S’il est un habitant de Saint-Barth amoureux du patois
local, c’est bien Ernest Magras, taxi, propriétaire de la
Pigeonnière à Colombier, et conseiller territorial de la majorité. « Image
des nombreux voyages de nos aînés, notre langue maternelle “Saimbath” nous invite, je crois, au rêve,
à la poésie, à la passion. Elle nous questionne aussi », décrit Ernest
Magras avec ferveur.
Pour faire vivre le patois et le transmettre au plus grand
nombre, ce chanteur amateur a enregistré une série de standards de la chanson
française et internationale, transcrits dans sa langue natale : “Mou Nil” pour “Etoile des neiges”, “Lvieu zomm” pour “Mon vieux”, “Jlaim à mouri’ pour “Je l’aime à mourir”, “La réponss ale danl vent” pour “Blowin in the wind”, “Not mond e bien bel” pour “What a wonderful world”, “Pronn on ti moune par la main” pour “Prendre un enfant par la main”, “L’homm tranqckil” pour “L’auvergnat”, “Esque vous veu dansé gongonn” pour “Voulez-vous danser grand-mère”, “mou ti Papa nouel” pour “Petit papa Noël”, et autres savoureuses
traductions.
« L’objectif étant, dans la foulée des travaux déjà réalisés
par d’autres, le partage. Un moment privilégié
dans ce cadre a été pour moi l’adaptation faite avec les
instituteurs pour les enfants de l’école de Colombier de la chanson
“Le port de Tacoma” (devenue “Lport dgustavia”, ndlr). » La prochaine étape,
maintenant que tout cela est enregistré en qualité professionnelle, est l’édition d’un CD. « Aujourd’hui, le dernier problème à résoudre est d’avoir les autorisations des auteurs, compositeurs,
interprètes et éditeurs et de la Sacem pour finaliser ce projet. Je me sens
quelque peu démuni, sur ce point », admet Ernest Magras.
Qui a profité de
sa position d’élu pour mettre le sujet sur la table lors du
dernier conseil territorial, le 12 juillet, lors d’un débat sur la politique culturelle de la Collectivité.
« Je salue le travail réalisé par la commission, mais il me semble que
notre langue maternelle mériterait quelque chose », a-t-il lancé, suggérant
l’idée d’une aide « pour faciliter
la création artistique » en patois ou en créole. Et a évoqué le rapport du
CESE sur le sujet (lire par ailleurs), occasion de rebondir en mettant en place
un plan de valorisation des langues régionales. Elodie Laplace, présidente de
la commission culture, a promis de réfléchir à la question.