Trois jeunes gens ont été jugés jeudi dernier à Saint-Barthélemy pour avoir dérobé des vivres et de l’alcool dans une villa, après Irma, et fracturé la porte de la cave à vin à l’aide d’une pioche
Le 9 septembre 2017, trois jours après Irma. Dans le climat qui régnait alors, trois jeunes gens décident d’aller « visiter » une villa, qui a été ouverte par le cyclone. Ils connaissent les lieux : les deux garçons sont jardiniers dans la propriété, la jeune femme y effectue des heures de ménage. Ils repartent avec pour butin des paquets de pâtes et de riz, de l’eau et des bières. Mais le gardien des lieux les a repérés.
« Le champagne, ce n’est pas une nécessité »
Une bien mauvaise idée leur vient, le lendemain. Les deux garçons retournent dans la même villa, armés d’une pioche. Eméchés, ils s’introduisent dans la maison et visent cette fois la cave à vin, qui contient des bouteilles de valeur, enfermées dans un espace vitré. Ils fracturent ladite vitre, prennent deux bouteilles, s’apprêtent à repartir… Mais le gardien les prend sur le fait.
« J’ai fait une bêtise », admet l’un des deux hommes, contrit, devant les magistrats. « Une bêtise ? Cela s’appelle du vol, et le code pénal prévoit une peine de trois ans de prison », coupe la présidente. « Je ne suis pas fier, j’ai honte. C’était l’après-cyclone… » Les magistrats, qui ont jugé bon nombre d’affaires de pillage à Saint-Martin, expliquent la nette différence entre le vol par nécessité et le vol caractérisé. « Le champagne Ruinart, ce n’est pas une nécessité, sans parler de la dégradation des lieux », argue la présidente Leuly-Joncart. « Ça va vous donner un casier judiciaire, ce qui peut vous handicaper pour votre vie future, si vous postulez à un emploi public par exemple », souligne le procureur.
Le propriétaire de la villa est « l’une des 50 plus grandes fortunes mondiales », explique la représentante de l’agence immobilière qui gère le bien. Elle a apporté les devis de réparation de la porte d’entrée et de la porte de la cave à vin : respectivement 2.580 et 12.800 euros. « C’est une maison de luxe ». En entendant ces montants, les prévenus frémissent. Heureusement pour eux, elle ne demande pas de dommages et intérêts. « Le propriétaire n’a pas voulu porter plainte à cause des vols, mais des dégradations », explique-t-elle. L’auteur des coups de pioche est condamné à 105 heures de travaux d’intérêt général. L’autre garçon à 300 euros d’amende, et la jeune fille à 200 euros d’amende.
JSB 1266