Avez-vous l’intention de tendre vers une transition énergétique ? Si oui, quel est votre plan ?
Romaric Magras :
« Saint-Barthélemy bénéficie de la péréquation tarifaire de l’électricité, ce qui signifie que nous payons l’électricité au même tarif que l’ensemble du territoire national, alors même que son prix réel est nettement plus important. Nous tenons à préserver ce principe et l’établissement d’une programmation pluriannuelle de l’énergie est pour cela une obligation à laquelle nous devons satisfaire. L’engagement est d’ores et déjà pris auprès d’EDF. Dans un premier temps, les moteurs de la centrale de Public, seront remplacés par des moteurs nouvelle génération, bénéficiant d’une technologie moins consommatrice de carburant, renforcés par des batteries de stockage qui optimiseront la production. Le développement des énergies renouvelables doit se faire à une double échelle. Individuellement, en encourageant le recours aux panneaux solaires, première énergie renouvelable dont nous disposons. Pour les villas très énergivores, nous envisagerons d’exiger la présentation d’un plan d’amélioration de leurs performances énergétiques. La technologie offre un large choix d’équipements intelligents alliant économie d’énergie et confort de vie. Plus largement, le rachat par EDF du surplus d’énergie produit par les particuliers et les professionnels, permettra d’alimenter l’ensemble de l’île en électricité solaire. Avec EDF et l’ADEME nous poursuivrons l’élaboration de notre programme énergétique, en nous inspirant également de modèles de smart islands, notamment européennes. »
Xavier Lédée :
« La maîtrise de notre consommation énergétique est essentielle pour l’avenir de l’île. Si la transition énergétique se voit souvent à grande échelle avec des nouveaux moyens de production, je pense que sur un petit territoire comme le nôtre, la première étape est de modifier nos comportements individuels. Dans notre quotidien, nous devons apprendre à mieux consommer que ce soit au niveau de notre population ou au niveau de l’accueil de notre clientèle. La Collectivité doit être un modèle à ce niveau, et nous travaillerons à optimiser la consommation énergétique de tous les bâtiments de la Collectivité. Nous mettrons aussi en place un système incitatif pour l’utilisation des énergies propres dans les constructions nouvelles. A travers l’écriture de nos différents codes, nous prendrons la mesure des évolutions nécessaires pour faire face à ce challenge. En effet, nous démarrons sans attendre la réécriture d’un code de l’énergie adopté en urgence il y a quelques mois et travaillerons sur les parties construction et habitation qui doivent compléter le code de l’urbanisme. Ces outils nous permettront de repenser notre consommation énergétique. Enfin à un niveau plus institutionnel, nous devrons garantir la revente à EDF des surproductions individuelles d’énergie et nous assurer que le prix pour l’usager de sa consommation reste le plus stable possible. Nous mènerons des études plus poussées sur l’utilisation possible des ressources naturelles locales (soleil, houle…). Quoi qu'il en soit, la situation actuelle en Ukraine et plus généralement en Europe nous rappelle à quel point le système actuel est précaire et à quel point nous devons rester vigilants sur ce sujet. »
Marie-Hélène Bernier :
« Nous dépendons à 99% du pétrole pour la production électrique. Je vois mal comment ce système va pouvoir perdurer très longtemps. La seule question qui se pose aujourd’hui, c’est plutôt quand et comment ! Quand? Le plus tôt possible. On a déjà perdu suffisamment de temps, si vous voulez mon avis. Comment ? L’avantage d’être en retard en la matière, c’est qu’on bénéficie de l’expérience des autres… Première étape, mettre en œuvre la première Programmation Pluriannuelle de l’Énergie de Saint-Barthélemy. La PPE, c’est un outil de planification de la transition énergétique qui fixe des objectifs en matière de Maitrise de la Demande en énergie (comment on consomme moins), de sécurité d’approvisionnement (un vrai sujet) et du développement des énergies renouvelables, la partie la plus innovante, la plus stimulante du programme. Avec une durée d’ensoleillement de plus de 2550 heures par an (1600 en moyenne en métropole), l’énergie solaire est une solution qui s’impose à nous. Comment ? Les innovations en matière d’énergie sont importantes et rapide, et ce qui était impossible il y a deux ans, entre dans le domaine du réel aujourd’hui. Les solutions qui émergeront de la PPE seront certainement un mix entre réduction de notre consommation électrique, autoproduction et affermage. Dans l’équation, on retrouvera j’en suis sûre le recours accru à une architecture bioclimatique, l’installation généralisée de compteurs intelligents, de smart grid, de panneaux et d’éclairage solaire. Je suis par ailleurs favorable à aider les particuliers à s’équiper et bien sûr à la réintroduction dans le code de l’urbanisme de l’obligation de chauffe-eau à base d’énergie solaire pour toute nouvelle construction. C’est un minimum. »