, le bail soumis au vote des élus «n’est pas raisonnable » et il soutient que la Collectivité peut « se tourner vers des locaux plus petits ». Alexandra Questel insiste : « Le projet n’est pas adapté. » Quant à Francius Matignon, il lance : « Nous ne sommes pas contre une Maison de la santé mais nous sommes les garants de la gestion de la Collectivité. » Tandis que Marie-Hélène Bernier affirme ne se faire « aucun souci » sur le futur bon fonctionnement de la structure, Xavier Lédée précise : « Compte tenu du coût que représente un déplacement à Saint-Martin pour consulter un spécialiste, je suis fier de pouvoir offrir cette solution à la population. Par ailleurs, en cas de coup dur, je rappelle que la collectivité dispose d’une réserve de 26 millions d’euros. »
Lors du vote, les six conseillers de Saint-Barth d’Abord s’opposent. Dans les rangs de la majorité, seule Caroline Morel s’abstient. La délibération est donc adoptée à la majorité.

 

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Les précisions de Bruno Magras

Cité à plusieurs reprises lors de la séance du conseil territorial du 6 mars, notamment en ce qui concerne sa proposition de terrain et de construction pour accueillir la Maison de la santé, l’ancien président de la Collectivité Bruno Magras a tenu à apporter des précisions au JSB. « J’ai cru bien faire en proposant cette solution, affirme d’emblée l’ancien élu. J’ai conçu un projet à la demande de Biopole, le laboratoire d’analyses médicales, car leurs locaux sont devenus trop petits et hors norme. » Il a consulté une experte afin d’obtenir une analyse locative qui, sans les devis définitifs de construction, se montaient à 60 euros le m2 par mois au rez-de-chaussée de 234 m2 (soit 14.000 euros par mois) et à 40 euros le m2 par mois pour les quatre appartements à l’étage de 200 m2 (soit 8.000 euros par mois). Biopole a estimé le prix trop élevé donc, en novembre, Bruno Magras a soumis son projet à Xavier Lédée pour la future Maison de la santé. « J’ai proposé de construire l’immeuble, à eux ensuite de discuter avec le laboratoire pour le rez-de-chaussée, explique l’ancien président. Des salles de consultation pour des spécialistes auraient pu être conçues à l’étage. » Aujourd’hui, Bruno Magras affirme qu’il « ne conteste pas la décision de la Collectivité », même s’il se dit sceptique sur le fonctionnement du futur dispositif.

 

Journal de Saint-Barth N°1510 du 10/03/2023

Une consommation qui assèche l'île
La santé au coeur des débats

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