Huit candidatures ont été enregistrées pour le siège de député de Saint-Barthélemy et Saint-Martin. Face au sortant, Frantz Gumbs, six candidats de Saint-Martin et une prétendante de Saint-Barth, Alexandra Questel, vont tenter de convaincre les électeurs des deux îles.
Un fauteuil pour huit. Député sortant, Frantz Gumbs ne s’attendait sans doute pas à voir se présenter autant de candidats face à lui pour les élections législatives anticipées. Pourtant, après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, Emmanuel Macron, au soir du dimanche 9 juin, la perspective de briguer un mandat de parlementaire a rapidement été perçue comme attrayante. Pour diverses raisons propres aux différents prétendants, bien entendu. Quoi qu’il en soit, ils seront huit à se présenter devant les électeurs de Saint-Barthélemy et Saint-Martin le samedi 29 juin, jour du premier tour. Le second étant programmé pour le samedi suivant, le 6 juillet.
Alexandra Questel, la candidate Saint-Barth
Première originalité, la présence d’une candidate de Saint-Barthélemy, Alexandra Questel. La première depuis Inès Bouchaut Choisy en 2017 (défaite au second tour face à Claire Guion-Firmin). Conseillère territoriale au sein du groupe Saint-Barth d’Abord, présidente du Comité du tourisme, Alexandra Questel est âgée de 30 ans. Jeune maman, elle bénéficie du soutien de son groupe mais aussi de l’ancien président de la Collectivité, Bruno Magras, et de l’ancien sénateur Michel Magras. « Quand on voit le contexte politique local et national, je suis convaincue qu’il est important que Saint-Barth se positionne et ne reste pas spectateur, explique la candidate. Le poste de député est très important car il est le gardien du statut de la Collectivité. Entouré de personnes d’expérience comme Michel Magras, la sénatrice Micheline Jacques et Bruno Magras, un député Saint-Barth peut apporter quelque chose de très intéressant aux deux territoires. »
Alexandra Questel distingue évidemment les besoins des deux îles. « La situation de Saint-Martin impose de renforcer l’attractivité économique du territoire et que la solidarité nationale soit garantie, assure-t-elle. Saint-Barthélemy a besoin de maîtriser son développement et de préserver ses équilibres économiques et sociaux. » Elle remarque également que Saint-Barth a connu « un changement de dynamique » sous la présidence de Xavier Lédée (qui supporte la candidature de Frantz Gumbs). «Avant, Bruno et Michel Magras fonctionnaient très bien parce qu’ils étaient les gardiens de notre statut, analyse-t-elle, mais aujourd’hui par la politique mise en place par le président Lédée, la dynamique entre l’État et la Collectivité ne correspond plus à ce que les Saint-Barths attendent. Avoir un député issu de Saint-Barthélemy est donc plus que jamais important. »
Si elle n’est investie par aucun parti, la candidate penche naturellement vers la droite républicaine. « L’idée n’est pas de refaire un match politique mais de faire avancer les choses sur nos deux îles », insiste-t-elle.
Ce dimanche 23 juin, Alexandra Questel viendra à la rencontre de la population sur le parvis du Wall House, à Gustavia, en compagnie de son suppléant Gilbert Rousseau. Âgé de 56 ans, cuisinier à Saint-Martin et engagé à la fois en politique et dans la vie associative de l’île depuis de longues années, il entend ancrer la campagne et la mandature au plus près de la population, sur le terrain.
Frantz Gumbs, le sortant
Son mandat a été bien plus court que prévu. Elu député en juin 2022 avec 67,21% des suffrages exprimés devant Daniel Gibbs, Frantz Gumbs (70 ans) brigue donc une deuxième partie de mandat. Comme en 2022, il se présente sous la bannière du Rassemblement Saint-Martinois conduit par le président de la Collectivité de Saint-Martin, Louis Mussington. Ce dernier ayant appelé à soutenir la liste du parti présidentiel (Renaissance) aux élections européennes. Le député sortant bénéficie également du soutien du président de la Collectivité de Saint-Barthélemy, Xavier Lédée. De fait, comme en 2022, sa suppléante est Mélissa Lake, conseillère territoriale issue de la liste conduite par Xavier Lédée.
Lors de ses deux années passées à l’Assemblée nationale, où il siégeait au sein du groupe Modem et indépendants, Frantz Gumbs a posé trois questions écrites au parlement. A titre de comparaison, lors de leurs deux premières années d’exercice, Claire Guion-Firmin en avait posé huit et Daniel Gibbs seize.
Dans sa profession de foi, le député sortant assure vouloir continuer « à se mobiliser pour le pouvoir d’achat », « à travailler étroitement avec les ministères et au côté avec l’Agence de l’outre-mer pour la mobilité (Ladom) » ainsi qu’à « œuvrer pour la protection de l’environnement ».
