Tous s’accordent à le
dire : dans dix ans, trente ans ou cinquante ans, et peut-être moins, un nouvel
ouragan majeur traversera les îles du Nord, comme Irma 22 ans jour pour jour
après Luis. Collectivité et professionnels espèrent être mieux préparés.
Point principal pour améliorer la résilience de l’île, un programme intensif d’enfouissement des réseaux aériens, notamment électriques, qui devrait aboutir dans les quatre ans. En tout cas, c’est l’objectif fixé par la Collectivité et EDF.
« Programme ambitieux qui va supposer un rythme de travaux soutenu », a souligné le président Bruno Magras lors de son allocution du 24 août. « Les premiers chantiers ont été axés avant tout sur la finalisation de l’enfouissement de la moyenne tension et la réfection des postes transformateurs afin de sécuriser le réseau principal de distribution. Plusieurs postes en béton ont été construits, comme à Lorient, Morne Tourterelle, Lurin, St Jean… Les travaux d’enfouissement du réseau basse tension vont suivre dans la continuité ».
Autre priorité, sécuriser les services… de secours. En effet, si le fort Oscar dans lequel étaient confinés les gendarmes et leurs familles a tenu le coup, ce n’est pas le cas de la caserne des pompiers. Inondés, les soldats du feu ont passé une nuit d’angoisse, avant, au matin, d’être entravés dans leurs opérations de secours par les dégâts subis par leurs véhicules. L’option d’un déménagement a été abandonnée par la Collectivité, qui projette plutôt un important lifting de la caserne, avec des volets pour sécuriser le parking. Les véhicules d’urgence, eux, devront attendre la construction du parking souterrain de Gustavia, dans lequel un espace leur sera aménagé pour qu’ils soient immédiatement opérationnels en cas de catastrophe.
L’espace Météo, qui abritait -et abritera- la sécurité civile, avait subi de lourds dommages pendant l’ouragan Irma, qui a fait passer une nuit très rude à ses occupants. Ses failles ont été prises en compte dans les réparations.
Sans stock d’eau et de vivre sur l’île, certains habitants se sont trouvés en difficulté de ce point de vue. Ils devront être prudents en cas de nouvel aléa cyclonique, car la Collectivité ne compte pas constituer de réserve préventive. Par manque de place, et parce que si les habitants comptent là dessus, et que le lieu de stockage est lui-même détruit, la situation pourrait bien être pire qu’elle ne l’a été il y a un an.
Côté reconstruction, la Collectivité comme les professionnels tentent de mieux se préparer à un éventuel nouveau Irma. Par exemple, entre Grand Fond et Toiny, le mur qui soutient la route a été reconstruit avec du béton injecté entre les roches. A Lorient, le futur centre administratif s’est vu doté d’une dalle en béton sous la toiture, ce qui n’était pas prévu au départ.
A Flamands, le Cheval Blanc construit un mur pour se prémunir des assauts de la houle. L’Eden Rock creuse carrément dans le rocher, pour installer ses cuisines à l’intérieur, protégées par une porte blindée de sous-marin…
Reste l’autoconstruction, redoutée par les autorités, surtout à Saint-Martin. Les particuliers qui exécutent eux-mêmes leurs travaux peuvent télécharger un guide de bonnes pratiques pour être sûr que leur futur habitat répondra aux normes anti-cycloniques, mais aussi anti-sismiques.
JSB 1293