Installé sur le parvis du Wall House à Gustavia, à l'occasion de la Journée du Patrimoine, son stand ne désemplit pas. Aux côtés de son fils, Jérôme Montoya enchaîne les dédicaces de son livre “Saint-Barthélemy : Histoire et généalogie d’une île“ à l’occasion des Journées du Patrimoine ce samedi 21 septembre. « Pour l’article, tu fais une photo floue et tu ne parles pas trop de moi », tente de négocier Jérôme Montoya, d’un naturel timide. A la lecture des trois cents pages que composent son livre, l’auteur transparaît à travers quelques commentaires ou des précisions sur sa démarche. Mais c’est avant tout l’histoire de Saint-Barthélemy, et toutes les personnes qui l’ont fait vivre qui est mis en avant dans cet ouvrage. « Ce livre est comme un grand merci à ce petit morceau d’une terre difficile et rocailleuse entourée d’eau », résume-t-il dans l’introduction.
La compilation de dizaines d’articles
Avec une mère professeur d’histoire, l’agent maritime a toujours été intéressé par cette matière. « J’ai d’abord travaillé sur ma généalogie et celle de mon épouse pour mes enfants », précise-t-il. Mais au fil des recherches, Jérôme Montoya se laisse happé par «l’histoire riche de Saint-Barth». C’est d’abord sous la forme d’articles publiés sur son blog The Saint-Barth Islander que le passionné de généalogie partage ses découvertes. Depuis une dizaine d’années, Jérôme Montoya fouille les archives de Saint-Barthélemy, de Guadeloupe, de Martinique ou encore de diverses communes de l’Hexagone, pour retracer l’arbre généalogique de l’île. «Aujourd’hui, tout est en ligne, donc c’est plus facile, il suffit de recroiser les informations et ça nous indique une piste », avance-t-il modestement, sans mentionner les heures à s’esquinter les yeux sur des archives en latin.
Dans son livre, qui reprend chronologiquement les articles de son blog, Jérôme Montoya a tenu à partager aux lecteurs son « cheminement » et les difficultés rencontrées pour trouver les informations. « Il ne faut pas tout prendre pour argent comptant », glisse-t-il. Des erreurs dans les registres peuvent entraîner une série d’incohérences. Par exemple, les actes de mariage écrits en latin ont engendré de nombreuses confusions, comme les Blanchard qui étaient dit originaires de Lille, alors que leur ancêtre, Jacques André Blanchard serait finalement né à Noirmoutier, en Loire-Atlantique.
« Je cogite en permanence »
La généalogie, c’est aussi une histoire de frustration. « Les éléments sont forcément là devant moi, mais où ? », s’exclame Jérôme Montoya. Pour augmenter ses chances de réussite, il n’hésite pas à aller consulter les registres des îles voisines. Saint-Martin, Guadeloupe, Martinique, mais aussi Saint-Christophe ou Saint-Vincent, les Saint-Barth se sont éparpillés dans toute la Caraïbe. « Parfois, je reçois des messages de familles qui ont quitté l’île il y a deux cents ans », s’étonne-t-il avec le sourire.
Cette quête de réponse ne lui laisse pas de répit. « Je cogite en permanence, confie Jérôme Montoya. Parfois, je suis en train de dormir, et d’un coup, j’ai la connexion qu’il manquait ». Derrière ces recherches généalogiques, le passionné parvient avant tout à donner de la chair au Saint-Barth d’antan. Son objectif : « Mettre un peu de couleur sur ce qu’on imagine en noir et blanc ». Dès qu’il le peut, Jérôme Montoya enrichit la généalogie en indiquant le quartier dans lequel ils vivaient, ou le métier qu’ils exerçaient. « Ça permet de mieux comprendre les mouvements entre les quartiers, les cheminements des générations, explique-t-il. Par exemple, la campagne avait des liens avec la ville tous les jours, jusqu’à des mariages ».
Une traduction en anglais à paraître
Il le confie, il est à chaque fois « ému » en découvrant des unions « surprenantes » entre des jeunes filles de la campagne et des étrangers, comme le mariage entre Suzanne Laplace de Lorient et Jean Giambrun, originaire de Gênes en Italie. « Comment les parents acceptent que leur fille aille se marier avec un gars dont on ne sait même pas ce qu’il dit ? C’est extraordinaire ! », s’émerveille-t-il.
Avant même qu’il le dise, on comprend très vite que l’agent maritime met «beaucoup de cœur » dans ses recherches. Et il ne compte pas s’arrêter là. La traduction en anglais de “Saint-Barthélemy : Histoire et généalogie d’une île” est en préparation et le blog de Saint-Barth Islander continue d’être régulièrement alimenté. Des étoiles plein les yeux, Jérôme Montoya sourit : « Des choses, il y en a encore plein à raconter ».
“Saint-Barthélemy : Histoire et généalogie d’une île”
édité en auto-édition.
En vente à La Case aux Livres, au Domaine Félicité ou auprès de Jérôme Montoya.
Prix : 30 euros