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Justice : Juste un coup de poing, « vite fait »

 

Le tribunal correctionnel de proximité de Saint-Martin et Saint-Barthélemy a tenu une audience le jeudi 2 juin dans la grande salle de la capitainerie de Gustavia. Le contenu de la grande majorité des 22 dossiers examinés par les magistrats lors de cette audience ont été rapportés dans notre précédente édition (JSB 1476). Toutefois, deux affaires n’ont pu être évoquées dans nos colonnes. La première est celle d’un homme né en 1988 à Saint-Martin.

Une dette de « stups »
Le 27 mai 2021, alors qu’il circule sur son scooter, il aperçoit un homme qui, assure-t-il à la barre, est son débiteur. Il arrête son deux-roues à hauteur de son interlocuteur et une discussion s’engage entre les deux hommes. « Je sortais de prison et il me devait de l’argent, explique placidement le prévenu aux magistrats. Je suis arrivé et je lui ai demandé où étaient mes sous. » La présidente du tribunal l’interrompt : « C’est à ce moment que vous l’avez frappé. » Le prévenu confirme : « Oui, c’est vrai que je lui ai donné un coup de poing. Je l’ai tapé mais vite fait. »
Selon la victime, le prévenu aurait alors soulevé sa chemise pour lui montrer une arme avant de le menacer. A la barre, le prévenu esquisse un sourire. « Je n’ai pas d’arme sur moi », affirme-t-il. Les échanges se poursuivent avec la juge qui veut en apprendre davantage sur les faits. Quelques minutes suffisent pour que le prévenu reconnaisse qu’il portait une paire de ciseaux à la ceinture. « Un couteau, un tournevis ou des ciseaux, c’est une arme, gronde la présidente. Menacer quelqu’un, c’est grave. Ce n’est pas comme ça qu’on règle les problèmes. » Le prévenu n’a pas l’air convaincu. Il explique, sereinement, que la dette dont sa victime devait s’acquitter était liée à l’achat de drogue. « Son patron sait qu’il prend des stupéfiants et du coup il a payé pour lui, assure le prévenu. Cette histoire est finie. » La juge insiste : « Et s’il n’avait pas payé, qu’auriez-vous fait ? Vous l’auriez piqué avec vos ciseaux ? » Lui, sans plus de précision : « Non, mais je lui aurais mis la pression. »
Après que la présidente du tribunal a énuméré une partie des seize condamnations inscrites au casier judiciaire du prévenu depuis 2009, le procureur de la République requiert une peine de trois mois de prison ferme et lance au prévenu : « Monsieur sort de prison et recommence. Vous n’êtes pas critique sur votre comportement passé. Restez tranquille ! » Après délibération, le tribunal suit les réquisitions et condamne le prévenu à trois mois de prison. Sans mandat de dépôt, ce qui signifie que le condamné, qui a désormais un emploi stable, pourra bénéficier d’un aménagement de peine et ne pas retourner derrière les ­barreaux.

Une mise « au poing »
Un homme de 27 ans est appelé à la barre du tribunal. Le 24 mars dernier, vers 22 heures, la discussion qu’il a engagé avec un de ses collègues s’est rapidement transformée en « mise au poing ». « Je voulais juste lui toucher un mot sur son comportement anormal vis-à-vis des femmes, affirme le prévenu devant les magistrats. Je ne voulais pas faire mon justicier mais il l’a très mal pris. » Les deux protagonistes travaillent dans la même entreprise de l’île et le prévenu a donc estimé que le fait que son collègue fasse le joli cœur auprès de certaines clientes était déplacé. « Il n’y a pas eu de coups de ma part, insiste l’homme à la barre. Il y a eu accrochage mais pas de violences physiques. J’ai l’habitude de reconnaître mes torts donc si c’était le cas je le dirais. » Témoins de la scène, d’autres collègues viennent séparer les deux jeunes hommes. « J’ai le sentiment qu’il y a quelque chose d’autre derrière cette histoire », soupire le procureur. Il remarque que la « victime » ne porte pas la moindre trace de coups. Juste « des éraflures aux genoux qui témoignent d’une chute ». Le représentant du ministère public souligne aussi le fait que la « victime » a refusé d’être confronté à son « agresseur ». Malgré quatre condamnations inscrites à son casier judiciaire, le prévenu est relaxé au « bénéfice du doute ».

 

Journal de Saint-Barth N°1477 du 16/06/2022

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