Comme il fallait s’y attendre, la décision prise en conseil exécutif de suspendre - ou d’abandonner, selon l’interprétation – le projet de délocalisation du groupe scolaire de Gustavia à Saint-Jean n’en finit pas de déchaîner les passions. A tout le moins dans la micro sphère politique de l’île (JSB 1503 et 1504). En effet, après la confirmation par le président de la Collectivité, Xavier Lédée, de cette décision, le groupe d’opposition territorial Saint-Barth d’Abord (SBDA) n’a pas manqué d’exprimer son scepticisme et sa désapprobation face à ce choix.
Dans un premier communiqué, les six élus de SBDA ont regretté « la fin d’un projet ambitieux » en soulignant les efforts consentis lors des précédentes mandatures pour parvenir à donner corps à ce projet. Ils ont ainsi évoqué « plusieurs années de multiples négociations » et n’ont pas manqué de relever la dilapidation de l’enveloppe de 75.000 euros qui a été répartie entre les trois cabinets d’architecture dont les plans de la future structure avaient été retenus. Quelques jours plus tard, le groupe majoritaire Union-Equilibre s’est fendu d’une longue réponse à ses contradicteurs en publiant un long communiqué qui se voulait à la fois explicatif et justificatif.
« L’impatience concernant la mise en place de la délocalisation des écoles est parfaitement compréhensible, a-t-il été précisé. Toutefois cette réflexion, essentielle, menée depuis plus de vingt ans, n’est peut-être pas la solution évidente d’aujourd’hui ou même celle de demain. » Trafic routier, ajout du collège et de la cantine scolaire au projet, les élus de la majorité entrent alors dans le détail des raisons qui sont à l’origine de cette décision. Tout en assurant : « Les préoccupations sont nombreuses, mais ne sont nullement mises de côté ou abandonnées. » Union-Equilibre remarque par ailleurs n’avoir « récupéré aucune étude sur l’impact d’un tel projet » et tance les élus de SBDA pour avoir exprimé publiquement leur perplexité vis-à-vis de la suspension-abandon du projet. « Nous ne pouvons qu’exprimer toute l’aversion possible pour cette façon de faire de la politique en manipulant et en désinformant qui est bien loin de la notion « d’opposition constructive » régulièrement brandie en étendard », écrit le groupe majoritaire. Le président Lédée en remettra une couche deux jours plus tard sur un réseau social en commentant d’une manière aussi péremptoire qu’autoritaire : « Le débat d’idée doit se faire dans la transparence et non dans la manipulation pour le bien de la population ! Que les écoles soient ou non délocalisées, vous le saurez et vous saurez pourquoi. »
« L’indécision a un coût »
Toutefois, la délocalisation des écoles n’est pas le seul projet qui stimule les réflexions des conseillers territoriaux d’opposition. En effet, un récent article du JSB (n°1502) consacré au projet de construction d’un centre culturel au cœur de Gustavia a également suscité une réaction de la part de SBDA. Notamment en raison du temps de réflexion que la nouvelle majorité s’est accordé afin de repenser le projet. « Après une volonté marquée par le président Xavier Lédée et sa majorité de mettre en pause le projet pour se donner un temps de réflexion supplémentaire, le coût global s’élève désormais à près de 32.000.000 d’euros alors qu’il était estimé à 22.695.000 en mars 2022 », écrit Romaric Magras, chef de file de l’opposition. Un temps de réflexion que l’élu qualifie « d’extravagance » en lançant : « L’indécision a un coût. »
Programmée le lundi 6 mars, la réunion du conseil territoriale qui sera consacrée au débat d’orientations budgétaires s’annonce d’ores et déjà agitée au fil de l’apparition des discordances entre la majorité et l’opposition.