Si le nom de Micheline Jacques est celui qui circule avec insistance depuis quelques mois pour devenir sénatrice dans un an, d’autres candidats se sont signalés, et certains hésitent encore. Le soutien de Bruno Magras à l’un ou l’autre sera décisif.
Dix-neuf élus du conseil territorial, un sénateur et une députée : seuls les grands électeurs votent pour les élections sénatoriales, et sur notre île, ils sont 21 en tout et pour tout. Dont dix-huit qui appartiennent à la majorité locale. Ce n’est un secret pour personne : le candidat qui obtiendra le soutien officiel du président Bruno Magras aura les plus grandes chances de l’emporter.
Si l’échéance paraît encore lointaine, en coulisses, les tractations ont commencé. Micheline Jacques, vice-présidente en charge de l’environnement, a été la première à faire savoir sa candidature au sénateur Michel Magras et au président de la Collectivité. Interrogée sur ses motivations, elle n’a pas souhaité répondre. Si elle paraît la mieux placée à ce jour pour être élue représentante de Saint-Barthélemy sur la scène nationale, en septembre 2020, d’autres ont envie de se lancer.
Marie-Angèle Aubin confirme sa candidature
Marie-Angèle Aubin confirme qu’elle a informé le Sénateur et le Président de sa candidature. Pour autant, la conseillère exécutive ne souhaite pas non plus ajouter de commentaire. Troisième nom de la majorité qui circule, celui de Romaric Magras. « Le groupe Saint-Barth d’Abord évoquera sans doute la question en temps utile de présenter ou soutenir une candidature. Je continue à remplir mon mandat, et à assumer mes responsabilités, quant à un mandat de sénateur, ce n’est pas d’actualité... pour le moment. L’avenir nous le dira », élude le conseiller territorial.
Ni Hélène Bernier, ni Inès Bouchaut-Choisy
Les négociations vont bon train au sein de l’équipe Saint-Barth d’Abord, l’objectif étant d’aboutir à une candidature unique pour la majorité. Mais il faudra composer avec les ambitions de chacun. Outre Micheline Jacques, Marie-Angèle Aubin et Romaric Magras, d’autres élus pourraient d’ailleurs être tentés.
Côté Saint-Barth Autrement, Hélène Bernier, que certains voyaient très intéressée par le poste, réfute d’une taquinerie : « Non, pas du tout candidate, il y en a déjà trop ! » Quand à son colistier Maxime Desouches, il considère qu’il est «prématuré » d’aborder le sujet sénatoriales, un an avant le scrutin.
Ce délai laisse en tout cas toutes les possibilités ouvertes pour d’éventuels candidats issus de la société civile. Inès Bouchaut-Choisy, dont le mandat au CESE s’arrête justement en septembre 2020 ? «Non, je ne serai pas candidate », tranche-t-elle. Candidat saugrenu des législatives de 2017, Richard Lédée est partant pour les sénatoriales : « Plutôt deux fois qu’une ! » D’autres personnalités de l’île pourraient très bien prétendre devenir sénateur ou sénatrice : pour être candidat, il suffit d’être de nationalité française, inscrit sur les listes électorales de Saint-Barthélemy et d’être âgé de plus de 24 ans. Et pour être élu, de convaincre la majorité des vingt-et-un grands électeurs de Saint-Barthélemy.
_________________
2020 ou 2021 ?
Il plane une grande inconnue sur le scrutin de septembre 2020. La loi dite de “renouveau de la vie démocratique” pourrait bien venir bouleverser le calendrier électoral du Sénat. Le gouvernement a déjà annoncé sa volonté de supprimer 87 sièges de sénateurs, passant de 348 à 261 élus. Le président du Sénat Gérard Larcher espère en garder 20 de plus et se dit « intransigeant » sur la représentation de chaque territoire. Quoi qu’il en soit, il est fort possible que les circonscriptions de Saint-Barthélemy et Saint-Martin soient fusionnées pour n’en former qu’une seule. Pour appliquer cette réforme des institutions qui n’est pas encore votée, le gouvernement a expliqué qu’il envisageait un renouvellement total du Sénat en septembre 2021. Ce qui prolongerait d’un an le mandat de la moitié des sénateurs, dont celui de Michel Magras. Mais amputerait de deux ans le mandat de l’autre moitié des sénateurs. «C’est contraire à la Constitution », tranche Gérard Larcher, farouchement opposé à l’idée, qui livre avec Emmanuel Macron, depuis des mois, un bras de fer sur cette réforme. L’éventualité d’un renouvellement complet en 2022 voire 2023 est aussi évoquée par certains. Bref, tout peut changer dans les mois qui viennent, au fil des négociations politiques et des débats sur cette loi à l’Assemblée nationale puis au Sénat.
Les sénateurs sont élus pour six ans au suffrage universel indirect. C’est à dire que ce ne sont pas les citoyens qui votent directement, mais leurs représentants : députés, conseillers régionaux, conseillers départementaux et conseillers municipaux. Pour Saint-Barthélemy, donc, les grands électeurs sont les élus du conseil territorial, et les deux parlementaires de la circonscription. Tous les trois ans, le Sénat se renouvelle de moitié et élit un président.
Tout citoyen inscrit sur la liste électorale de la circonscription peut se présenter pour devenir sénateur, avec un suppléant, en respectant la parité hommes-femmes.