Jeudi 6 octobre, la capitainerie du port de Gustavia a accueilli une audience du tribunal correctionnel de proximité de Saint-Barthélemy. Vingt-et-un dossiers étaient au programme, avec des affaires d’alcoolémie au volant, de conflit familial, de violence et de stupéfiants.
La présidente du tribunal déclare l’audience du jeudi 6 octobre ouverte. A ses côtés, la procureure de la République et la greffière prennent place tandis que les personnes convoquées et les quelques avocats présents sont invités à s’asseoir. Au programme, des affaires diverses et variées, comme à l’habitude. Les prévenus qui sont assistés d’un avocat sont les premiers à être appelés à la barre.
Le premier est un homme âgé de 34 ans. Il a été contrôlé par la gendarmerie alors qu’il revenait d’une soirée, le 21 avril dernier. Les premiers examens font apparaître un taux d’alcoolémie de 0,88 gramme d’alcool par litre de sang. En 2017, il avait été condamné pour des faits similaires. « Pensez-vous avoir un problème avec l’alcool monsieur », demande la présidente. « Non », murmure presque le prévenu. La procureure requiert une peine de 2 mois de prison avec sursis assortie d’une suspension de permis de conduire de six mois. L’avocat du prévenu estime les réquisitions « sévères » et se démène pour son client. Résultat : une condamnation à 80 jours amende à 10 euros.
Premier joint à... 9 ans
Autre dossier d’alcoolémie sur la route. Un homme de 50 ans s’avance à la barre. Le 7 mai dernier, il a été contrôlé après avoir été impliqué dans un accident sur la route de Colombier et avec un taux de 1,96 gramme d’alcool par litre de sang. A 18 heures... Il explique qu’il venait de passer la journée avec des amis, qu’il n’avait que peu mangé et qu’il se serait endormi au volant. La présidente souligne que son casier judiciaire porte trace de six condamnations dont quatre pour des faits similaires. « Je suis une personne du Nord de la France, alors quand on est en famille ou en groupe, on boit, c’est chaleureux », se justifie le prévenu. « Heureusement que toutes les personnes dans le Nord ne sont pas alcoolisées au volant », réplique sèchement la juge. Il écope d’une peine de deux mois de prison et d’une annulation de son permis de conduire.
Le prévenu suivant a des airs adolescents. De fait, il n’est âgé que de 19 ans. Il doit répondre d’usage de stupéfiants, en l’occurrence de cannabis. « J’ai été stupéfaite de lire que vous consommez du cannabis depuis l’âge de 9 ans», souffle la présidente. Le prévenu assure qu’il ne consomme plus rien. « Ah, le miracle des convocations devant le tribunal, s’esclaffe la juge. Subitement, plus personne ne boit ni ne consomme. Un exemple de la vertu miraculeuse du tribunal ! » Le prévenu affirme ne jamais avoir été condamné. La procureure tique. Elle empoigne un dossier et égrène le palmarès judiciaire du prévenu... lorsqu’il était mineur. Extorsion de fonds, violences, outrages, rodéo urbain, dégradations, vols... Et il comparaitra bientôt dans une affaire de cruauté sur un animal. « J’ai vraiment changé », geint le jeune homme. Il est condamné à deux mois de prison avec sursis. « Mais nous allons nous revoir et je pense que ce sursis sautera bientôt », lance la juge au prévenu en l’invitant à se retirer.
Un couple s’avance à la barre. L’homme, dans un premier temps, car il est le prévenu, puis sa compagne. « Il s’agit d’un contexte douloureux, remarque d’emblée la présidente. Votre couple semble battre de l’aile depuis un certain temps. » Malheureusement, comme souvent à Saint-Barth, les deux vivent encore sous le même toit, dans la maison du prévenu. Le 21 mai dernier, une violente dispute éclate en milieu de soirée. La femme vient de rentrer à la maison avec leurs deux enfants. L’homme lui reproche de ne pas les avoir ramenés après leur séance sportive pour qu’ils se lavent et se changent. De fait, après les avoir récupérés à 18 heures, elle est directement partie au restaurant avec les enfants et son frère, qui vit sous le toit familial depuis cinq mois.
Le prévenu a bu des bières à la chaîne tout au long de l’après-midi. Le ton monte avec sa compagne mais l’intervention du beau-frère met le feu aux poudres. Le beau-frère attrape un couteau, le prévenu une chaise, la femme s’interpose et reçoit un coup... Le conseil de la plaignante évoque les «traumatismes » quotidiens vécus par sa cliente. L’avocat de la défense souligne la complexité de l’affaire, mentionne des chèques détournés par la plaignante... « Mon client s’est fait avoir », affirme-t-il. L’affaire est mise en délibéré.