Il est un peu plus de 23 heures, vendredi 3 février, quand un cargo de la compagnie CMA CGM pénètre dans les eaux du port de Saint-Barthélemy. Quelques minutes plus tard, l’imposant porte-conteneurs qui avance à faible allure vient s’encastrer sur l’avancée rocheuse qui se situe juste après l’entrée du port de commerce. La scène est filmée par des passants. De nuit, les images sont on ne peut plus impressionnantes. Le Mimer, tel un cargo fantôme, effectue littéralement un « tout droit » sur les rochers.
La direction du port est immédiatement alertée, tout comme le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross), la gendarmerie et bien entendu la Collectivité territoriale. Ernest Brin, directeur du port, va à la rencontre du commandant du cargo. Ce dernier lui assure qu’il n’y a aucun blessé à bord. A terre et en mer non plus, ce qui relève presque du miracle (lire plus loin).
Un remorqueur de Sint-Maarten à la rescousse
Des manœuvres sont alors entreprises pour tenter d’extraire le navire échoué. Malgré l’aide du pilote du port, Anthony Magras, toutes les tentatives s’avèrent infructueuses. « Tout fonctionnait bien mais il n’y avait pas assez d’eau sous les hélices, raconte Ernest Brin. Le bateau bougeait mais sans résultat. » Le directeur du port décide alors de joindre son homologue de Saint-Martin, Albéric Ellis, afin que celui-ci prenne contact avec le remorqueur de Sint-Maarten.
Le bateau arrive à Saint-Barth peu après 5 heures du matin. A 6h10, le cargo est arraché de l’avancée rocheuse. « Sans problème majeur, commente Ernest Brin. Il paraissait un peu abimé en dessous mais rien de grave. » Le Mimer peut alors effectuer les manœuvres nécessaires pour se mettre à quai dans le port de commerce.
Tandis que des plongeurs inspectent la coque pour y déceler d’éventuels dégâts, le déchargement de la cargaison - vingt-quatre conteneurs - du navire peut être entrepris. Le cargo reste à quai jusqu’au retour de l’expertise de sa coque. Il quittera les eaux de Saint-Barth dans la journée.
Ouverture d’une enquête
Depuis l’incident, aucun communiqué de la CMA CGM n’est venu expliquer les raisons du « tout droit » et de l’échouage dans le port. La direction de la compagnie, basée à Marseille, a déclaré au JSB que « l’armateur du navire (le Finlandais Godby Shipping Ab) et CMA CGM collaborent pleinement avec les autorités afin de déterminer les circonstances de cet accident et empêcher qu’il ne se reproduise ». Une enquête de la Direction de la mer a été ouverte dans le but de comprendre comment le cargo Mimer a pu s’échouer de la sorte.
Son arrivée à quai était programmée pour samedi matin. Comme toutes les semaines. Parti le vendredi de Phillipsburg, son port d’escale à Sint-Maarten, il devait s’ancrer au mouillage et y passer la nuit avant d’accoster et ainsi procéder au déchargement de sa cargaison. Qu’il y ait eu négligence ou erreur de navigation, la seule certitude est que l’absence d’accident grave relève du miracle. «Tout se finit bien, souffle le directeur du port. Mais on a eu de la chance que le cargo ne soit pas rentré dans les deux zones de mouillage et n’ait pas percuté de bateaux car beaucoup de gens dorment à bord. On a aussi eu de la chance qu’il n’entre pas dans la rade. Et on a encore eu de la chance qu’il n’ait pas touché les crépines d’aspiration d’eau de l’usine de dessalement. » Reste désormais à connaître les raisons de cet échouage.
Quant à Ernest Brin, il tient à adresser ses remerciements au pilote du port, Anthony Magras, « pour son aide précieuse », mais aussi à Gilles Questel « pour son aide avec le remorqueur » ainsi qu’à son homologue de Marigot, Albéric Ellis.
Production et distribution d’eau à l’arrêt |