Ce quinquagénaire s’était rendu au fort des gendarmes en quad, pour « prendre l’air ». Il a été jugé pour avoir conduit après avoir consommé de l’alcool et de la cocaïne.
Étrange histoire que celle de cet homme de près de 60 ans, résident du quartier Lurin. Le 24 août dernier, en fin d’après-midi, les gendarmes le trouvent dans l’allée qui mène à leur locaux, au forte. Ils l’interrogent sur la raison de sa présence. « Je prends l’air » répond le quidam. Soupçonnant qu’il s’était alcoolisé en ce jour de fête de la Saint-Barthélemy, les militaires avisent un quad stationné devant leur portail. « C’est vous qui êtes garé là ? » « Oui, c’est mon quad. » La vidéosurveillance confirme qu’il a conduit lui-même le quad jusque là. Emmené à la gendarmerie, l’homme subit un test d’alcoolémie, positif, et salivaire, positif aussi. L’analyse révèle la présence de cocaïne dans son organisme.
Il comparaissait donc, jeudi dernier, pour conduite d’un véhicule sous l’empire d’un état alcoolique et en ayant fait usage de stupéfiant. « Qu’est-ce que vous êtes allé faire chez les gendarmes ? » demande le président au prévenu, dont le casier judiciaire est vierge. « Prendre l’air », répète ce dernier. Il confirme avoir trop bu ce jour là, du champagne et du planteur, et pris le guidon de son quad. « Mais je n’ai jamais pris de cocaïne de ma vie ! » Tout au long de la procédure, il a tout reconnu sans problème, sauf la consommation de drogue. « Un jour, j’ai fumé un joint avec un ami », a-t-il confié aux enquêteurs. C’est le seul contact avec des stupéfiants dont il se rappelle. Les magistrats sont sceptiques. « Pourquoi des traces de cocaïne ont été trouvées dans votre organisme ? » « Je ne sais pas ! Peut-être que j’ai été piégé, ou en serrant la main de quelqu’un… »
Le vice-procureur n’y croit pas trop, et demande une condamnation sévère, rappelant le contexte de délinquance routière et d’accidentologie élevée sur les routes de Saint-Barth : trois mois de prison avec sursis, 300 euros d’amende, et la confiscation du quad. Me Bringand Valora, conseil du prévenu, ne l’entend pas de cette oreille et plaide la relaxe. « Je ne vois pas quel danger peut représenter un individu à pied, quand bien même il est alcoolisé. Pour qu’il y ait délit caractérisé, encore faut-il que le délit soit constaté. Or, il n’était pas sur son véhicule au moment ou il a été contrôlé. » Quand à la cocaïne, « il a sans doute été piégé, comme beaucoup, avec toutes ces drogues qui circulent sur l’île », lâche-t-elle, en adressant aux magistrats des analyses sanguines qui « prouvent que mon client n’est pas un alcoolique, ni un consommateur de stupéfiants. » Le délibéré sera rendu le 4 avril.
JSB 1315