En fuite aux Etats-Unis depuis des années, un Saint-Barth âgé de 77 ans a été condamné à une peine de 13 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de l’Hérault pour des viols et des agressions sexuelles commis lors de séances de « magnétisme ».
Le verdict est tombé le vendredi 4 février. Un homme âgé de 77 ans, originaire de Saint-Barthélemy et en fuite aux Etats-Unis depuis plusieurs années, a été condamné à une peine de 13 années de réclusion criminelle par la cour d’assises de l’Hérault, à Montpellier. Il était poursuivi pour trois viols et quatorze agressions sexuelles commis entre 2013 et 2014 à l’encontre de jeunes femmes lors de séances supposées de « magnétisme ». Pour expliquer son absence à la barre lors du procès, l’accusé à fait valoir un état de santé ne lui permettant pas de se déplacer. Il vit actuellement en liberté aux états-Unis mais sa condamnation s’accompagne de la délivrance d’un mandat d’arrêt international. Ce qui signifie que la justice française a la ferme intention d’obtenir son extradition afin qu’il purge sa peine dans une prison de l’Hexagone. Homme d’affaires et « magnétiseur » Les faits se sont produits non loin de Montpellier, à Saint-Jean de Fos, dans les luxueuses chambres d’hôtes du domaine viticole dont l’accusé était le propriétaire. Décrit comme un amateur d’hélicoptères et de bateaux, « l’homme d’affaires » s’était installé dans l’Hérault en 2007 après avoir acheté le domaine viticole qu’il a depuis revendu pour plus d’un million d’euros. Selon le quotidien Midi Libre, qui a couvert le procès, l’accusé - désormais condamné - animerait désormais un blog sur le magnétisme depuis Kissimmee, en Floride. Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en 2015, il a pris la fuite vers les Etats-Unis. Son casier judiciaire portait déjà trace d’une condamnation pour des agressions sexuelles commises... à Saint-Barth. Lors du procès, deux de ses victimes ont témoigné des sévices infligés par leur agresseur. A l’époque des faits, l’homme d’affaires accueille des clients dans sa propriété et leur propose, en plus des visites, des séances d’hypnoses et de magnétisme. Agée de 26 ans en 2013, l’une de ses victimes avait offert une nuit à sa compagne dans la propriété de Saint-Jean de Fos. Midi Libre rapporte les propos de la victime, à qui le propriétaire du domaine viticole propose une séance d’hypnose. « Il n’arrêtait pas de répéter qu’il était connu et reconnu comme expert, que ça faisait 20 ans qu’il faisait ça, raconte la femme. Qu’il avait de l’or dans les mains, qu’il pratiquait le magnétisme pour «libérer» les femmes de leurs maux. Il parlait aussi de sa peinture, qu’il était multimillionnaire, qu’il avait des hélicoptères, etc. Avec le recul je pense que c’est là qu’il recrutait ses proies. » « Il soufflait comme un bœuf » Le lendemain, l’homme lui propose une séance de magnétisme pour « rééquilibrer ses chakras ». Lorsqu’elle se retrouve seule et en sous-vêtements avec lui dans une pièce, il insiste pour qu’elle se mette nue. « Sinon les énergies ne passent pas à travers les vêtements et il y a un chakra au niveau du pubis », assure l’homme en étalant toujours son expertise de « magnétiseur » pour la convaincre. La jeune femme raconte qu’après avoir nommé et touché chaque chakra, il s’est mis à passer les mains sur tout son corps, pubis et seins compris. Puis le « magnétiseur » pose un doigt sur son clitoris avant de l’introduire dans son vagin. « Il haletait, soufflait comme un bœuf et me caressait les seins, témoigne la victime devant les jurés de la cour d’assises. J’étais sous le choc, je me disais c’est pas possible ce qui se passe. » Et la séance, décrite dans le détail lors du procès, se poursuit de manière de plus en plus violente. Une autre jeune femme victime de mêmes faits va courageusement partager son supplice à la barre. Elles sont six à poursuivre l’accusé. Après le prononcé du verdict, une avocate de la partie civile, maître Ava Magassa, a confié à nos confrères de France Bleu Hérault : « C’est une victoire amère aujourd’hui, puisqu’il n’est pas là. Il est condamné à treize ans de prison, treize ans de prison au soleil, à Orlando aux Etats-Unis. Il faut que l’Etat aille le chercher pour que justice soit faite, et qu’il fasse ces 13 ans de prison. Actuellement il est libre. Libre ! Et c’est une honte ! » 1.416 personnes ont été auditionnées lors de l’enquête, qui a duré deux ans. D’autres femmes ont expliqué avoir été victimes des assauts de l’accusé mais ne pas avoir eu le courage de porter plainte. Pour l’avocat de la défense, maître Denis Bertrand, toujours au micro de France Bleu Hérault : « C’est une mauvaise décision. La cour n’a pas fait preuve de droit. Il y a matière à avoir certains doutes dans cette affaire. Ce n’est pas le nombre de victimes qui doit jouer mais bien les faits et les preuves. Ici, il n’y a pas de témoins, pas d’expertise médicale approfondie sur les victimes. Je vais informer mon client de cette condamnation. Il ne pourra pas faire appel puisqu’il était absent à son procès, en revanche il peut s’opposer à cette décision de justice. »