Philippe Philidor, le grand saut
Né à Saint-Martin il y a 32 ans, Philippe Philidor se présente pour la première fois à une élection. Avocat fiscaliste de profession, son engagement en politique est intimement lié à sa rencontre avec Daniel Gibbs voilà plus de dix ans. L’ancien député (2012 à 2017) est d’ailleurs son suppléant. Le candidat connaît parfaitement les institutions (Sénat comme Assemblée nationale) et sa vision est « ancrée à droite ». Conseiller territorial d’opposition à Saint-Martin aux côtés de Daniel Gibbs, il prône une moralisation d’une vie politique faite de rigueur et de bonne gestion. « Dans le contexte actuel, il faut s’interroger sur la manière de faire entendre la voix des outre-mers et de nos îles à l’Assemblée nationale », explique-t-il. Soutenir et développer les économies locales, réduire la cherté de la vie, assurer la sécurité des habitants, améliorer l’offre de soin, tels sont les principaux objectifs avancés par Philippe Philidor et Daniel Gibbs.
Ils seront présents à Saint-Barth ce vendredi.
Ricardo Bethel
Âgé de 36 ans, Ricardo Bethel est le responsable communication de l’Office de tourisme de Saint-Martin. Né sur l’île, il a ensuite vécu quelques années à la Dominique avant de revenir à l’âge de 8 ans. Détenteur d’un master de l’Idrac (école de commerce lyonnaise), il s’est engagé en politique dès 2017 aux côtés de Daniel Gibbs. « Je suis quelqu’un d’accessible et de curieux et je comprends les difficultés de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, qui sont très différentes, explique-t-il. Aujourd’hui, il faut quelqu’un de dynamique pour travailler avec les deux sénatrices (Micheline Jacques et Annick Pétrus). Les deux îles ont en commun des problèmes de sécurité, de recrutement au niveau de l’Éducation, sans oublier les questions de santé.» Sans étiquette ni investiture, il estime qu’il n’est pas nécessaire de se positionner et que l’essentiel est « d’œuvrer en faveur de nos îles ». Sa suppléante est Sabrina Charville, cadre à l’aéroport de Grand Case.
Diane Félix
Entrepreneuse, elle dirige une société de nettoyage depuis sept ans à Saint-Martin, Diane Félix est âgée de 46 ans. Mère de trois enfants, elle a œuvré pendant cinq années en tant que bénévole au sein de la Croix Rouge. Elle se présente sous l’étiquette « Pour une humanité souveraine ». Elle faisait partie de la liste conduite par Edouard Deher Lesaint lors des élections européennes, tout comme sa suppléante Claudine Brooks. «J’ai constaté que ça n’allait pas, qu’il y avait trop de problèmes pour une si petite île, indique-t-elle pour expliquer sa candidature. On ne peut pas laisser une situation aussi dépressive s’installer. » Son programme ? « Un plan Marshall sur l’agriculture et l’emploi », précise-t-elle.
Pour l’heure, aucune visite à Saint-Barthélemy n’est programmée.
Clément Chapdelaine, le candidat Reconquête
A 32 ans, Clément Chapdelaine est le seul candidat qui bénéficie de l’investiture d’un parti. En l’occurrence, il s’agit de Reconquête, le mouvement créé et conduit par Eric Zemmour. Le candidat vit à Saint-Martin depuis cinq ans et travaille dans le secteur du paramédical. Initialement engagé en politique au sein du parti Les Républicains, avec lequel il soutient la candidature aux présidentielles de François Fillon en 2017, il a ensuite basculé plus à droite pour rejoindre Eric Zemmour en 2022. Son suppléant est Charly Bertin, habitant de Saint-Barth et délégué départemental du parti pour les deux îles. Clément Chapdelaine sera à Saint-Barth dimanche et lundi pour rencontrer les adhérents de Reconquête.
Hervé Meunier
Hervé Meunier habite à Saint-Martin depuis 33 ans. Il occupe un poste de directeur général d’un casino. « Je me suis investi car j’adore mon île, déclare-t-il. J’ai senti que je pouvais apporter ma pierre à l’édifice. » Âgé de 51 ans, il indique s’être « toujours positionné à droite ». Néanmoins, il n’est affilié à aucun parti. «Je n’ai pas envie que l’on me catalogue, assure-t-il. En tant que parlementaire, la priorité c’est la vie chère. Les prix sont terribles pour les populations des deux îles. » Il évoque aussi la sécurité, la famille, le travail et la formation, la pêche et l’agriculture. Son suppléant est Jean-Baptiste Monin. Agé de 45 ans, installé à Saint-Martin depuis 2016, il a été élu d’opposition dans le premier arrondissement de la ville de Lyon.
Lila Krimi
Kinésithérapeute à Saint-Martin, Lila Krimi se présente sans étiquette politique avec, comme suppléante, Guerna Castor. « J’ai fait le choix de n’adhérer à aucun parti politique car s’ils avaient réussi avant, nous en aurions déjà été informé », écrit-elle sur son affiche de campagne. Son programme ? Dire « non ». A la montée des prix et des charges. « Je serai la personne qui demandera à supprimer les taxes qui plombent nos factures », précise-t-elle.
Soutien de Michel Magras L’ancien sénateur apporte son soutien à Alexandra Questel pour les élections législatives du 29 juin et du 6 juillet. |