Sa petite phrase, lâchée au cours d’une interview accordée à Radio Saint-Barth le 1er mai, n’a pas plu à tout le monde. Bruno Magras évoquait la réouverture des écoles : « Vous savez comment fonctionne l’Education nationale ; pour certains, si les écoles ne devaient redémarrer qu’en septembre, ce ne serait pas trop mal, ça permettrait d’en profiter un peu ! »
Tollé chez les enseignants, et pas seulement. Xavier Lédée (Unis pour Saint-Barthélemy) a dénoncé sur sa page Facebook des propos indignes « d'un responsable politique, en particulier à un moment où nous devons rassembler et être solidaires. Penser que les écoles n'auraient pas dû fermer et qu'elles doivent reprendre normalement est tout à fait respectable et peut se débattre. En revanche expliquer que ceux qui ne veulent pas reprendre à 100% comme lui le souhaite sont des tire-au-flancs n'est pas acceptable, en particulier en cette période où le corps enseignant a fait de son mieux pour aider les élèves confinés... »
Devant ces réactions, le Président de la Collectivité maintient et explique ses propos : « J’assume, je me base sur les revendications des syndicats enseignants guadeloupéens et de Saint-Martin, et sur le fait que quelques profs ici voulaient ne rouvrir qu’en septembre », détaille-t-il. « Il y a ceux qui tournent autour du pot et parlent la langue de bois, et ceux qui disent les choses. Je fais partie de la deuxième catégorie. Bien sûr, l’écrasante majorité des professeurs sont de bonne tenue, je n’ai rien contre les enseignants. »
On sent bien que cette sortie de Bruno Magras est surtout liée à son agacement devant les mesures de précautions drastiques instaurées dans les établissements scolaires de Saint-Barthélemy, alors que tous les indicateurs sur la circulation du virus sont au vert. Les craintes de certains enseignants, de certains parents, et du rectorat, ont contrarié sa volonté de renvoyer tous les enfants à l’école dès le 11 mai, sans modification par rapport à d’habitude, sauf quelques gestes barrière. « Mon avis n’a pas changé d’un iota là-dessus. Je respecte les enseignants, mais je respecte aussi les parents qui eux n’ont pas la garantie de l’emploi, qui n’ont pas le salaire qui tombe à la fin de chaque mois. Comment vont-ils pouvoir reprendre le travail s’ils doivent envoyer leurs enfants deux demi-journées par semaine seulement à l’école ? Quant à la désinfection des locaux, les petits groupes… Qu’ils soient quinze ou cinquante, si un seul enfant devait être porteur du virus, tous seront contaminés, c’est pareil. »