> La carte prescrite en 2015 par la Direction des affaires culturelles définit les zones de présomption de prescription archéologique.
Etabli aux Etats-Unis, Frank Lédée, copropriétaire du terrain concerné par les fouilles, est enchanté que les archéologues y aient trouvé des vestiges intéressants.
Des visites des collégiens et du public via l’association Saint-Barth Heritage, et un chantier de fouilles effectué à la vue de tous, en plein centre de Gustavia : le copropriétaire de ce terrain de la rue du Roi Oscar-II, Frank Lédée, voit ces découvertes comme une valeur supplémentaire donnée à la propriété. « Pour nous qui sommes de Saint-Barth, on est très fiers de voir ce qu’on trouve sur le pays. C’est une opportunité pour les gens de Saint-Barth de voir leur histoire », s’enthousiasme Frank Lédée au téléphone.
150 dossiers étudiés chaque année par la Dac
Pourtant, généralement, les aménageurs font grise mine quand on leur annonce que leur terrain doit faire l’objet de fouilles préventives. Premièrement, parce que l’ensemble du coût du chantier est à leur charge. Des frais élevés qui s’ajoutent à l’investissement initial, et retardent le lancement des travaux. L’an dernier, l’hôtel Le Toiny avait bien failli ne pas pouvoir inaugurer sa piscine à temps pour la réouverture, la Direction des affaires culturelles (Dac) ayant prescrit une fouille préventive sur le terrain.
Voici le processus : chaque demande de travaux ou permis de construire, sur une parcelle concernée par la carte du zonage archéologique, selon son ampleur, est examinée par la Direction des affaires culturelles en Guadeloupe. Pour Saint-Barth, celle-ci en reçoit 150 par an. Actuellement, 10% de ces dossiers font l’objet d’un diagnostic de terrain, payé par l’Etat français. Il s’agit d’un sondage de quelques jours, pour déterminer l’intérêt du terrain. Selon les découvertes et le rapport scientifique qui en découle, la Dac peut alors exiger de l’aménageur la tenue de fouilles archéologiques préventives. Là, c’est à celui qui veut construire de payer. Sauf pour les maisons d’habitation individuelles, pour lesquelles une aide de l’Etat peut soutenir le propriétaire.
« Ça vaut le coup »
Pour Frank Lédée, peu importent le temps et l’argent investis dans ces recherches : elles lui remémorent son enfance dans la maison qui se tenait là, propriété de son grand-père Hippolyte Lédée, qui en utilisait la cave pour stocker des marchandises ramenées par bateaux. « Même si on dépense des sommes là dessus, ça vaut le coup. Je suis né en 1964, j’ai grandi dans cette maison, je me rappelle de ma grand-mère qui négociait avec des sacs de sucre… C’est cette histoire récente qui nous donne une fierté. Quand les archéologues seront partis, j’espère préserver le plus possible les anciens murs. Ainsi, si je le transmets à mon fils, je lui transmets aussi une histoire, que la nouvelle génération ne doit pas oublier. »
Dans cette idée, il a récupéré ce qui pouvait l’être dans cette case centenaire fragilisée avant sa démolition, comme les volets, réutilisés sur une autre maison. « Quand on construit, autant conserver un maximum. On démonte les anciens murs en pierre, pour les réutiliser, par exemple. »
Le chantier doit se poursuivre jusqu’au 31 octobre. Ensuite sera construit un bâtiment « en pierres, façon ancien Gustavia », comportant des commerces et deux logements.
JSB 1347