Chaque année, la direction de l’aéroport de Saint-Barthélemy enregistre entre 200 et 300 incidents de sécurité de tout ordre. La grande majorité n’étant que de menus incidents. Le 21 mai 2024, l’une de ces « petites dérives » sans gravité mais systématiquement notifiées, aurait pu avoir de graves conséquences. En effet, en ce jour de mai, deux pilotes de nationalité brésilienne aux commandes d’un avion privé ont posé leur appareil dans des conditions pour le moins particulières. Ce qui a valu au pilote principal, Eduardo Alves de Abreu, une convocation devant le tribunal judiciaire de Saint-Martin le 16 janvier dernier.
Un pilote qui sent l’alcool
Le jour des faits, il est près de midi lorsque les pilotes entament leur approche. Immédiatement, les contrôleurs sont interpellés par la trajectoire d’intégration et de survol de la piste qui n’est pas conforme aux procédures. Si l’atterrissage est périlleux, il est toutefois réussi. Mais le pilote ne stationne pas son appareil dans l’espace réservé aux vols privés. Quand le responsable de la sûreté vient à sa rencontre, il s’aperçoit que le pilote ne dispose pas du document qui atteste d’une autorisation à atterrir à Saint-Barthélemy. La brigade de gendarmerie des transports aériens (BGTA) est alertée et les militaires constatent alors que le pilote principal comme son co-pilote sentent l’alcool. Après examens toxicologiques, il s’avère que le pilote présente un taux de 0,61 gramme d’alcool par litre de sang. Au-dessus du taux autorisé, en somme.
Le 16 janvier, Eduardo Alves de Abreu n’est pas présent à l’audience du tribunal. Ni représenté par un avocat. Agé de 41 ans, le pilote brésilien n’entend donc pas le réquisitoire du procureur de la République, qui lance : « Il s’est affranchi des règles de sécurité élémentaires. Ce pilote privé a fait des sauts de puces dans la Caraïbe après être parti de Fort Lauderdale (il arrivait d’Anguilla quand il a atterri à Saint-Barth, ndlr). Il dit avoir consommé cinq bières la veille des faits. Monsieur n'avait pas de certificat attestant des qualifications requises pour atterrir à Saint-Barthélemy et son alcoolémie a été constatée. De plus, il ne s’est pas soucié de comparaître devant la justice. Il a dû se dire qu’en faisant l’autruche, ça passerait. » Le représentant du parquet réclame une peine de deux mois de prison avec sursis, une amende de 800 euros et une interdiction de piloter un appareil pendant six mois. Sachant que l’aviation civile a déjà infligé au pilote une sanction d’une durée de six mois.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré, qui sera publié dans une prochaine édition.