La carte d’urbanisme adoptée en 2017 entrera en révision dans les mois qui viennent. Avant cela, le conseil territorial débattra, vendredi 26 juin, des orientations générales à donner à ce document ô combien important. Avant la réunion, une présentation des grandes lignes voulues par la majorité permet de se faire une idée assez précise de ce qui devrait changer.
Validée par la cour d’appel de Bordeaux avec quelques retoquades, la carte d’urbanisme adoptée en 2017 est maintenant prête pour une révision. Après études, concertation, réunions, la majorité détaille ce qu’elle souhaite modifier à ce document.
1) Il est proposé de différencier quatre zones.
D’abord Gustavia, dont la position de “capitale” touristique et économique sera renforcée puisqu’il est possible d’y construire de façon plus dense que dans les autres quartiers : c’est la zone UG.
Ensuite, les autres quartiers urbanisés : Saint-Jean, Flamands, Lorient, Colombier, Corossol, Anse des Cayes, Anse des Lézards. Dans ces “villages” appelés zones UV, il sera autorisé de construire sur deux niveaux là où il existe déjà des bâtiments à étages, sauf dans les parties qui montent sur le flanc des mornes.
Pas de changement pour les secteurs résidentiels de la zone UR. Il n’est pas prévu de réduire le périmètre de ces zones constructibles, mais elles ne seront pas étendues non plus. La densité devra y rester plus faible que dans le cœur des “villages”, et seuls les bâtiments en rez-de-chaussée + combles seront permis.
Enfin, les zones URa (tampons entre secteur résidentiel et secteur naturel) devront continuer de remplir leur rôle. Elles doivent permettre à des locaux de s’installer, tout en limitant l’étalement urbain, et font l’objet de règles spécifiques d’intégration dans le paysage. Quelques secteurs seront déclassés pour créer des petites zones URa, constructibles avec des restrictions de taille et d’intégration.
La délibération précise que le secteur UV (les “villages” urbains) représente 69 terrains susceptibles d’accueillir de nouvelles constructions, pour un total de 72 hectares. Pour les zones UR, ce sont 440 hectares répartis en 387 terrains constructibles. Enfin la carte comprendra douze zones URa, soit 53 parcelles au total, qui ne peuvent accueillir de bâtiment de plus de 120 mètres carrés, sauf en cas de division familiale.
2) Deux “zones d’équipement” seront créées : la Plaine des Jeux de Saint-Jean, et le terrain où se situe le centre équestre Galops des îles, qui doit devenir une ferme pédagogique. La plaine des Jeux était jusqu’ici intégrée à la zone d’activité de Saint-Jean, ce qui était source de contentieux alors que la Collectivité souhaite en faire un lieu de vie accueillant, outre les équipements sportifs, un groupe scolaire. Sur le magnifique plateau de Gouverneur, le projet de ferme pédagogique est toujours à l’ordre du jour, et un espace sera réservé à l’Agence territoriale de l’environnement.
3) La citerne de Saint-Jean ne sera plus protégée. Cette construction de pierres recouverte de panneaux solaires date en réalité des années 60, ce qui n’en fait pas un bâtiment historique, et son architecture n’est pas considérée comme remarquable. De plus la citerne n’est pas utilisée et bloque la partie arrière du terrain. La Collectivité prévoit sur cette parcelle bordant l’étang de Saint-Jean de bâtir un poste transformateur EDF et un NRO (nœud de raccordement optique).
4) Pas de nouvelles zones d’activité. Les zones de Public, Salines et Saint-Jean demeurent telles quelles.
5) Davantage de végétalisation : la volonté de limiter l’imperméabilisation des sols a déjà été intégrée à la carte d’urbanisme en juin 2019. Les propriétaires doivent végétaliser 40% du terrain pour moins de 300 mètres carrés, 60% pour les parcelles de plus de 1.000 mètres carrés, et 50% entre les deux. Cela inclut les decks et les pavés perméables.
6) La hauteur des constructions est un point important de la future carte d’urbanisme. Celle adoptée en 2017 autorisait le R+1 dans une large partie de l’île : seules des secteurs hachurés dans les zones urbaines (U), résidentielles (UR) et intermédiaires (URa) devaient se contenter du plain-pied.
Il est proposé d’inverser cette logique. Ainsi, systématiquement, toute construction en R+1 sera interdite dans les mornes. Dans les “villages” (UV), les constructions en R+1 seront autorisées là où il en existe déjà : Anse des Cayes, Saint-Jean, Flamands et Corossol. A Gustavia les règles ne changent pas.
7) Des règles spécifiques pour les zones littorales sont aussi prévues. « Il est essentiel que la carte d’urbanisme définisse des règles qui garantissent la préservation des plages comme espace convivial et évite que des constructions trop importantes, trop hautes ou implantées trop près de la plage compromettent l’intérêt de nos plages. L’expérience récente a montré que la carte adoptée en 2017 n’était pas suffisamment protectrice sur ce point. Il y a lieu de corriger cette insuffisance », indique le rapport de la majorité. Ainsi dans les “villages” le secteur longeant la mer sera découpé en trois zones. La zone la plus proche du domaine maritime sera tout bonnement inconstructible, classée en secteur naturel. Plus à l’arrière, une seconde bande n’autorisera que les constructions légères et basses. Enfin, une troisième partie plus à l’arrière encore sera limitée à des constructions de 3,5 mètres de hauteur maximum, avec un soubassement, indispensable en cas de submersion. Au-delà de ces trois bandes parallèles à la plage, la zone UV telle que décrite plus haut, entrera en vigueur.
8) La carte sera aussi revue pour les aménagements en bord des routes principales. Des règles de recul par rapport à la voie seront définies quartier par quartier, et une analyse sur les clôtures et les hauteurs le long du réseau routier principal, selon les quartiers, sera intégrée à la carte d’urbanisme.
A partir de là des règles seront fixées, par exemple sur la hauteur des murs ou la nécessité de clôtures végétales. Les points de vue, qui entraînent également des règles spécifiques de hauteur des constructions, ont également été réexaminés, « ce qui a permis de corriger certaines erreurs », souligne le rapport, sans en dire davantage.
9) Pour faciliter la bonne lecture de la carte, elle sera accompagnée d’un lexique mis à disposition sur le site de la Collectivité. Et un “cahier de recommandations architecturales” sera réalisé, dans un but purement consultatif, après adoption de la carte révisée.
Enfin, le rapport précise que la question de la destination des constructions a été étudiée. En effet, certains militent pour que l’implantation de nouvelles villas à vocation touristique soit freinée voire stoppée, au profit de l’habitation au long cours. Sur ce point, la commission urbanisme présidée par Juliette Gréaux souligne qu’une telle mesure dépasse le seul cadre de la carte d’urbanisme ; si la Collectivité voulait prendre ce type de mesure, c’est en l’intégrant dans le Code de l’habitation. Qui n’a pas encore vu le jour à Saint-Barthélemy: il doit suivre cette nouvelle version du code et de la carte d’urbanisme.