Pendant la période de pandémie de Covid-19, dix-huit pilotes de la compagnie Windward Islands Airways (Winair) avaient formé un recours contre une décision de justice rendue le 28 septembre 2021 qui déboutait leur plainte contre les réductions de salaire qui leur avaient été imposées. Vendredi 25 novembre, la cour d’appel a confirmé cette décision initiale.
Nos confrères du Daily Herald ont rapporté cette affaire dans leurs colonnes la semaine dernière. Ils écrivent notamment que « le syndicat et les pilotes ont demandé à la Cour d'appel de rejeter la réduction de 25% des salaires et d'ordonner à la compagnie aérienne d'appliquer une réduction de 12,5% à la place ». Ils voulaient également que la compagnie soit condamnée à rembourser les employés pour les salaires excessivement réduits à partir de juillet 2020, par tranches de 24 ou 36 mois. Ils réclamaient également que la Winair accorde aux pilotes des vacances supplémentaires au prorata des jours de vacances qu'ils étaient tenus de prendre entre juillet 2020 et décembre 2020.
C’est en avril 2020 que les tensions ont débuté. La Winair a informé ses salariés qu’en raison de la situation financière de la compagnie aérienne, les pilotes, les managers, la direction générale et le conseil d'administration et de surveillance seraient rémunérés à 75% de leur salaire brut et de leurs honoraires. Les heures de travail devaient être réduites à 32 par semaine. Le syndicat avait alors accepté cette proposition, mais seulement pour une période de 90 jours. La direction de Winair, le syndicat et les délégués syndicaux devaient alors se retrouver pour examiner et discuter des étapes à suivre. Le problème est que la pandémie a duré plus longtemps que prévu.
À partir de juin 2020, la Winair a reçu une aide à la paie dans le cadre du St. Maarten Stimulus Relief Plan (SSRP), explique le Daily Herald. L'une des conditions du soutien gouvernemental était que les employés renonçaient à 20% de leur salaire. Au total, la compagnie a reçu 1,48 million de dollars en 2020 et 791.367 dollars en 2021. Fin décembre 2020, l'État néerlandais lui a accordé un prêt de 3 millions de dollars à des conditions strictes. Winair a obtenu ce financement relais car l'entreprise ne pouvait pas respecter ses obligations et risquait de faire faillite.
De fait, en raison de la situation financière déplorable de la Winair, l'État néerlandais a prolongé de 36 mois la durée de remboursement du prêt de 3 millions de dollars et a émis un deuxième prêt de 1,5 million de dollars en décembre 2021. Selon un rapport d'audit indépendant d'Ernst et Young daté du 30 juin 2022, il est apparu que Winair avait subi une perte de près de 2 millions de dollars jusqu'en décembre 2021. Le cabinet de conseil a déclaré que « le passif total de la compagnie aérienne dépasse son actif total » de près de 4,75 millions de dollars. Il a aussi évoqué une «incertitude matérielle qui jette un doute sur la capacité de la compagnie à poursuivre son activité ».
Dans le rendu de sa décision, la Cour d’appel a écrit : « Bien que la situation s'améliore désormais, la situation financière jusqu'en novembre 2021 menaçait tellement la survie de Winair qu'un sacrifice salarial substantiel pouvait être considéré comme nécessaire au vu de toutes les incertitudes sur l'évolution de la pandémie et ses conséquences pour le marché, donc pour l'emploi de ses employés. » La Cour a donc estimé que la réduction de 25% des heures de travail et des salaires était « raisonnable » et a rejeté les demandes de paiement des salaires impayés.