Le préfet en charge de la reconstruction des Îles du Nord, Philippe Gustin, a rendu son rapport public mardi. Un protocole a été signé par le gouvernement avec Saint-Martin, mais pas avec Saint-Barthélemy, pour qui le soutien de Paris est moins nécessaire.
Mardi, le rapport du préfet délégué à la reconstruction de Saint-Martin et Saint-Barthélemy a été publié, après signature d’un protocole entre la première Collectivité et l’Etat. Saint-Barthélemy, représentée par le sénateur Michel Magras, n’a pas eu à signer le même document, n’ayant pas les mêmes engagements à respecter que Daniel Gibbs, président de la Collectivité voisine. Pour autant, les préconisations du gouvernement valent pour les deux îles.
Ainsi, l’Etat compte renforcer sa présence sur les Îles du Nord. Cela passera par des moyens accrus pour la préfecture. « Nous allons augmenter le nombre de fonctionnaires sur place, notamment des experts en urbanisme », indique Christophe Gauer, qui a participé à la rédaction du rapport de Philippe Gustin. L’accent sera aussi mis sur l’environnement. Des antennes de la Deal (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) et de la Dieccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) seront implantées à Saint-Martin pour les Îles du Nord. Basées en Guadeloupe, ces institutions ont aujourd’hui peu d’emprise sur nos territoires.
L’année prochaine, la Collectivité de Saint-Barth pourra soumettre à la délégation interministérielle des projets locaux, auxquels l’Etat apportera son financement, au cas par cas.
Charges patronales : 45 millions d’euros
En ce qui concerne les entreprises, le moratoire sur les charges patronales a déjà été annoncé lors de la venue d’Edouard Philippe, Premier ministre, sur nos îles. Ainsi, le paiement de ces charges est différé, « potentiellement jusqu’en 2020. Il s’agit de donner de la flexibilité aux entreprises, qui ont besoin de cash. » Cette mesure coûtera 45 millions d’euros à l’Etat, dont la moitié pour notre île. « Il y a beaucoup d’entreprises à Saint-Barthélemy. »
En ce qui concerne la reconstruction, des ateliers collaboratifs pourraient être mis en place chez les plus démunis. «Des associations et experts pourraient venir conseiller les gens qui en ont le plus besoin, sans ôter le travail des entreprises locales », précise Christophe Gauer.
Enfin, et c’est une volonté forte de Philippe Gustin, le gouvernement suggère d’instaurer un programme de prévention des cyclones, notamment dans les écoles, pour développer la culture du risque, tout particulièrement auprès des métropolitains qui n’ont pas l’habitude de vivre de telles catastrophes naturelles.
Quel modèle touristique à l’avenir ?
Plus largement, les Îles du Nord sont invitées à réfléchir à leur positionnement touristique à long terme. Cette suggestion vaut surtout pour Saint-Martin, dont le modèle touristique « est en crise depuis dix ans. Le modèle de Saint-Barthélemy est viable, mais comme pour toutes les îles de la région, une réflexion est nécessaire pour intégrer un développement durable du tourisme. » De même, une valorisation de la formation professionnelle dans ce domaine est préconisée.
Les principales annonces à l’issue de ce comité avaient déjà été faites. Mais le gouvernement indique par là sa volonté de reprendre en main son action sur les Îles du Nord, et d’affirmer sa présence, qu’il reconnaît avoir été légère pendant des décennies. « La philosophie, c’est que l’Etat ne veut pas donner un chèque et laisser les Collectivités se débrouiller », ajoute Christophe Gauer. « Il sera présent tout au long du processus, dans un soutien de long terme. »
« Je n’en attendais pas plus », commente le président Bruno Magras à la lecture du rapport. « C’est un constat sincère qui reflète la réalité des faits, mais qui concerne bien plus Saint-Martin que Saint-Barthélemy, même si certaines recommandations devront être prises en compte. Nous nous y attellerons. »
Les dégâts chiffrés
La mission conduite par le
préfet Gustin a évalué les dégâts à Saint-Barthélemy à 425 millions d’euros sur
les biens assurés, et 55 millions d’euros sur les biens non assurés ou non
assurables.
2,9 millions pour Saint-Barth
La demande du président a été entendue : la Collectivité sera exonérée de la dotation globale compensatoire qu’elle paie à l’Etat pour l’année 2018, « la pénalité que l’on paie pour l’autonomie », comme l’a renommée Bruno Magras lundi. Cela représente 2,9 millions d’euros d’économie pour la Collectivité. Loin des 72 millions accordés à Saint-Martin sous diverses formes. Mais « c’était la seule demande de la Collectivité », explique Christophe Gauer, bras droit du préfet Philippe Gustin, qui précise que l’Etat n’est pas fermé à fournir d’autres aides si l’île en exprime le besoin.
120 bénéficiaires de la carte CohésiaA Saint-Barthélemy, 120 familles bénéficieront de la carte Cohésia, une carte de paiement à utiliser dans les trois mois à compter de sa réception. Les foyers qui y auront droit ont déjà été sélectionnés par le gouvernement, avec l’aide de la Collectivité. Ils ont du déjà recevoir un courrier leur indiquant la marche à suivre. Le montant de l’aide allouée est de 300 euros par adulte et 100 euros par enfant, avec un plafond de 900 euros par foyer, à utiliser avant le 31 janvier. La carte Cohésia s’utilise comme une carte bancaire, mais ne peut servir à retirer de l’argent au distributeur. Elle ne peut être utilisée en dehors du territoire français.
JSB 1254