Le projet semblait voué à être indéfiniment repoussé. Bien entendu, il ne s’agissait que d’une - mauvaise - impression. Ce soir, jeudi 16 décembre, les portes du Brigantin vont enfin s’ouvrir au public à partir de 18 heures. Un peu plus de deux ans après avoir racheté la bâtisse pour un montant de dix millions d’euros, la Collectivité territoriale inaugure le lieu dont elle entend faire un musée du patrimoine.
Le projet fait l’objet de nombreuses réflexions depuis de nombreux mois. Plusieurs idées ont été émises afin de permettre au Brigantin de « vivre » pleinement son rôle à Gustavia. Mais aussi de justifier l’investissement réalisé en 2019. La possibilité d’un musée du coquillage a été entrevue il y a quelques mois. Une possibilité qui n’est pas écartée mais qui, dans les conditions actuelles, n’est pas encore envisageable. Alors, pour l’heure, c’est une sorte de « premier jet » auquel les visiteurs vont être confrontés lors de leur visite.
Des expositions à thème
Si l’intention première de la Collectivité est de « figer le patrimoine et l’histoire de Saint-Barthélemy » en un lieu référent, la première exposition proposée au public semble répondre à cet objectif. En effet, c’est à travers plusieurs panneaux qui retrace les principales étapes historiques de l’île qu’a été élaborée l’inauguration. « Par la suite, d’autres expositions à thème viendront faire vivre le lieu », prend soin de préciser la Collectivité qui a fait appel aux précieux services du Domaine Félicité pour illustrer les panneaux en temps et en heure.
Ces derniers se déclinent évidemment par thème. Les origines du mot Ouanalao, les heures coloniales, le siècle d’occupation suédoise, la période de l’esclavage mais aussi les décennies de dénuement lorsque Saint-Barth n’a plus été qu’une commune de la Guadeloupe... Le parcours n’oublie pas de mentionner l’évolution statutaire de l’île ou encore l’importance de certaines traditions comme le travail de la paille. Dans la salle principale comme dans la cour, les visiteurs qui n’ont pas encore eu le privilège de pénétrer le lieu vont ainsi pouvoir le découvrir en deux temps. Peut-être même trois si, plus tard, la Collectivité décide d’ouvrir les appartements situés à l’étage.
La Maison Dinzey
Toujours dans la grande salle du rez-de-chaussée, une exposition va aussi être consacrée à des portraits de Saint-Barths. Les mêmes qui ont été exposés à l’Orangerie, au Sénat. Il va sans dire qu’un pan de l’histoire du Brigantin va être proposé au public. Les visiteurs qui l’ignorent apprendront alors que la dénomination « le Brigantin » est en réalité celle d’un restaurant qui a occupé la bâtisse. « Il serait plus juste de l’appeler la Maison Dinzey », rappelle l’un des panneaux informatifs, d’après la famille suédoise qui a construit puis occupé la demeure jusqu’en 1959.
Transmise pendant 130 ans
Le premier Dinzey à avoir posé le pied à Saint-Barth avait pour prénom Richard. Né à Saba, il est arrivé en 1808 en compagnie de son frère Thomas. Fortunés, ils ont participé à aider financièrement les sinistrés d’un ouragan survenu en 1819. Trente ans plus tard, en 1852, après un incendie qui a dévasté une grande partie de Gustavia, les Dinzey ont encore joué de leur fortune pour venir en aide à la population.
Avant cela, en 1822, ils ont entamé la construction d’une vaste résidence sur le port. La même qui va devenir la Maison Dinzey, composée de cinq chambres, d’un séjour et de dépendances (dont deux cases pour les esclaves). Plus tard, elle est devenue le premier bâtiment de Saint-Barth classé au titre des monuments historiques.
Pendant 130 ans, la demeure s’est transmise de génération en génération. Julia Dinzey en fut la dernière descendante qui occupa les lieux, jusqu’à son décès à l’âge de 90 ans, en 1959. Infirmière et professeure d’anglais, elle n’a jamais eu d’enfant. A sa mort, elle lègue la maison à la famille Barnes avant que celle-ci ne la cède à Dantès Magras, alors consul honoraire de la Suède. Finalement, en 2019, la Collectivité met la main sur le bâtiment classé. Qui va dès ce soir débuter une nouvelle vie, évidemment chargée d’histoire.
Le musée sera ouvert aux horaires suivants :
Lundi: Fermé
Mardi : 9h30- 12h30
15h - 19h
Mercredi: 9h00- 12h30
15h - 19h
Jeudi: 9h00- 12h30
15h - 19h
Vendredi: 9h00- 12h30
15h - 19h
Samedi: 9h00- 12h30
15h - 19h
Dimanche : Fermé