C’est inédit : la vente de jeux à gratter financera une partie de la restauration du patrimoine français. Le clocher suédois de Gustavia figure parmi les 251 projets retenus pour bénéficier des fonds.
Le clocher de Gustavia, au pied de la préfecture, a été sélectionné pour bénéficier des fonds du loto du patrimoine, opération menée par l’Etat, la Française des jeux et la Fondation du patrimoine, en vue d’être restauré.
L’idée est simple mais séduisante : capter l’argent dépensé par les Français dans les jeux à gratter pour financer des restaurations souvent très coûteuses. Le tirage d’un «super loto» de 13 millions d’euros est aussi programmé le 14 septembre. Le président Emmanuel Macron a missionné une figure très populaire, Stéphane Bern, pour identifier les cas les plus urgents de patrimoine en péril. En résulte une carte qui comporte 2.000 monuments en danger. Parmi eux, l’animateur de télévision a recensé 18 projets emblématiques (un par région), et 251 projet prioritaires « sauvés dès cette année », dont fait partie de clocher suédois de Gustavia.
Le petit bâtiment pittoresque situé au pied de la préfecture a été construit en 1800. Sa cloche baptisée « Sofia Magdalena » (en l’honneur de la reine de Suède Marie-Madeleine de Danemark) a été coulée à Stockholm un an plus tôt. Pendant la période suédoise, elle sonnait en cas de décès sur l’île, ainsi que le matin à 6 heures et le soir à 20 heures, couvre-feu fixé par les Scandinaves.
Le clocher a déjà eu droit à une restauration en 1931, au cours de laquelle il a été doté de son horloge. L’ouragan Irma a fragilisé le clocher bicentenaire, inscrit au titre des monuments historiques depuis 1995.
Plantation Mont Vernon à Saint-Martin
Sur l’île voisine, c’est la plantation Mont Vernon qui a été désignée comme projet prioritaire de la mission Bern. Propriété de la Collectivité depuis 2014, elle est au mauvais été malgré plusieurs opérations de restauration, notamment menées par des associations. Dans les Antilles, deux projets font partie des dix-huit emblématiques : la maison d’Aimé Césaire à Fort de France et l’habitation Bisdary en Guadeloupe. La Guyane devrait voir rapidement restaurée la maison du receveur des douanes, à Saint-Laurent-du-Maroni. Au total, dix-sept sites patrimoniaux situés dans les Outre-mer français seront aidés rapidement... à condition bien sûr que les amateurs de jeux de grattages soient séduits.
Quinze euros le ticket à gratter
Le ticket de grattage, qui sera distribué à compter du 3 septembre, coûte 15 euros, et 10% des recettes sont reversées au patrimoine. Le gain maximum est de 1,5 million.
La mission Bern espère ainsi récolter quinze à vingt millions d’euros, selon les estimations de la FDJ, qui s’est elle-même rendue mécène de la cause. « Nous voulons que les gens jouent pour jouer mais qu'ils aient aussi une conscience, un vrai lien avec cette cause », affirme à l’AFP la présidente de la Française des Jeux, Stéphane Pallez.
Françoise Nyssen, ministre de la Culture, insiste sur le fait que le budget alloué par le gouvernement au patrimoine, de 326 millions d’euros, a augmenté de 5% et restera à cette hauteur sur toute la durée du quinquennat. Les fonds récoltés grâce au loto du patrimoine de la FDJ viendront en plus. Si le succès est au rendez-vous, un nouveau loto sera organisé en 2019.
JSB 1282