3 - Que comptez-vous faire pour lutter contre l’augmentation croissante des vols et des incivilités sur l’île et ainsi renforcer la sécurité des habitants ?
Marie-Hélène Bernier :
« Nous prenons très au sérieux tout sujet ayant un impact négatif sur le bien-être et la sécurité de l’île. On me dit que le nombre de vols n’a pas réellement augmenté. Certes, mais ils sont plus spectaculaires. Je pense notamment aux cambriolages de cinq bijouteries entre fin 2020 et ce début d’année. Les infractions routières sont en revanche plus nombreuses. Quoiqu’il en soit, nous ne devons pas tolérer un certain niveau de criminalité ou d’incivilité. Nous devons constamment travailler à sa réduction, même si la compétence de la protection des biens et des services est principalement du ressort de l’Etat. Que pouvons-nous faire ? Renforcer les effectifs de la police territoriale et compléter leur formation afin de mieux soutenir l’action des gendarmes en matière de lutte contre la délinquance. Nous devons aussi parvenir à mieux contrôler l’identité des personnes arrivant par voie maritime et procéder plus régulièrement à ce type d’opérations sur le territoire.
Nous avons également l’intention de travailler en étroite collaboration avec les gendarmes, la police territoriale et rencontrer les commerçants et les employeurs de l’île pour entendre leurs attentes, les informer des bonnes pratiques, des mesures à prendre pour protéger leurs commerces ou encore s’assurer des antécédents judiciaires de leurs employés potentiels. En matière de sécurité routière, une préoccupation majeure, nous allons réitérer les messages de prévention sous de nouvelles formes, organiser chaque année un forum de la sécurité routière pour sensibiliser nos jeunes sur le long terme et impliquer dans la réflexion les employeurs de travailleurs saisonniers, principaux conducteurs de deux-roues qui ont le plus d’accidents. Le cas échéant, nous demanderons au procureur de réactiver un temps le GLTD, ce groupe local de sécurité routière regroupant gendarmes, police territoriale, justice, Collectivité, préfecture. »
Xavier Lédée :
« Tout d’abord, permettez-moi de faire un point de situation. Nous avons tous été choqués par les faits marquants de ces dernières années comme les braquages ou plus récemment le comportement d’un conducteur dangereux dans Gustavia. Nous ne devons pas pour autant entrer dans une psychose car Saint-Barth n’est pas devenu une zone de non-droit. Ce constat fait, nous ne devons pas non plus rester spectateurs de cette évolution qui n’est en adéquation ni avec notre cadre de vie, ni avec nos ambitions en matière touristique. Pour éviter que les choses ne s’aggravent, nous devons agir sur plusieurs points. Nous devons donner les moyens d’agir à notre police territoriale : les moyens humains avec une augmentation des effectifs indispensable à une refonte du service, mais aussi les moyens technologiques au premier rang desquels l’accélération du déploiement des caméras de sécurité. Nous devons aussi avoir un message clair auprès de tous pour qu’il n’y ait aucun doute sur notre volonté d’arrêter ce laisser-faire qui permet petit à petit aux actes de délinquance de se banaliser. S’il n’est pas question de stigmatiser, nous souhaitons mettre en place un système où des éducateurs spécialisés travailleront de concert avec le service social afin d’aider certains jeunes qui auraient des comportements répréhensibles et se sentent un peu perdus dans leur évolution avec pour objectif le dialogue. Un meilleur contrôle de nos frontières et une optimisation des relations entre police et gendarmerie sont aussi nécessaires. Nous souhaitons obtenir le retour d’une Police de l’Air et des Frontières à part entière. »
Romaric Magras :
« Nous faisons face à une montée de délinquance qui est un réel enjeu du prochain programme et je veux d’abord rappeler que la sécurité publique se co-construit avec l’État, présent par le biais de la gendarmerie. Nous renforcerons, aussi, cette coopération, en demandant une présence stabilisée et une augmentation de ses effectifs dans l’île. La collectivité, quant à elle, intervient essentiellement par le biais de la police territoriale dont nous prévoyons d’ajuster le fonctionnement pour augmenter ses plages horaires d’intervention. Pour cela, il nous faudra renforcer ses effectifs. En complément, la vidéosurveillance, déployée de manière homogène à des points stratégiques, assurant une couverture de l’ensemble de l’île, constitue un outil dissuasif tout en favorisant des interventions plus rapides en cas de besoin et bien sûr, un traçage en cas de fuite. La rapidité des interventions sera confortée par un partenariat avec les sociétés de sécurité privées, avec lesquelles la police territoriale agira en coordination. Agir suppose aussi de prévenir par un plan local de prévention de la délinquance, s’appuyant sur des campagnes de sensibilisation et de prévention des addictions. Comme j’ai eu l’occasion de le dire, c’est un sujet que j’aborde avec sang-froid et discernement, il s’agit de ne pas sous-estimer la situation mais aussi de ne pas suralimenter les peurs. »