Saint-Barth - Elections Urne

Elections territoriales - Pourquoi un deuxième tour semble s’annoncer

La campagne électorale pour les Territoriales est officiellement lancée depuis lundi et, déjà, la probabilité d’un deuxième tour est évoquée. Il s’agirait d’une première à Saint-Barthélemy.

 

De mémoire d’électeur, jamais les habitants de Saint-Barthélemy n’ont eu à se déplacer deux fois dans les bureaux de vote lors d’une élection locale. Lors de chaque scrutin de l’histoire récente, un seul tour a suffi pour élire le nouveau maire (en 1995 et 2002) puis le président de la Collectivité (2007, 2012 et 2017). Enfin, nouveau, pas vraiment puisque Bruno Magras a été systématiquement plébiscité depuis 1995. Néanmoins, des évolutions marquantes ont pu être remarquées lors des deux derniers scrutins de 2012 et 2017.
Lors du premier, le taux de participation a fortement chuté par rapport à l’élection précédente puisqu’il est passé de 98,9% en 2007 à 69,63% en 2012. Cela n’a pas empêché Bruno Magras et son groupe Saint-Barth d’Abord de récolter 73,78% des voix en 2012, soit davantage qu’en 2007 (72,23%). En revanche, la donne a quelque peu changé en 2017.
En effet, si l’éternel président a encore été élu au premier tour, ce n’est en recevant « que » 53,65% des suffrages exprimés, lors d’une élection pour laquelle 67,27% des inscrits ont participé. Conséquence directe : après avoir eu à composer avec trois élus d’opposition lors de ses mandats précédents, Bruno Magras et son équipe ont vu s’installer cinq conseillers opposants autour de la table. Une - très - légère diminution de « l’influence » du président qui devrait, selon toute vraisemblance après son départ, se refléter dans les votes exprimés lors du premier tour de scrutin du dimanche 20 mars. Pour plusieurs raisons.
La première, évidente, est que Bruno Magras n’est plus candidat. Certes, il apporte un soutien actif à Romaric Magras qui a hérité de la tête de liste de Saint-Barth d’Abord. Mais cette liste n’a plus grand-chose à voir avec celle conduite par le président sortant. De fait, seuls la sénatrice Micheline Jacques, le président du comité du tourisme Nils Dufau et Francius Matignon ont accepté de poursuivre avec Romaric Magras.
Pour des raisons aussi diverses que variées, Nicole Gréaux, Elodie Laplace, Juliette Gréaux, Corinne Fébrissy, Ernest Brin, Séraphyn Danet, Alfred Brin et Andy Laplace se sont éclipsés. Par conséquent, Saint-Barth d’Abord affiche un profond renouvellement. Rien d’inhabituel, puisque Bruno Magras n’a jamais hésité à mener une liste revisitée. La seule différence est que, cette fois, les « nouveaux » ne sont pas dirigés par le grand commandeur. Et puis Saint-Barth d’Abord n’est pas la seule à proposer une conjugaison de changement et d’une certaine continuité.
Pour exemple, Marie-Hélène Bernier est parvenue à convaincre Bettina Cointre de rejoindre sa liste, Saint-Barth Action-Equilibre. Bettina Cointre qui a été élue conseillère territoriale en 2017 après avoir conduit sa propre liste lors de la campagne électorale (Tous pour Saint-Barth, 7,7%). Maxime Desouches, qui vient de siéger cinq ans aux côtés de Marie-Hélène Bernier après avoir été élu à la tête de sa propre liste en 2007 et 2012, est également de l’aventure. A leur expérience viennent se greffer de nouveaux engagés dans l’action politique.
Au sein de Unis pour Saint-Barthélemy, Xavier Lédée s’est également efforcé d’associer le vécu à la découverte. Notamment en réussissant à convaincre Marie-Angèle Aubin, élue de la majorité devenue transfuge, à le rejoindre sur sa liste. Une alliée de poids puisque la conseillère territoriale, présidente de l’Agence territoriale de l’environnement (ATE), était davantage attendue du côté de Marie-Hélène Bernier ou à la tête de sa propre liste. Comme ses adversaires, Xavier Lédée a donc su rallier de nouvelles « têtes » mais également en convaincre de plus « anciennes » de le suivre.
Aussi, entre la composition des listes, les changements de bord et autres ralliements de plusieurs élus, le tout en l’absence de Bruno Magras, ­difficile d’imaginer qu’une seule tête de liste parvienne à réunir plus de 50% des voix dès le premier tour de scrutin, le 20 mars. Il est donc raisonnable d’envisager que Saint-Barth connaisse son premier ­deuxième tour depuis des lustres.

 

Journal de Saint-Barth N°1463 du 10/03/2022

Les adieux de Bruno Magras à la présidence
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