Lors de l’audience du tribunal qui s’est tenue à Saint-Barth le 3 juin, de nombreux dossiers étaient consacrés à des délits de conduite en état alcoolique. La présidente a ironisé sur les vertus curatives d’une audience correctionnelle.
Sur 37 dossiers présentés lors de l’audience du tribunal correctionnel de proximité, le jeudi 3 juin à Saint-Barth, près d’une vingtaine étaient liés à une conduite sous l’empire d’un état alcoolique. Rien d’inhabituel concernant ces audiences. Néanmoins, l’accumulation de repentirs par les prévenus n’a pas manqué d’amuser la présidente du tribunal, qui a fini par ironiser dans un large sourire : « C’est miraculeux ! Il suffit d’une convocation devant le tribunal et tout le monde s’arrête de boire! » Notamment un jeune homme âgé de 21 ans, recordman de l’audience en terme de taux d’alcoolémie.
«Vous arriviez à tenir debout?»
En effet, lorsqu’il subit des analyses le jour des faits, il affiche un sémillant taux de 2,44 grammes d’alcool par litre de sang. « Vous arriviez à tenir debout avec ça dans le sang ? », l’interroge le procureur de la République. Debout, l’histoire ne le dit pas. En revanche, il n’était visiblement pas en état de piloter son scooter.
Le 17 septembre 2020, il est environ 21 heures quand le jeune homme perd le contrôle de son deux-roues à l’entrée de Gustavia, non loin de la pharmacie. L’engin est en miette après s’être fracassé sur des plots en béton et son conducteur gravement blessé. Il est transporté en urgence à l’hôpital.
«Depuis j’ai arrêté de boire»
« Je venais d’apprendre une rupture et je ne me souviens plus de ce que j’avais bu, soutient le prévenu à la barre. Mais depuis, j’ai arrêté de boire. » Eclats de rire dans la salle. « Vous avez amené des analyses pour le prouver ? », demande le procureur. Réponse négative. « Ah mais le tribunal ne croit pas les gens sur parole, monsieur », sermonne le représentant du ministère public. Au final, le prévenu est condamné à une peine d’amende de 400 euros, dont 200 avec sursis.
«Je ne bois plus»
Plus tôt dans la matinée, c’est un homme de 51 ans qui a comparu pour conduite en état alcoolique. Récidiviste, il a déjà été condamné à plusieurs reprises pour des faits similaires. Il a même effectué quatre mois de prison sur une peine d’un an. Il est sorti de détention en avril 2020. Bien entendu, il n’a plus de permis de conduire. Il circule donc à scooter, sur lequel il a été contrôlé le 17 mars 2019 avec un taux d’alcool de 1,46 gramme par litre de sang.
« Je ne bois plus, affirme-t-il à la barre. J’ai arrêté tout seul. » La présidente veut consulter des analyses. Il n’en a pas. « Vous auriez dû me le demander », lance le prévenu. La magistrate bondit : « Vous n’êtes condamné qu’en raison de votre alcoolémie routière, alors depuis le temps vous savez très bien ce qu’on va vous demander. » Le procureur se lève et énumère les condamnations du prévenu. Il requiert un an de prison. Le tribunal le suit et y ajoute 600 euros d’amende.
Un casier de champion
« Vous avez un casier judiciaire de champion de la route, un beau palmarès », gronde le procureur en direction du prévenu suivant. Celui-ci est âgé de 41 ans. Le 17 août 2020, vers minuit et demi, il a été contrôlé au volant d’un véhicule alors qu’il ne dispose plus du permis de conduire. Son taux d’alcoolémie est de 1,58 gramme d’alcool dans le sang. « J’avais bu quatre ou cinq bières chez un ami », prétend-t-il. « Vous n’avez plus droit au sursis », remarque le représentant du Parquet. « J’ai changé depuis », clame le prévenu. Il écope d’une peine de trois mois de prison.
Relaxe dans une affaire de succession conflictuelle
Le tribunal a rendu son délibéré dans plusieurs affaires évoquées lors de la précédente audience tenue à Saint-Barth, fin avril. Il s’agissait d’un conflit de personnes autour de l’héritage d’une villa. La plaignante reprochait à la prévenue, qui n’est autre que la fille du défunt et la belle-fille de la plaignante, une violation de domicile accompagnée d’une fracturation de la serrure d’une baie vitrée. Il avait alors été fait état de droit de jouissance, de domicile conjugal à l’étage ou dans le studio, du changement d’une serrure, de l’inventaire des meubles, etc. Le procureur n’avait pas pris la peine de requérir et s’en était remis à la sagesse du tribunal. Celui-ci a choisi de relaxer la prévenue et de débouter la plaignante de toutes ses demandes. En revanche, cette dernière devra verser 1500 euros de dommages et intérêts à la « prévenue » relaxée, ainsi que 2000 euros au titre de l’article 475.1 (soit le remboursement des frais de justice).