Inspiré par Emmanuel Macron ? Contrairement à son habitude, Bruno Magras a saisi l’occasion du 14 juillet pour livrer un discours très politique, en résonance avec l’actualité : crise sanitaire, économique, mais aussi identitaire avec le débat sur la mémoire de la colonisation.
Devant le monument aux morts, mardi 14 juillet, Bruno Magras a prononcé au micro une allocution très politique pour la fête nationale, en écho à l’actualité mondiale et nationale. « Cette année, la joie est moins vive et cette fête a un goût amer », a-t-il débuté, évoquant la crise sanitaire et les privations de liberté qui l’accompagnent. « Nous l’avons fait avec de bonnes intentions, mais nous devons prendre garde à ce que nos sociétés déjà surprotégées ne fassent pas de la santé la valeur suprême au détriment de la liberté, la justice, l’éducation et du travail. (…) L’épidémie a révélé les failles de notre souveraineté, sans laquelle une nation n’est pas réellement libre. Dans les domaines stratégiques, nous avons trop souvent sacrifié notre indépendance au profit de la diminution des coûts. Je forme le vœu que cette crise sanitaire ait fini d’ouvrir les yeux des nations européennes sur la réalité des ambitions chinoises et la nature autoritaire de son régime. C’est un défi pour la génération qui vient. »
Sur la mémoire de la colonisation
Après cette mise en garde sur le futur, le Président de la Collectivité a rappelé que l’objet de cette cérémonie est la célébration du souvenir de la prise de la Bastille de 1789. Un socle de l’identité française, dont Bruno Magras livre sa conception : « Etre Français, quelles que soient nos opinions et nos origines, c’est consentir à un héritage et à une culture française millénaires. Or à quoi avons nous assisté ces dernières semaines ? Une entreprise de déconstruction de l’histoire de France, une déclaration de haine de la France. » Il fait allusion aux dégradations de statues de figures du colonialisme et de l’esclavage, qui se multiplient depuis le mouvement anti-raciste né du décès de George Floyd aux Etats-Unis. Avant cela, en Martinique, des militants avaient déjà détruit des statues de Victor Schoelcher, une action coup de poing pour demander un travail de mémoire différent, plus juste à leurs yeux. «Cette idéologie anti-française vise à réduire notre histoire, notre culture, au seul fait colonial, pour mieux la discréditer et l’accabler de tous les maux. J’espère que les jeunes générations sauront résister à cette propagande culpabilisatrice, et être fiers de leur pays, ce qui n’exclut pas un regard critique et l’approfondissement de la compréhension de l’histoire.»
S’excusant d’avoir été « un peu sombre » en ce jour de fête, Bruno Magras conclut en ces termes : « L’optimisme n’a de valeur que s’il s’appuie sur un constat lucide des réalités. » Exprimant le souhait d’un « sursaut national et européen » après la crise sanitaire, il termine sur un ton plus local : « Quant à l’île de Saint-Barthélemy, peuplée entre autres de descendants de paysans français venus coloniser ce petit caillou des Antilles il y a quelques siècles, elle continue de porter fièrement son amour de la France et de la liberté. »