Micheline Jacques part au Sénat. Elle propose de laisser sa place à la présidence de l’ATE, mais conserve celle de la commission environnement. Elle est contrainte de quitter le conseil exécutif et la direction du groupe scolaire de Gustavia.
Vendredi au conseil territorial, Micheline Jacques a donc annoncé publiquement sa candidature, l’avant-veille du scrutin, en lisant à ses confrères la lettre qu’elle leur avait distribuée. Son élection déjà jouée pour le Sénat engendre des questions sur la suite.
L’école, l’ATE, l’Assemblée
Côté groupe scolaire de Gustavia, elle se met en disponibilité de l’éducation nationale. Marie-Noëlle Largitte la remplacera à la direction, épaulée par Sandra Lédée-Bernier.
Suppléante de la députée de Saint-Martin et Saint-BArthélemy Claire Javois-Guion-Firmin, « ça ne pose pas de problème», indique Micheline Jacques. Sauf si la députée en place devait être empêchée ou promue ministre, car personne ne peut cumuler un siège à l’Assemblée nationale et un siège au Sénat.
Concernant l’Agence territoriale de l’environnement, qu’elle préside, elle a proposé de « laisser la place », tout en se disant prête à conserver ce titre si personne ne souhaite l’assumer.
Micheline Jacques reste présidente de la commission environnement, qu’elle dirige depuis 2017. De quoi en chagriner certains, qui considèrent que la politique environnementale de la Collectivité patauge, et ne risque pas de s’accélérer avec les nouvelles responsabilités de Micheline Jacques.
Bruno Magras l’a lui-même reconnu le 24 août dernier : «Sur l’environnement, nous n’avançons pas assez vite. » En décembre 2018, la Collectivité avait organisé les premières Assises de l’environnement et de l’énergie. Les nombreux intervenants de cette semaine dense (47 mini-conférences) ont montré que le territoire avait des aspirations fortes, des idées et surtout des compétences pour les mener à bien. Même ceux qui n’étaient pas séduits a priori par ce colloque modèle géant, le Président le premier, ont salué la richesse des échanges à l’issue de la semaine.
Mais depuis rien n’a été concrétisé. Et ce malgré les annonces fortes lancées par Micheline Jacques ces dernières années : plastique à usage unique banni, déploiement de photovoltaïque, labellisation des entreprises vertueuses et des initiatives locales, interdiction de ré-ensabler les plages, organisation d’une fête de l’écologie, communication spécifique auprès des touristes… (JSB 1306, 1307, 1352). Si rien ne se matérialise, c’est surtout parce que le Code de l’environnement créé en 2009 n’a pas bougé depuis 2017. Sa révision est ouverte depuis plusieurs années. Il nécessite d’être complété, en adéquation avec les spécificités de Saint-Barth. Sur certains sujets, c’est évidemment compliqué : la Collectivité est compétente en matière d’environnement, mais dépend aussi du code rural national, par exemple.
A quand le Code
de l’environnement ?
Pour cela, un cabinet spécialisé, In Extenso, avait été chargé de rédiger un projet. Fin 2018, les avocats de cette société spécialisée étaient venus présenter leurs travaux à la population, au cours des fameuses Assises de l’environnement. Le conseil territorial devait se prononcer en juin 2019. Mais entre-temps, la Collectivité a jugé que les propositions des experts étaient trop contraignantes pour Saint-Barth, administrativement trop lourdes.
En décembre 2019, un an après, Micheline Jacques annonçait dans nos colonnes que ce nouveau Code pourrait être soumis à la consultation du public début 2020. Force est de constater que, fin 2020, ce n’est toujours pas à l’ordre du jour.
Maxime Desouches, élu Saint-Barth Autrement, n’a pas manqué de soulever le sujet vendredi au conseil territorial. « Où est-ce qu’on en est aujourd’hui ? » « Je ne lâche pas le Code de l’environnement, je m’engage à poursuivre le travail. ça ne sert à rien à mon sens d’édicter des règles qui ne sont pas réalisables et qu’on ne peut pas tenir après. On avance, au fur et à mesure. Je compte aussi sur le civisme de chacun car l’environnement est l’affaire de tous. J’espère qu’incessamment sous peu on pourra le valider de manière définitive. » « Mais, il y a une date, ou pas ? Un mois, six mois, un an ? » insiste Maxime Desouches. « D’ici la mi-juin 2021 il sera voté de manière définitive », répond Micheline Jacques.
Et Bruno Magras de voler au secours de sa vice-présidente : « J’ai le projet de code sur mon bureau, que je lis article par article. Je ne souhaite pas conduire le conseil territorial à adopter un document qui consisterait à se tirer une balle dans le pied. Le code ne viendra à l’analyse des élus qu’une fois qu’on estimera qu’il correspond à la réalité de Saint-Barthélemy. »
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