Les magistrats du tribunal correctionnel de Saint-Martin ont condamné deux hommes poursuivis pour avoir commis des vols dans des villas de Saint-Barth durant les jours qui ont suivi le passage de l’ouragan Irma.
En ce jeudi 17 février, dans la salle d’audience du tribunal de proximité de Saint-Martin, onze dossiers doivent être examinés par les magistrats. Trois concernent des faits commis à Saint-Barthélemy. La procédure la plus imposante est renvoyée au 20 octobre. La faute à « un dossier incomplet », regrette la présidente du tribunal. « Nous n’avons même pas les auditions des victimes », souffle une avocate. Un témoignage est manquant parce qu’une feuille s’est détachée de l’un des documents... Par conséquent, les juges décident de renvoyer cette affaire qui réunit cinq prévenus, tous absents le jour de l’audience. Ils ne sont pas les seuls à ne pas avoir répondu à leur convocation.
« Des pillages dans des maisons »
En effet, deux autres hommes, respectivement âgés de 32 et 27 ans, ont esquivé l’audience. Une habitude, selon une avocate qui remarque qu’il s’agit de la huitième fois que ce dossier est appelé devant le tribunal et que l’un des prévenus est « toujours absent ». Les deux hommes sont poursuivis pour des faits qui remontent au 6 septembre 2017. Juste après le passage dévastateur de l’ouragan Irma. Une catastrophe que les deux comparses avaient choisi de mettre à profit. Ainsi, ils se sont introduits dans trois villas de Saint-Barth afin de commettre des vols. Machine à laver, téléviseurs, appareils photo, bijoux, couteaux de collection, etc. « Des pillages dans des maisons qui viennent d’être frappées par un cyclone, gronde le procureur de la République. On peut y voir, au moins, un manque de solidarité. »
Les gendarmes sont alertés d’une série de vols et se lancent à la recherche des pilleurs. Ils ne tardent pas à mettre la main sur un suspect qui n’est autre que l’homme âgé de 32 ans, un travailleur saisonnier. Lorsqu’ils effectuent une perquisition à son domicile, ils retrouvent une partie du matériel cité plus avant. Les propriétaires des habitations dévastées et cambriolées reconnaissent formellement les objets retrouvés par les enquêteurs. Placé en garde à vue, le voleur « présumé » reconnaît les vols mais essaye dans un premier temps de se défausser sur son complice. Il explique n’être que le suiveur. Une version qu’il n’a pas le courage de maintenir lors de la confrontation avec son acolyte.
« L’un est l’organisateur, l’autre le suiveur », affirme le procureur qui précise que le prévenu âgé de 27 ans a « disparu des radars ». Il requiert six mois de prison avec sursis envers le prévenu de 32 ans, dont le casier ne comprend qu’une condamnation pour usage de produits stupéfiants, et une peine de six mois ferme à l’encontre du « disparu » de 27 ans qui, en revanche, a déjà été condamné à sept reprises. Notamment pour des faits de vol.
« Un acte isolé »
En l’absence de partie civile, la parole est donnée à la seule avocate présente dans le dossier. Elle représente les intérêts de l’homme de 32 ans. « Mon client est présenté comme la tête pensante et je ne suis pas d’accord, conteste-t-elle. Le contexte des faits et les personnalités des deux hommes montrent l’inverse. Mon client n’est pas connu défavorablement. Tous les deux n’ont pas le même profil. » Pour l’avocate, il ne s’agit pas de « pillage » mais de vols. « Les propriétaires ne s’en sont même pas rendus compte et ce n’est qu’après l’appel de la gendarmerie qu’ils s’en aperçoivent, assure-t-elle. Mon client a reconnu les faits et ceux-ci remontent à cinq ans. C’est un acte isolé. »
Après délibération, les magistrats du tribunal correctionnel décident de condamner le prévenu de 32 ans à une peine de 6 mois de prison avec sursis assortie d’une amende de deux mille euros. Son complice, absent et disparu, écope d’une condamnation à six mois de prison ferme.
Relaxe dans un dossier « embarrassant »
Un habitant de Saint-Barth, propriétaire de logements qu’il loue notamment à des particuliers, est poursuivi par l’une de ses locataires. Celle-ci lui reproche d’avoir délibérément coupé l’eau et l’électricité pendant plusieurs mois, l’obligeant à vivre dans des conditions d’insalubrité avec ses enfants et les poussant ainsi à partir. Il aurait même proféré des menaces à son encontre. Le prévenu, absent à l’audience du tribunal correctionnel du 16 février à Saint-Martin, conteste la version de sa locataire. Il affirme qu’elle a cessé de payer son loyer et qu’elle est à l’origine de dégradations dans le logement. Le procureur de la République se dit « embarrassé » par ce dossier. Il explique : « Les enquêteurs ont cru que c’était du tout cuit et ne sont pas allés loin dans leurs investigations. Par conséquent, il y a beaucoup de zones d’ombre. » Par exemple, il n’y a pas eu de dépôt de plainte pour les menaces et ces «faits» ne reposent que sur un témoignage recueilli lors d’une audition. Quant aux conditions d’hébergement indigne, il remarque qu’il n’est « pas très cohérent d’imaginer que la victime sabote elle-même l’alimentation en eau et en électricité ». Néanmoins, il souligne que le dossier ne présente aucun élément de preuve incriminant le logeur. « Compte tenu de toutes ces insuffisances, aussi suspecte que soit la situation, c’est la mort dans l’âme que je me prononce pour la relaxe. » Des réquisitions suivies par le tribunal, qui relaxe le prévenu.