Un homme de 47 ans a été condamné par le tribunal correctionnel de Saint-Martin pour attouchements sexuels sur mineur et exhibitionnisme. Il profitait de ce que sa femme soit enseignante pour entrer en contact avec sa victime. Des faits qui remontent à 2015 et 2016.
Sa compagne elle-même, ex-enseignante à l’école privée de Colombier à Saint-Barthélemy, le décrit comme « un grand malade vis-à-vis de la sexualité ».
L., 47 ans, a été condamné le 21 mars par le tribunal correctionnel de Saint-Martin pour attouchements sexuels sur mineur. Il profitait du fait que sa femme recevait parfois ses élèves chez elle pour leur donner des cours pour entrer en contact avec sa victime. E., était âgée de 12 ans au moment des faits, qui datent de fin 2015-début 2016. La maman de l’enfant était l’amie du couple.
« J’ai été très choquée mais je ne l’ai pas dit »
Le 24 décembre 2015, la jeune adolescente est chez le prévenu. Il l’emmène dehors pour acheter des boissons. « Sur le chemin du retour, il n’y avait plus de lumière dans l’escalier. Il a fait comme s’il me faisait des guilis sur le ventre mais me touchait en dessous, par dessus ma robe. J’ai été très choquée mais je ne l’ai pas dit à ma mère », a raconté l’adolescente, E., aux gendarmes. Plus tard, alors qu’elle écoute de la musique sur le canapé, il réitère. Il est en train de la toucher lorsque le téléphone sonne. La jeune fille se lève pour répondre, mettant un terme à l’agression.
Troisième fait, l’enseignante, son compagnon et E. sont dans la voiture. Lui conduit, et passe un bras à l’arrière pour caresser la jambe de l’enfant. Sa femme lui intime de remettre les deux mains sur le volant, il s’exécute.
« Mal interpréter les regards de la petite fille »
Lors de son audition, il indique aux gendarmes avoir « pu mal interpréter les regards de la petite fille ».
La mère de E. a aussi fait les frais des agissements de ce monsieur. Début 2016, alors qu’il doit se rendre à une soirée à laquelle participera également cette dernière, il lui envoie un texto lui demandant de mettre une jupe. Elle ne répond pas.
Quelques jours plus tard, alors qu’elle dépose sa fille chez le couple, une autre scène : « J’étais assise en face de lui et j’avais une jupe. Il fixait son regard entre mes jambes en tenant son sexe entre ses mains et en se masturbant dans le dos de sa femme. J’ai fait comme si je ne le voyais pas », raconte-t-elle aux enquêteurs. Une demi-heure après qu’elle soit partie, elle reçoit de L. des photos de son pénis et ce message : « je sais que tu as envie de me sucer ». Le lendemain, elle montre ces messages à la compagne de L., l’enseignante de sa fille. Qui n’est pas surprise et admet que ce n’est pas la première fois qu’il se comporte ainsi.
L. n’en est pas à sa première affaire de mœurs. En 2008, il avait été condamné pour harcèlement dans le but d’obtenir des faveurs sexuelles. Et plus récemment, en 2015, les gendarmes de Saint-Barthélemy l’avaient entendu au sujet d’une autre plainte. Sa femme donnait un cours particulier à une enfant, et L. avait écrit à cette dernière un petit mot : « Va mettre ta culotte dans les toilettes ». Des images à caractère pédopornographiques auraient également été retrouvées dans son ordinateur.
A la suite d’une faillite, L. a quitté Saint-Barth pour la métropole en août 2017. Il n’est pas venu à l’audience. Le psychiatre qui l’a examiné parle d’une « personnalité perturbée sans respect de l’interdit », et souligne qu’une réitération des faits est possible.
Inscription au fichier
des délinquants sexuels
Le vice-procureur évoque des « déviances sexuelles », mais hésite à qualifier L. de « prédateur sexuel », décrivant des gestes déplacés mais pas de la pédophilie au sens strict du terme.
Il souligne néanmoins une « propension à déraper inquiétante », et demande donc son inscription au fichier des délinquants sexuels, douze mois de prison dont six avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans, obligation de soins, interdiction de tout contact avec des mineurs, 1.000 euros d’amende et l’obligation d’indemniser la jeune E. et sa mère, qui demandent respectivement 30.000 euros et 8.000 euros pour le préjudice moral.
Une psychologue qui a reçu E. décrit une humeur dépressive, des symptômes de stress post-traumatique, des troubles de l’attention et un décrochage scolaire depuis les faits.
Le tribunal décide d’aller au delà des réquisitions du vice-procureur. L. est condamné à 18 mois d’emprisonnement dont six assortis de sursis, mise à l’épreuve pendant trois ans, interdiction d’entrer en contact avec des mineurs autres que ses enfants. Son nom sera inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. L. devra indemniser l’adolescente à hauteur de 10.000 euros et sa mère à hauteur de 5.000 euros.
Sur son site, l’avocate des parties civiles, Me Céline Carsalade, souligne que « l’on ignore s’il y a eu d’autres victimes avant ou après les faits, les enfants devant faire preuve d’un grand courage pour dénoncer ces faits très douloureux ».
JSB 1322