Depuis une semaine, plusieurs titres de presse spécialisée se sont fait l’écho des conséquences que pourraient avoir certaines coupes budgétaires de l’administration Trump dans le suivi de la saison cyclonique. En effet, selon les différents articles mentionnés (notamment par le New York Times, CBS ou Patreon), l’agence fédérale américaine responsable de la surveillance météorologique, océanique et climatique (NOAA, National Oceanic and Atmospheric Administration) subit une suppression massive de postes. Une démarche de réduction qui s’inscrirait dans une volonté idéologique portée par le « Projet 2025 », un plan élaboré par des groupes de réflexion (les fameux think tanks) conservateurs comme la Heritage Foundation, est-il précisé dans l’article publié sur Patreon. « Ce projet vise à démanteler ou réduire les capacités de nombreuses agences fédérales jugées trop coûteuses ou contraires à une vision minimaliste de l’État, avec un accent particulier sur les institutions scientifiques comme la NOAA, est-il écrit. Les coupes affectent des centaines de postes, notamment au sein du National Weather Service (NWS), une branche clé de la NOAA, ainsi que dans les divisions de recherche climatique et océanographique. » Selon l’auteur, qui se réfère à des «estimations non sourcées, cette opération pourrait entraîner une réduction de 20 à 30 % des effectifs totaux. » Selon les informations récoltées par plusieurs médias américains, tels que le New York Times et CBS, pas moins de 800 emplois ont été supprimés du jour au lendemain. « Des centaines de scientifiques et d'experts de la NOAA viennent de recevoir la nouvelle que tout travailleur fédéral redoute, écrit le député de Californie Jared Huffman dans un communiqué repris, notamment, par RFI. La mission factice de Musk met un frein brutal à des programmes vitaux. Les gens à travers le pays dépendent de la NOAA pour des prévisions gratuites et précises, des alertes météorologiques graves et des informations d'urgence », ajoute le démocrate, qui est le numéro deux du Comité des ressources naturelles de la Chambre des représentants américaine.
Risque de prévisions moins précises et plus tardives
Si la démarche peut être attribuée à une volonté de limiter les recherches sur le dérèglement climatique. Pour mémoire, dès son retour à la Maison Blanche, le président Donald Trump a notifié aux Nations Unies le retrait des Etats-Unis du pacte mondial de lutte contre le réchauffement climatique. Celui-ci sera effectif le 26 janvier 2026. Toutefois, pour la Caraïbe en particulier et les États concernés par la saison cyclonique en général, ces réductions soulèvent quelques inquiétudes.
En effet, le National Hurricane Center (NHC), qui dépend des données et du personnel de la NOAA, risque de voir ses capacités amoindries en raison d’une diminution de son personnel. Ainsi, la collecte de données en temps réel (via satellites, bouées et avions chasseurs d’ouragans) pourrait être ralentie, tout comme le traitement des modèles de prévision. Selon les premières estimations publiées en décembre 2024 par Tropical Storm Risk, la saison 2025 devrait comporter environ 15 tempêtes nommées, dont 7 ouragans et 3 ouragans majeurs (catégorie 3 ou plus), des chiffres proches de la moyenne des 30 dernières années.
Comme le souligne l’article de Patreon, les conséquences pourraient s’avérer multiples. En raison de prévisions moins précises ou dévoilées plus tardivement qui entraînerait une réactivité elle-aussi plus tardive sur le terrain.
Responsable du centre météorologique de Guadeloupe, Thierry Jimonet apporte un éclairage sur ce «dossier » et explique : « A ce stade, aucune communication officielle n’évoque un impact des baisses d'effectifs de la NOAA sur la veille cyclonique. Il est prématuré donc de tirer des conclusions, mais Météo France est évidement attentif à l'évolution de la situation dans la région et se tient prêt à déployer des solutions palliatives si besoin. »
