Lors de l’audience du tribunal correctionnel qui s’est déroulée le jeudi 7 septembre à Saint-Barthélemy, plusieurs dossiers de violences conjugales commises sur l’île ont été examinés. Une accumulation d’affaires que le procureur de la République estime « préoccupante ».
« Quand vous buvez, vous êtes violent »
Un premier dossier concerne un homme âgé de 45 ans. Il comparaît pour répondre de violences infligées à sa compagne le 6 juin dernier. Une dispute « sur fond d’alcoolémie », constate la juge. Le prévenu assure qu’il a «juste» poussé sa compagne et qu’elle est tombée. « Nous avons des violences alors même qu’une autre procédure est en cours contre monsieur, remarque le procureur. L’alcool n’explique pas tout. C’est la troisième fois que vous être poursuivi dans ce cadre. Quand vous êtes contrarié et que vous buvez, vous êtes violent. » L’homme est condamné à trois mois de prison avec sursis probatoire d’une durée de deux ans, le tout assorti d’une obligation de soin et d’une interdiction d’entrer en contact avec sa victime. Le tribunal enchaîne.
La discussion s’envenime
Une femme de 57 ans et un homme de 58 ans sont appelés à la barre. Tous les deux sont prévenus, tous les deux se disent victimes de l’autre. Le 14 août 2022, après un après-midi bien arrosé autour d’un barbecue en compagnie de quelques amis chez le prévenu, la femme décide d’aller s’allonger dans la chambre. Au départ des invités, il s’assoupit sur sa terrasse. Quand il se réveille, il découvre la femme endormie dans sa chambre. S’ils se fréquentent, ils ne sont pas véritablement en couple. Il lui demande de partir et la discussion s’envenime. Selon elle, l’homme se montre rapidement violent et la frappe à plusieurs reprises au visage. L’homme prétend que c’est elle qui s’est emportée et s’est infligée ses blessures au visage en se cognant volontairement contre la carrosserie de sa voiture. Le procureur estime que le prévenu « n’assume pas ses responsabilités » et requiert une peine de 8 mois de prison avec sursis à son encontre, mais également 200 euros d’amende avec sursis contre la prévenue. « Cette dame n’est pas chez elle, on lui demande de partir, même si c’est déplaisant, elle doit partir », commente le représentant du ministère public. Délibéré le 12 octobre.
Une « relation très apaisée »
Autre dossier. Le 21 février dernier, vers 22h30, les voisins d’un couple alertent les gendarmes en entendant ce qui semble être une violente scène de ménage. A la barre, il est reproché au prévenu, âgé de 31 ans, d’avoir porté des coups à sa compagne. « Un proche a indiqué qu’il ne s’agissait pas du premier épisode de violence dans le couple », souligne la présidente. Un an avant, l’homme avait été condamné à effectuer un stage contre les violences conjugales. L’avocate du prévenu explique que le couple vit toujours ensemble « dans une relation très apaisée ». Le tribunal condamne le prévenu à une peine de deux mois de prison avec sursis.
« Violence d’une grande intensité »
Un homme âgé de 26 ans est appelé à la barre. Le 25 juillet dernier, au petit matin, sa compagne le trouve dans une rue de Gustavia en compagnie d’une autre femme. Une scène de ménage éclate. Alcoolisé (les examens révèleront un taux de 1,8 gramme d’alcool par litre de sang), le prévenu réagit avec violence. Il arrache le tee-shirt de sa compagne qui se retrouve seins nus dans la rue. Il lui assène des coups, la tire par les cheveux sur le bitume alors qu’elle est à terre. Les employés d’une boutique qui vient d’ouvrir ses portes ainsi que des témoins de la scène tentent d’intervenir et d’extraire la victime. Ils reçoivent également des coups. « Je ne me souviens de rien, c’est un concours de circonstances », assure le prévenu qui précise qu’il vit toujours avec sa compagne. « J’espère que la reprise de votre vie commune n’entraînera pas le pire », gronde le procureur qui dénonce « un acte de violence d’une grande intensité » avant de requérir une peine de 5 mois de prison avec sursis et 300 euros d’amende. Délibéré en octobre.