Ce samedi, les 5.257 électeurs de Saint-Barthélemy et les 19.970 de Saint-Martin sont appelés à désigner leur représentant à l’Assemblée nationale. Pour ce second tour de scrutin, ils devront choisir entre la candidate Saint-Barth Alexandra Questel et le député sortant Frantz Gumbs.
A en croire de nombreux observateurs, les chances de retrouver Alexandra Questel et son suppléant Gilbert Rousseau au second tour de ces élections législatives anticipées étaient quasiment nulles. Perdue au milieu de sept autres candidats de Saint-Martin, dont le député sortant Frantz Gumbs et sa suppléante Mélissa Lake, la seule candidate Saint-Barth semblait vouée à un galop d’essai honorifique pour sa première candidature à une élection. Il n’en a rien été.
Il va sans dire que la présence d’Alexandra Questel au second tour est le fruit d’un travail de campagne des plus efficaces. Particulièrement à Saint-Barthélemy où elle a récolté 1.174 voix, contre seulement 462 à Frantz Gumbs. Mieux, le dynamisme de sa campagne et les soutiens dont elle a bénéficié (notamment le président honoraire de la Collectivité, Bruno Magras, l’ancien sénateur Michel Magras ainsi que des personnalités influentes de l’île) ont permis de mobiliser près de 40% des électeurs. Soit près du double que pour les législatives de juin 2022. Une participation qui a été déterminante dans le résultat du premier tour et qui le sera encore davantage ce samedi 6 juillet.
Des candidats au soutien d’Alexandra Questel
En effet, la candidate de Saint-Barthélemy ne peut espérer inquiéter le député sortant si l’électorat de l’île ne lui apporte pas un soutien massif dans les urnes. Car en face, à Saint-Martin, Frantz Gumbs a littéralement survolé le premier tour.
Avec 2.405 voix saint-martinoise, le député sortant a très largement devancé tous les autres candidats sur ses terres. Alexandra Questel comprise, puisqu’elle n’a séduit que 204 électeurs de Saint-Martin samedi dernier. Par conséquent, c’est aussi là que va se jouer l’issue du scrutin.
Parmi les candidats écartés par la population au premier tour, Daniel Gibbs (suppléant de Philippe Philidor) appelle les électeurs à aller voter « en leur âme et conscience » au second tour, mais précise : « Pour ma part, je voterai pour Alexandra Questel. » Philippe Philidor se montre moins clair dans une publication en ligne, appelant les électeurs à faire « le choix de la compétence » en votant « pour le progrès ». Hervé Meunier invite ses électeurs à «reporter leur voix sur Alexandra Questel », tout comme le candidat du parti Reconquête, Clément Chapdelaine.
Du côté de Frantz Gumbs, les soutiens viennent directement des présidents des collectivités territoriales. A Saint-Barthélemy, Xavier Lédée ne s’est pas exprimé dans l’entre-deux tours mais il avait clairement affirmé sa position après l’annonce de la candidature du député sortant. Quant à Louis Mussington, il mène à Saint-Martin une campagne des plus vigoureuses en faveur de son conseiller territorial. Trop, estiment des soutiens à Alexandra Questel.
Louis Mussington dérape
Dans un entretien accordé à Youth Radio, Louis Mussington insiste sur le fait que la candidate de Saint-Barth fait partie du groupe Saint-Barth d’Abord. « Ce sera donc Saint-Barth avant Saint-Martin », affirme-t-il. Sur une autre vidéo, il déclare : « On ne peut pas permettre que quelqu’un de l’extérieur, une étrangère, quelqu’un qui n’est pas de notre équipe, soit élue à la place de Frantz Gumbs. » Une sortie qui n’a pas manqué de faire réagir Romaric Magras.
Dans un courrier adressé au président Lédée, le chef de file de Saint-Barth d’Abord dénonce « un ostracisme intolérable » et se dit « indigné de cette déclaration ». Il écrit : « Ces propos sont non seulement désobligeants pour notre candidate, pour les habitants de notre île, mais aussi pour Mélissa Lake, la remplaçante du député sortant. Elle ne serait donc pas digne de le remplacer en cas de besoin. »
Par ailleurs, la sénatrice de Saint-Martin Annick Pétrus a publié une vidéo en ligne dans laquelle elle apporte son soutien à Frantz Gumbs. Rien de plus normal. Toutefois, elle ne mentionne jamais Saint-Barthélemy, qui ne semble pas revêtir un intérêt pour elle. « C’est la première fois que la campagne législative se déroulent dans un tel contexte, et je le déplore », regrette Romaric Magras. Et de s’insurger : « Est-ce parce que Saint-Barthélemy a eu l’audace de présenter une candidate ? Je rappelle que constitutionnellement, les députés représentent l’ensemble de la Nation, les sénateurs, les collectivités territoriales. »
Si l’ambiance entre les deux candidats apparaît des plus courtoises, il n’en est pas de même entre certains de leurs supporters. Particulièrement du côté de Saint-Martin. Quoi qu’il en soit, la deuxième partie de campagne s’avère nettement moins amicale que la première. Sans doute en raison de l’enjeu et de la menace que représente, finalement, la présence d’une candidate Saint-Barth au second tour.
