Impossible de prévoir précisément ce que nous réserve l’Atlantique dans les mois qui viennent en termes de cyclone. Thierry Jimonet, responsable du Centre guadeloupéen de Météo France, donne les premières estimations.
Peut-on d’ores et déjà donner une tendance sur l’intensité de la saison cyclonique qui nous attend ?
Plusieurs centres mondiaux ont chacun fait leurs prévisions. Les premières en avril, puis elles sont réactualisées début juin. Les Américains ont fait cette actualisation le 24 mai ; elle est plutôt à la baisse par rapport aux prévisions d’avril.
Beaucoup d’incertitudes planent sur cette saison, car il y a de gros écarts entre les différentes prévisions. Toutefois, beaucoup tournent autour de la moyenne, calculée sur la période 1995-2015, et fixée à 14 phénomènes, sept ouragans, dont trois majeurs.
Au point où on en est, aujourd’hui, on peut seulement donner cette fourchette : dix à quatorze phénomènes, quatre à sept ouragans, dont deux ou trois majeurs.
En ce qui concerne les trajectoires, il est impossible d’identifier quel territoire serait éventuellement touché, surtout pour Saint-Barthélemy, car c’est tout petit. Mais la règle, c’est de se préparer. Car même avec une saison de faible intensité, il suffit d’un gros cyclone…
Que disent les principaux facteurs de formation des cyclones ?
On regarde plusieurs signaux, atmosphériques et océaniques. Actuellement, la température est plus froide que la normale dans l’Atlantique, phénomène qui a l’air de se prolonger dans les mois qui viennent. Ensuite, le facteur déterminant est El Niño. On avait La Niña sur le Pacifique, qui est en train de s’atténuer fortement, et on s’attend à un retour d’El Niño dans le Pacifique, ce qui atténue le risque de formation de cyclones dans l’Atlantique.
La saison cyclonique s’étend du 1er juin au 30 novembre ; pourquoi si longue ? Un ouragan peut-il vraiment toucher les Antilles en juin ?
En juin, il existe une probabilité de formation d’un cyclone dans le Golfe du Mexique. C’est pour ça que la saison est si étendue. Pour la zone qui nous intéresse, l’intensité des phénomènes se situe du 15 août au 15 octobre, et peut éventuellement s’étirer jusqu’à début novembre.
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Une saison « proche ou au-dessus de la normale » pour le NHC
Le centre de météorologie américain, le NHC (National Hurricane Center), prévoit avec 75% de fiabilité, une saison cyclonique 2018 « proche ou au-dessus de la normale ». La normale étant fixée à douze tempêtes baptisées, dont six ouragans, parmi lesquels trois majeurs, c’est à dire en catégorie 3 ou au-delà.
Les prévisionnistes annoncent dix à seize tempêtes (vents de 63 km/h au moins), dont cinq à neuf pourraient se transformer en ouragans (vents de 118 km/h ou plus). Parmi ces derniers, un à quatre cyclones pourraient atteindre la catégorie 3, et ainsi devenir des ouragans majeurs (vents au-delà de 178 km/h). Ces estimations sont fiables à 70%.
Ces prévisions publiées jeudi dernier se basent sur la possibilité d'un faible développement d'El Niño, avec des températures de surface de la mer proches de la moyenne à travers l'océan Atlantique tropical et la mer des Caraïbes.
Par ailleurs, les scientifiques américains se targuent de pouvoir prédire, en 2018, les formations et trajectoires de cyclones avec plus de précisions que jamais, grâce notamment deux nouveaux satellites.
JSB 1281