Fini pour cette
année ! La saison cyclonique 2018, qui se termine ce vendredi 30 novembre,
a connu une activité supérieure à la normale, même si l’arc antillais n’a pas
été réellement concerné.
D’Alberto en mai à Nadine en octobre, la saison cyclonique 2018 a été plus active que la normale. « Seize phénomènes ont été nommés pour une moyenne habituelle de douze », indique Thierry Jimonet, responsable du Centre Météorologique de Guadeloupe. « Huit ont atteint le stade de l’ouragan, pour une moyenne de six. Dont deux sont devenus des ouragans majeurs, pour une moyenne de trois. Ce sont Michael et Florence, qui ont tous deux touché les Etats-Unis en catégorie 4 ». Ces cyclones puissants ont dévasté plusieurs Etats de la côte Est américaine, et causé la mort, à eux deux, de 113 personnes.
Beryl et Isaac
Pour ce qui est des Antilles, deux catégories 1 ont touché terre : Beryl et Isaac. Mais ils avaient heureusement perdu de leur force. « En juillet, Beryl est passé sur la Guadeloupe au stade d’onde tropicale », rappelle Thierry Jimonet. « Isaac est passé au stade de tempête tropicale forte. Compte tenu de sa trajectoire, la Guadeloupe avait été passée en vigilance rouge, et les îles du Nord en vigilance orange. Ce dernier classement avait été décidé du fait de la fragilité de Saint-Martin. D’ailleurs, le maximum de vent pour Isaac a été enregistré chez vous à Saint-Barthélemy : une rafale à 96 km/h, ce qui n’est pas énorme. »
Les phénomènes ont faibli à l’approche de l’arc antillais en raison de ce que les météorologistes appellent le cisaillement : des vents forts en altitude qui déstructurent le système.
La saison cyclonique a aussi été marquée par la puissante houle qui a déferlé sur nos côtes en septembre, provoquée par un ouragan qui tournait en rond au milieu de l’Atlantique, à plus de 1000 km de Saint-Barthélemy : Leslie. « Les houles se prévoient plus facilement que les tempêtes. Un cyclone, même de faible catégorie, provoque des vents très forts sur certaines zones, ce qui soulève la mer. La houle peut se propager vraiment très loin. Par exemple, les houles de nord que l’on a entre janvier et avril sont dues à des dépressions au nord. »
Thierry Jimonet souligne une autre particularité du cru 2018 : « Cette année, sept systèmes sont devenus subtropicaux. C’est un record, le précédent étant de cinq en 1969. C’est la première fois qu’on voit autant de systèmes hybrides dans l’Atlantique. »
Le Portugal et la Grèce impactés
Si de ce côté de l’océan, les habitants vivent avec le risque cyclonique depuis la nuit des temps, le continent européen n’est plus épargné.
Leslie, encore elle, a frappé le Portugal après 23 jours d’errance dans l’Atlantique. « Cette durée de vie très longue est proche du record », note le spécialiste. Devenue tempête lorsqu’elle a touché le Portugal, Leslie a fait 27 blessés, plusieurs dizaines de sinistrés, endommagé le réseau électrique et renversé des milliers d’arbres.
Cette année, même la Grèce a subi ce qu’on appelle un “medicane”, un cyclone méditerranéen, appelé Zorbas. Les rafales n’ont pas dépassé 100 km/h, mais des précipitations intenses ont provoqué inondations et crues dévastatrices, jusqu’en Turquie. « Ce phénomène est de plus en plus fréquent en Méditerranée : l’eau est de plus en plus chaude, et de plus en plus longtemps. »
Verdict : les prévisionnistes annonçaient tous une saison proche de la normale, elle aura finalement été plus active que cela. « Ces prévisions de début de saison ne veulent pas dire grand chose de toute façon », commente Thierry Jimonet.
Le bilan détaillé de la saison cyclonique 2018 sera en ligne sur le site de Météo France Guadeloupe la semaine prochaine.
JSB 1305