Saint-Barth -

Le préfet Gustin : « Le risque, c’est de reconstruire comme s’il ne s’était rien passé »

Ne pas reconstruire comme avant. « On a aujourd’hui une impérieuse nécessité à, ensemble, travailler à cette évolution des mœurs », a récemment commenté Philippe Gustin, préfet délégué à la reconstruction des îles du Nord, également préfet de Guadeloupe. « Pour un euro investi pour améliorer la résilience d’un bâtiment, c’est sept euros économisés une fois le risque passé. C’est une chose purement économique mais qu’il faut répéter en permanence parce que sinon le risque - et malheureusement, c’est ce qui est en train de se passer - c’est de reconstruire comme s’il ne s’était rien passé », a-t-il averti lors d’une conférence organisée par la Fédération française de l’assurance, fin octobre. « Ce qui était en 1999 difficile à faire accepter dans l’Aude, c’est-à-dire que les gens ne reconstruisent plus dans des endroits qui manifestement étaient (...) à risques répétés, aujourd’hui, je pense que c’est mûr. »

 

Une “journée japonaise”

Selon Philippe Gustin, les 22 ans qui ont séparé Luis d’Irma ont peu à peu gommé la culture du risque chez les habitants. C’est pourquoi il prépare l’instauration d’une « journée japonaise » en Guadeloupe, à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, afin de mieux préparer les territoires et les populations aux risques naturels de toutes sortes.

 

Concernant l’île de Saint-Martin, il a ajouté : « Parmi les assurés qui ont été les plus vindicatifs, il s’agissait souvent de métros, de gens qui sont venus s’installer à Saint-Martin. Le simple concept de se préparer, d’avoir un minimum de vivres pour tenir trois jours, d’avoir un groupe électrogène, d’avoir de l’eau, ça ne leur vient pas à l’idée parce qu’à l’intérieur du périph’ cela ne vous viendrait pas à l’idée », a-t-il lancé. « On leur avait dit que c’était le paradis. Eh ben, non, c’était un enfer ». La « journée japonaise » aurait également pour but de « préparer psychologiquement les gens qui doivent aider les populations à affronter des situations extrêmement dégradées.»

 

« Il faudrait nous écouter davantage »

Le climatologue Jean Jouzel, qui participait également à cette conférence, et en a profité pour marteler son message : « La communauté scientifique avait prévu l’intensification actuelle des phénomènes climatiques voici 20 ans. Il faudrait nous écouter davantage pour ce que nous prédisons à l’horizon 2050. »


JSB 1302



Journal de Saint-Barth N°1302 du 08/11/2018

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