Deuxième salve de déménagement des tombes anciennes entre Lorient et Public : après les deux Portelly, dix autres sépultures du XIXe siècle seront transférées dans le cimetière suédois, selon un arrêté du Président publié le 10 octobre.
Dix sépultures d’époque suédoise ont été désignées par les services de la Collectivité pour déménager du cimetière de Lorient à celui de Public. Après les deux tombes des Portelly mi septembre (JSB 1342), ce sont les caveaux voisins, tous situés dans l’Ouest du cimetière de Lorient, bordant la ravine, qui s’apprêtent à être transférés.
La liste dressée par la Collectivité comprend six noms et quatre tombes qui n’ont pas pu être identifiées. Parmi les six défunts cités, des membres de la famille Perillier, présente sur l’île pendant une bonne partie des années 1800. Marie Augusta Perillier et sa fille Marie Zulma, en premier lieu. Le blog historique Saint-Barth Islander, rédigé par Jérôme Montoya, nous apprend qu’elles sont fille et petite-fille d’un sacré personnage, José Almeida, «sans doute l’un des derniers vrais pirates ayant fréquenté Gustavia », où il résidait. Poursuivi et condamné par les Américains et les Espagnols, il sera emprisonné puis exécuté en 1832 au fort El Morro de San Juan à Puerto Rico.
“José Fransiquedias ou Francisco” est également mentionné. C’est la petite tombe isolée gravée au nom du Vénézuélien José Francisque Dias, et frappée du symbole des francs-maçons. L’arrêté cite ensuite une “Mme Laurent Vve Paschal, ou M. Laurent Paschal”. Il s’agit bien de Laurent V. Paschal, originaire de La Ciotat, dont on sait qu’il a participé à un voyage de traite négrière, et ramené des captifs sur l’île : il est cité dans un extrait des archives du Fonds suédois de Saint-Barthélemy, retranscrit sur le site Mémoire Saint-Barth. Autre concerné, John Martins, décédé en 1813, précise l’arrêté. Sans aucun doute en référence à John Martins de Clarencieux : là aussi, le nom complet et l’épitaphe sont facilement lisibles sur les marbres blancs bien que noircis. Notable portugais né à Madère, il est décédé en 1813 à l’âge de 68 ans.
Les quatre inconnus ne le sont pas tant que ça. La tombe n°10 est la première que l’on rencontre en pénétrant le cimetière de Lorient. L’homme qui y repose est, si l’on se fie à l’ouvrage du Père Barbanson, qui a relevé tous les épitaphes des tombes anciennes, Jean-Pierre Isnardon. Un Marseillais, tenancier d’une auberge et d’un débit de rhum à Gustavia au début des années 1800, il était également propriétaire et capitaine de plusieurs goélettes.
De même, la tombe n°5 sur le plan joint à l’arrêté n’a pas pu être identifiée. Son marbre gisant au sol indique le nom d’Antoine Sapenne Delisle, décrit comme un Apollon par Per Tingbrand dans son livre “Who was who in Saint Bartholomew during the swedish epoch ?”. Né à Pauillac en Gironde, il est qualifié de pilier des catholiques de Gustavia. La tombe n°2 également, singulière par son toit à deux pans, possède bien un épitaphe sur son marbre cassé, tout à côté. Il s’agit de Jean-Baptiste Perillier, né à Nîmes, patriarche de la famille. Sa femme Rosalie Perillier, née Morel à Lyon, repose dans la tombe n°6. Cinquième membre du giron, Catherine Perillier, qui repose avec son mari Pierre François Dejoye. Celui-ci était un commerçant, qui s’est donné la mort en 1833, à 68 ans, quand ses affaires ont mal tourné. Il avait eu cinq enfants, dont certains issus d’une relation extraconjugale avec une femme “libre de couleur”.
Seule une tombe vouée au déménagement se révèle non identifiable, manifestement celle d’un enfant.
JSB 1347