Plusieurs pièces de l’herbier d’Adrien Questel sont visibles dans les archives du Museum National d’Histoire naturelle, et ses ouvrages sur la flore locale des Antilles font toujours référence dans les Antilles. Pourtant rien ne prédestinait ce Saint-Barth né en 1884 à devenir un scientifique, encore reconnu encore des décennies plus tard.
Son ouvrage “La flore de la Guadeloupe et dépendances (Antilles Françaises)”, publié en 1951, fait toujours référence en matière de biodiversité en Guadeloupe et à Saint-Barthélemy. Et l’herbier qu’il a patiemment constitué, toute sa vie, est abrité par le Museum Nationale d’Histoire naturelle. Quand il en fait don à ce dernier, en 1950, l’herbier contient pas moins de 11.000 végétaux. Certaines pièces sont visibles en ligne.
Pourtant rien ne prédestinait Adrien Questel à intégrer le prestigieux milieu scientifique français. Né le 26 janvier 1884 à Saint-Barth, il perd ses deux parents à l’âge de 12 ans. Avec sa petite sœur Julie, ils survivent grâce à leurs oncles et tantes, jusqu’à ce que l’aîné atteigne l’âge de gagner sa vie. A 17 ans, en Guadeloupe, il est embauché comme vendeur dans une quincaillerie de Pointe-à-Pitre, les Etablissements Borel et Gérard. Cinq ans plus tard, en 1908, il décide de voler de ses propres ailes et fonde une société concurrente dans la capitale guadeloupéenne, la Quincaillerie Questel. Il a le sens des affaires et son commerce fonctionne bien, lui permettant en 1925 de s’installer, avec sa femme et sa fille, dans une maison de Petit-Bourg. Au début des années 30, sa passion de la botanique se réveille.
Il arpente la nature guadeloupéenne pour collecter, classer et étudier les végétaux qui y poussent. De retour à Saint-Barthélemy, où il est élu conseiller municipal, il effectue le même travail, encouragé par des institutions qui à l’époque ne connaissent que peu de choses sur la biodiversité des Antilles : le Museum d’histoire naturelle de Paris, mais aussi le New York Botanical Garden, entre autres. Son herbier grossit, grossit, jusqu’à représenter un inventaire assez complet de la flore des Petites et Grandes Antilles.
Côté politique, en 1941 il quitte le conseil municipal de Saint-Barthélemy pour être nommé maire de Petit-Bourg. La même année il achève son premier ouvrage “La flore de Saint-Barthélemy et son origine”, encore utilisé comme base aujourd’hui, notamment par l’Agence territoriale de l’environnement pour identifier et inventorier la flore indigène de notre île. Il acquiert une belle réputation, à tel point qu’un botaniste américain, Liberty Hyde Beiley, baptise l’amarre créole de Saint-Barth le Sabal Questeliana en 1944, en son honneur.
La qualité de son travail est remarquée et lui ouvre les portes de l’Académie des Sciences et de la Société Botanique de France, entre autres. Son second ouvrage en 1951 force tout autant le respect. Une vie de travail acharné que la maladie freine brutalement, avant qu’elle ne l’emporte en 1957, à l’âge de 73 ans.
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